Une photo d'un peu de béton pourri dans le désert, c'est le résultat concret, au Burkina- Faso, des millions récoltés dans les années 1990 en Belgique par une asbl humanitaire. La justice belge s'est intéressée au scandale: le 21 décembre 2000, le parquet de Louvain confirmait l'inculpation de neuf Belges et d'un Ivoirien. Le dossier était fin prêt. Quatre ans et demi après, les dix inculpés - parmi lesquels deux avocats - ne sont pas jugés.Le Burkina-Faso s'étonne. L'argent de Belgique devait servir à la construction d'un lycée technique dont le chantier, comme le montre la photo, s'est arrêté à vingt-huit briques, quatre piliers et un morceau de châssis. Qu'est devenu l'argent?Au Burkina, les gens de Garango se sentent humiliés. Ils nous le disent.Ils nous l'écrivent. Pour eux, des Belges et notamment des religieux se sont rempli les poches en se fichant d'eux qui n'avaient rien. Ils voudraient que les choses n'en restent pas là.Ils demandent au procureur du Roi de leur dire où en est ce dossier depuis cinq ans. Ils demandent que les coupables soient poursuivis et punis. Pour ce qu'ils ont fait. Et pour dissuader d'autres escrocs de les imiter.En cause, l'ABBD, Association belgo-burkinabé pour le développement, sur laquelle la justice enquête depuis juillet 1998. En 2000, après deux ans, l'instruction aboutissait à la mise en cause de dix suspects liés au projet. Deux religieuses: les soeurs Maria et Florentine; deux avocats bruxellois: Me Charles P. et son confrère Jimmy V., 49 ans, de Saint-Josse; un directeur de banque: Paul D.; un ingénieur, Jean E.; un fonctionnaire ivoirien: Justin Z.; une infirmière: Rita F.; son mari, V.Tous inculpés de: faux, usage, détournement, association de malfaiteurs. V., qui dirigeait l'asbl, est encore inculpé d'avoir menacé de mort soeur Maria. Parmi les malversations, un faux prêt de 5 millions -125.000 euros d'aujourd'hui- à l'asbl ABBD.Il s'agissait de construire un centre d'enseignement technique à Boura-Garango (province de Bulgou, à 150 km d'Ouagadougou). Le projet qui était l'espoir de la région, et pour lequel des Belges ont ouvert leur portefeuille, ce projet n'a jamais vu le jour: vingt-huit briques, quatre piliers et un morceau de châssis. Au Burkina, une association, les Amis du Sahel, accuse: l'argent a été détourné.Un autre volet de l'affaire a débouché, à Bruxelles, sur le scandale de SOS Sahel qui a été jugé - avec Michel Nihoul qui fut condamné.Au parquet de Louvain, on fait savoir que le dossier ABBD a été joint à un autre qui explique le retard.Entre-temps...Le fonctionnaire ivoirien, Justin Z., habitait avenue de Crainhem à Woluwe-Saint-Lambert. Nous avons vérifié. Et constaté sans surprise que Justin s'était volatilisé. Un voisin explique que l'intéressé n'a plus été vu à l'adresse depuis trois ans. Mais du courrier continue d'arriver à son nom. Du courrier que le voisin réexpédie à La Poste, en précisant: « N'habite plus ici depuis des années». Gilbert Dupont / © La Dernière Heure (17/09/2005).Dans le même pays...On nous annonce la mise en place d’un service volontaire civil en coopération au développementLe Conseil des Ministres a en effet approuvé ce vendredi 9 septembre le projet d'arrêté royal instituant un service volontaire d'utilité collective en coopération au développement.Il s’agirait d’un projet initié par le Ministre de la Coopération au développement, Armand De Decker, suite à la catastrophe du tsunami et à l’élan de solidarité de la population en général, de la jeunesse en particulier.Pour Armand De Decker, la mise sur pied d'un service volontaire dans le domaine de la coopération au développement répond à un triple objectif :§ permettre aux jeunes de se mettre utilement à la disposition des pays en voie de développement ; § donner l'occasion aux jeunes d'acquérir une première expérience professionnelle en matière de coopération au développement ; § sensibiliser plus en profondeur l'ensemble de la population belge à la problématique du développement.Les candidats devront être âgés de 20 ans minimum et de 30 ans maximum. Après une épreuve de sélection, ils suivront une formation organisée par la Coopération Technique Belge (CTB). Notre analyse:Il y a très certainement un agenda caché derrière le projet de Mr De Decker. Nous lui avons envoyé trois courriels restés sans réponse à ce jour sur le sujet du service civil. Nous entendons souvent parler de coopération; il aurait fallu entendre collaboration au développement. Derrière tous ces projets, quels objectifs secrets? Tourisme, emploi? Que vont bien pouvoir enseigner des jeunes de 20 ans aux populations africaines? Le gouvernement belge ne se fout-elle pas de l'Afrique (un peu)?La rédaction