Brazzaville a mal à son pétrole
Par diplomatix, vendredi 23 septembre 2005 à 16:56 :: Espaces :: #384 :: rss
L'or noir congolais intérrese les américains. Il interresse aussi les citoyens de ce pays d'Afrique centrale qui tarde à décoller malgré ses atouts et ses richesses qui très souvent, prennent des directions obliques...La question des excédents de recettes alimentés par la hausse des prix du pétrole suscite la polémique entre le pouvoir congolais et son opposition, qui dénonce l'opacité de la gestion de ce secteur stratégique.
Depuis 2004, cette querelle est devenue l'un des sujets favoris d'affrontement politique dans ce pays classé au quatrième rang des producteurs d'or noir d'Afrique subsaharienne, et où le produit de la vente du brut nourrit les quatre cinquièmes des ressources budgétaires. Cette fois encore, la dispute est partie des rangs de l'opposition, à la faveur d'un débat particulièrement houleux qui a agité le mois dernier les bancs de l'Assemblée nationale. "L'argent que gère le gouvernement ne lui appartient pas. Il n'appartient ni aux ministres, ni au président de la République", a lancé dans l'hémicycle le député Boussou Diambou. "Or, depuis 2004, le gouvernement dépense les surplus pétroliers sans autorisation des législateurs que nous sommes, puisque aucun collectif budgétaire ne nous est présenté". Les soupçons du député ont pour origine les "aveux" de l'ex-ministre des Finances Rigobert Roger Andely. Lors de la discussion du budget 2005, M. Andely avait annoncé que le montant des excédents de recettes pétrolières pour l'année 2004 avait atteint 136 milliards de francs CFA (207 millions d'euros). Mais il avait lâché aux députés que deux "cargaisons" pétrolières, dont le produit de la vente avait été estimé entre 15 et 20 milliards de FCFA (23 et 30 millions d'euros) l'unité, n'avaient pas été déclarées. De plus, M. Andely avait jugé inutile de présenter un collectif budgétaire, certifiant qu'en accord avec le Fonds monétaire international (FMI), les surplus avaient servi au remboursement de la dette extérieure du pays. Accord formellement démenti depuis par le FMI... Comme ses collègues de l'opposition, M. Diambou est donc aujourd'hui persuadé que le gouvernement cache une partie des recettes pétrolières du pays, en dépit de son adhésion en 2004 à l'Initiative internationale sur la transparence des industries extractives (EITI). Lors du débat parlementaire du mois d'août, le nouveau ministre des Finances, Pacifique Issoïbeka, s'est une nouvelle fois attiré les foudres de l'opposition en affirmant que les excédents de recettes 2005 avaient servi à faire face aux "calamités naturelles". "Ce que le ministre des Finances appelle calamités, c'est la municipalisation du département de la Likouala, dans laquelle le gouvernement aurait englouti plus de 70 milliards de FCFA (106 millions d'euros)!", ironise aujourd'hui Boussou Diambou. Au début du mois toutefois, le gouvernement a lâché du lest en adoptant un collectif budgétaire 2005 afin de prendre en compte, selon son porte-parole Alain Akouala, "l'évolution de la situation du marché du pétrole et des perspectives qui se dessinent jusqu'à la fin de l'année". M. Akouala a annoncé à cette occasion que les "recettes pétrolières révisées s'élevaient à 1.000,544 milliards de FCFA contre 624,1 milliards de FCFA de prévision", soit un surplus non négligeable de 376,444 milliards de FCFA (573 millions d'euros). La discussion d'ici quelques semaines, devant l'Assemblée nationale, de ce collectif budgétaire s'annonce, une fois de plus, très agitée.
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