Sécessionnistes anglophones: Qu'estdevenu Daniel Fonkoua?
Par diplomatix, mardi 12 septembre 2006 à 18:23 :: Général :: #1341 :: rss
A l’approche de la date fatidique du premier octobre, les provinces à majorité anglophone du Nord Ouest et du Sud Ouest sont sous haute surveillance. Les autorités policières et administratives redoutent une montée en puissance des activistes du SCNC qui réclament l’indépendance de l’ex-Cameroon Occidental.
Fojrega
Le premier octobre prochain, date anniversaire de la réunification entre le Cameroun francophone et anglophone, le SCNC entend manifester pour exiger la séparation des deux entités. Les séparatistes, très minoritaires dans le pays, se disent toutefois sereins et prêts pour la célébration de l’indépendance du mouvement le 1er octobre prochain.
Déjà Le 2 mai dernier, pour avoir tenu une réunion interdite, des dizaines de militants du Southern Cameroun National (mouvement sécessionnistes) ont été interpellés dans la province anglophone du Nord-Ouest du Cameroun
Soixante-cinq militants sécessionnistes anglophones camerounais avaient été interpellés à Oku, dans la province anglophone du Nord-Ouest (500 km de Yaoundé), pour avoir tenu une réunion interdite par les autorités. Les militants du Southern Cameroon National Council (SCNC) ont été arrêtés alors qu'ils étaient réunis au domicile privé d'un des membres de l'organisation à Oku. Parmi eux se trouvaient le président du mouvement pour la province du Nord-Ouest Hitler Mbinglo, son adjoint Henry Nya, ainsi que le secrétaire adjoint à l'organisation Fidelis Chinkwo. Mouvement illégal au Cameroun, le SCNC réclame depuis sa création au début des années 1990 l'indépendance des deux provinces à majorité anglophone du Cameroun, celles du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Ses militants sont régulièrement arrêtés et jugés par la justice camerounaise Le 24 septembre 2005, un émissaire du chef de l’Etat camerounais avait séjourné dans les provinces anglophones du pays, majoritairement acquis à l’opposition, pour demander aux populations de contrecarrer toute velléité de nuisance du Scnc, la Southern Cameroons National Council, le mouvement sécessionniste qui projette des manifestations pour le 1er octobre prochain.
On se souvient de la même période de l’année dernière. Un militant sécessionniste anglophone camerounais avait été torturé à mort dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo. Selon le SCNC, George Shinyuy est décédé dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo, où il avait été interpellé le 10 septembre 2005. Selon sa famille, la victime présentait des blessures ouvertes aux pieds et à la tête, témoignant d’actes de torture, a précisé un représentant de ce mouvement toujours interdit par les autorités camerounaises.
George Shinyuy avait été interpellé dans le cadre des mesures prises par les autorités pour arrêter les préparatifs des manifestations du 1er octobre, date à laquelle le SCNC voudrait, pour l’énième fois, proclamer l’indépendance du Cameroun anglophone. L’an dernier, la gendarmerie avait durement réprimé une manifestation du SCNC à Kumbo. Le SCNC milite pour que la minorité anglophone du Cameroun bénéficie d’une plus grande autonomie et pour que les deux provinces anglophones, celles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, accèdent à l’indépendance. Le 1er octobre 1961, les provinces anglophones avaient obtenu l’indépendance et rejoint les régions francophones dans un État fédéral. En 1972, les institutions fédérales camerounaises ont été remplacées par un État unitaire, dans lequel la communauté francophone est prédominante. Chaque année, autour du 1er octobre, des groupes politiques appellent à manifester dans les provinces anglophones pour dénoncer leur marginalisation au sein de la politique nationale et revendiquer plus de droits politiques. Les autorités ont attribué au SCNC et à la Southern Cameroons Youth League (SCYL, Ligue des jeunes du Cameroun méridional), organisation affiliée au SCNC, la responsabilité d’attaques armées qui avaient fait 10 morts, dont trois gendarmes, dans la province du Nord-Ouest, en mars 1997.
