La recréation est terminée. A partir d’aujourd’hui, tous ceux qui sont dans l’illégalité n’ont qu’à fermer boutique d’eux-mêmes, avant que la Force publique ne le fasse pour eux !». Telle est la substance du message co-délivré par les présidents des ordres nationaux des médecins et des pharmaciens du Congo-Brazzaville, le professeur Hervé Iloki et le docteur Hyacinthe Ingani, à l’issue d’une conférence de presse conjointe organisée le 11 novembre à l’hôtel Le Méridien de Brazzaville.



Les deux ordres ont établi un constat d’échec dans leurs secteurs respectifs : aucune amélioration significative de la situation réglementaire n’a été observée. Les actes médicaux et pharmaceutiques continuent à être posés n’importe où et par n’importe qui. Conséquence : une situation sanitaire catastrophique de la population, livrée sans défense aux marchands de la mort.



«Chaque jour au centre hospitalier universitaire de Brazzaville (CHU), nous assistons à des situations dramatiques qui auraient pu être évitées. Ces situations interpellent notre conscience et notre responsabilité. C’est pourquoi ensemble nous disons trop c’est trop !».



Selon le président de l’ordre des médecins du Congo, c’est l’exercice «illégal» de la médecine qui est à la base de cette situation. La profession, d’après lui, est pourtant strictement réglementée par une batterie de textes juridiques. Les dispositions les plus importantes étant que l’exercice libéral de cette profession est réservée aux nationaux diplômés en médecine, après agrément de l’ordre national des médecins sanctionné par arrêté du ministre de la santé.



«Les choses sont très claires. Il n’y a qu’à appliquer la loi», affirme le professeur Iloki.



A Brazzaville par exemple, sur environ 400 médecins, il n’y aurait que 60 agréés. A Pointe Noire, la situation serait pire, puisqu’il n’y aurait que 30 médecins reconnus par l’ordre national. Sans compter l’exercice du métier par les étrangers. D’où une anarchie qui ne garantit aucune sécurité aux malades.



Le président de l’ordre des pharmaciens est en proie au problème de la vente illégale des médicaments, aussi bien dans les marchés qu’à même la rue. Dans la capitale, une étude récente a montré l’existence de 460 étalages pharmaceutiques au marché Total à Bacongo et 300 au marché Miadeka à Ouenze. En toute illégalité.



A ces dérives s’ajoute l’immixtion des ONG dans le domaine pharmaceutique et médical. La pauvreté des populations, le manque d’information et le problème global de la gouvernance de l’Etat, ont reconnu les présidents des deux ordres, constituent des facteurs aggravants de la situation sanitaire au Congo.



Outre l’opération coup de poing contre les illégaux qu’ils ont décidé de lancer avec les forces de l’ordre, les présidents des ordres des médecins et des pharmaciens se proposent de lever en urgence l’interdiction qui leur est faite par les pouvoirs publics de prescrire des médicaments génériques aux malades.