En novembre prochain, pour la première fois, une session de formation de trois jours sera officiellement offerte aux enseignants des académies (commissions scolaires) de Paris, Créteil et de Versailles sous le thème «Littérature, théâtre et cinéma du Québec».

Une soixantaine d'instituteurs de collège et de lycée (l'équivalent, à une ou deux années près, du secondaire et du cégep) s'y sont inscrits.

Pour Pierre Brodeur, directeur du service sciences et société de la délégation générale du Québec à Paris, qui pilote ce projet, il s'agit d'une «première brèche importante», réalisée après des années de travail.

«C'est la première fois qu'on offre une telle formation, la première fois qu'on obtient un appui du ministère de l'Éducation nationale», explique-t-il.

Les oeuvres québécoises ne figurent pas au programme de français, mais rien n'empêche les enseignants de faire travailler leurs élèves sur des romans de Réjean Ducharme, Anne Hébert ou Jacques Godbout.

«Ils ont une marge de manoeuvre, ils peuvent choisir des livres québécois mais ne le font pas, résume Pierre Brodeur. L'idée est de susciter l'envie de fréquenter les oeuvres québécoises et d'influencer les habitudes d'enseignement et de lecture pour sortir du cercle vicieux qui fait qu'on ne trouve pas les livres en librairie parce que les jeunes ne les demandent pas.»

Aux yeux du délégué général du Québec, Clément Duhaime, la nouvelle formation offerte aux enseignants de la région parisienne met un terme à une situation anormale devant laquelle les autorités québécoises ont maintes fois marqué leur «étonnement» par le passé.



Les Québécois ne sont pas les seuls à mener cette bataille. Ils ont à leurs côtés des alliés français, au premier rang desquels on retrouve le député de Paris Claude Goasguen, président du groupe d'amitié France-Québec à l'Assemblée nationale.

Ces derniers mois, M. Goasguen a écrit successivement à deux ministres de l'Éducation nationale pour déplorer que la production littéraire québécoise, «illustre et riche de nombreux écrivains, poètes et chansonniers», ne trouve pas plus de place dans l'enseignement du français.