Qu’est devenu Daniel Fonkoua ? Militant des droits de l’homme, il est porté disparu depuis son arrestation. Fils spirituel et collaborateur d’Albert Mukong, grande figure du mouvement anglophone aujourd’hui disparue, militant des droits humains et ancien directeur du Human Rights Defence Group. Daniel Fonkoua ? Militant du SDF et activiste du Southern National Cameroon Council, ce commerçant d’une quarantaine d’années est porté disparu depuis le début de l’année. Pour des raisons liées à son implication dans le mouvement sécessionniste du SCNC, les forces combinées de police et de gendarmerie avaient alors fait irruption à son domicile et l’avaient emmené pour une destination encore inconnue jusqu’à ce jour. A l’approche du premier octobre, date anniversaire la réunification des deux Cameroun, les forces de l’ordre sont sur les dents. Récemment, ils sont revenus à la charge dans les magasins de Daniel Fonkoua, pour, ont-ils prétendus de source policière, rechercher des documents compromettants et des tracts appelant à l’indépendance de l’ex-Cameroon occidental. Comme à l’accoutumée, ils n’y sont pas allés de main morte, saccageant tout dans les magasins : équipements et installations commerciales. Arrêté pour une première fois l’année dernière avec George Shinyuy, un autre militant sécessionniste anglophone, ils furent torturés à mort dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo (500 km à l’ouest de Yaoundé) où Fonkoua s’était retrouvé pour des transactions commerciales Selon le SCNC, George Shinyuy est décédé dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo, où il avait été interpellé le 10 septembre 2005. Selon sa famille, la victime présentait des blessures ouvertes aux pieds et à la tête, témoignant d’actes de torture, a précisé un représentant de ce mouvement toujours interdit par les autorités camerounaises. George Shinyuy et Daniel Fonkoua avait été interpellé dans le cadre des mesures prises par les autorités pour arrêter les préparatifs des manifestations du 1er octobre, date à laquelle le SCNC voudrait, pour l’énième fois, proclamer l’indépendance du Cameroun anglophone. Si Daniel Fonkoua avait eu la vie sauve après plusieurs semaines de tortures, sa maison fut totalement consumée dans les flammes allumées par les forces de l’ordre qui l’y avait conduits pour une perquisition. Mais cette fois ci, sa famille craint pour sa vie, d’autant plus que certains membres de la famille viennent d’être embastillé à quelques semaines de la date fatidique du premier octobre. Déjà sept membres du SCNC sont détenus sans inculpation au poste de gendarmerie de Mamfe, dans la province du Sud-Ouest. L’année dernière, Amnesty International avait alors estimé qu’ils “risquent d’être soumis à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements.” Agbor Nfaw Joseph, Enow John Enow, Daniel Fonkoua, Tabe Daniel Agbor, Tambe Atem Valery et Ojong Samuel Ndip, qui sont tous membres du SCNC, avaient une fois de plus été arrêtés le 27 septembre. L’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) affirme de son côté que dans la nuit du 10 septembre ont aussi été arrêtés à Kumbo, Nchendze Henry, Edwin Limfouyuy, Jumrau Joseph, Kombau Thomas et Kouguso Tobias. Toutes ces personnes auraient été transférées à la prison de Bafoussam (Ouest) et présentées devant un tribunal militaire Plusieurs fois arrêté aux coté de Albert Mukong, ancien directeur du Human Rights Defence Group (Groupe de défense des droits de l’homme) et défenseur des droits humains respecté, Daniel Fonkoua paye ainsi le prix de son activisme et de sa soif de liberté pour toute une communauté prise en otage à cause de la différence de la langue. Daniel Fonkoua est aujourd’hui considéré comme un prisonnier d’opinion. " Cet homme est détenu uniquement pour avoir pris ouvertement position en faveur du droit à l’autodétermination des provinces anglophones du Cameroun et servi de conseiller au Southern Cameroons National Council (SCNC, Conseil national du Cameroun méridional), qui mène campagne pour l’autodétermination de la minorité anglophone du pays ", a indiqué l’organisation camerounaise de Défense des Droits Humains. L‘ACDJ a déclaré dans un communiqué : " Nous craignons que ces personnes n’aient été appréhendées au seul motif de leurs activités politiques pacifiques. Il se peut que d’autres membres du SCNC aient également été arrêtés ces dernières semaines pour les mêmes raisons, dans d’autres régions du Cameroun. Nous prions instamment les autorités camerounaises de relâcher tous les détenus qui ne sont pas inculpés d’une infraction prévue par la loi ", En vertu de la législation camerounaise, toute personne arrêtée doit être présentée à une autorité judiciaire, pour être inculpée ou remise en liberté, au cours des soixante-douze heures consécutives à son interpellation. Jusqu’à présent, aucune charge n’a été retenue contre les détenus précédemment cités. " Le gouvernement camerounais se doit de respecter les droits à la liberté d’expression et d’association. Une personne qui exerce ces droits ne doit en aucun cas être arbitrairement détenue. Elle doit être présumée innocente tant qu’elle n’a pas été jugée et jouir de ses droits à consulter rapidement un avocat de son choix, à bénéficier d’un procès équitable et public devant un tribunal indépendant et à interjeter appel de la déclaration de culpabilité et de la peine ", a conclu l’ACDJ.
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