Novembre 2002. En quelques mois, un virus inconnu venu de Chine infecte neuf mille personnes, entraînant le décès de huit cents d'entre elles. La peur du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) se répand sur la planète en même temps que l'agent responsable de l'affection.

De nombreux cas se déclarent chaque jour dans le sud de la Chine, une région qui, selon le Pr Guan, chargé du dossier, réunit toutes les conditions pour le développement de nouveaux virus. La concentration humaine y est la plus importante au monde, tout comme la proximité entre hommes et animaux tant domestiques que sauvages. Cette promiscuité favorise, en effet, la propagation et la mutation des micro-organismes.

Le virologue doit donc agir au plus vite pour isoler le virus, trouver sa provenance et son mode de transmission. Il soupçonne les civettes d'élevage clandestin - des rongeurs sauvages très prisés par les Chinois - d'être le réservoir naturel de l'agent du Sras.

Finalement, le responsable de cette maladie infectieuse grave, la première à émerger en ce début du XXIe siècle, est identifié : il s'agit d'un coronavirus à fort potentiel de mutation. Grâce à une mobilisation internationale sans précédent, déclenchée en mars 2003 par l'OMS, l'épidémie a pu être jugulée par des mesures d'isolement et de quarantaine. Mais la menace demeure, car en Chine rien n'a changé. Le Sras reviendra. Reste à savoir quand.

Entre-temps, il a fait resurgir le spectre de la grippe espagnole, d'autant plus qu'en Afrique le virus Ebola provoque lui aussi des ravages. Les risques d'une nouvelle pandémie sont donc pris très au sérieux.

Partout dans le monde, des chercheurs traquent les virus et étudient leurs hôtes naturels afin de développer un arsenal thérapeutique efficace tout en essayant d'éviter la transmission à l'homme. En approfondissant leurs connaissances, ils espèrent aussi pouvoir utiliser certains d'entre eux, notamment dans le traitement du cancer ou de maladies neurologiques graves.

Beatriz Loiseau