Les Garifunas revivent leur arrivée au Honduras
Par guyzoducamer, mardi 29 mai 2007 à 00:42 :: Histoire :: #1964 :: rss
Photos et texte:
Ninfa Arias
--Les yurumi conduisent les habitants dans un lieu sûr --C’est le groupe ethnique qui conserve sa langue et ses traditions vivantes --Le chômage et l’investissement public et privé "châtie " les noirs
Publié le Dimanche 20 Mai 2007
Triunfo de la Cruz, Tela, ATLANTIDA.- Enveloppés de feuilles, portant des masques et voguant allègrement dans des pangas (petites embarcations), les garifunas sont arrivés sur les côtes caribéennes du Honduras, un évènement qui a de nouveau été reconstitué dans le cadre des 210 ans de présence noire dans le pays.
Durant le rituel, les femmes mettent de l'encens sur les tambours.
La cérémonie rituelle a regroupé plus de cinquante organisations centre américaines de populations garifunas, concentrées sur les plages de la douane à Triunfo de la Cruz, de même qu’à Punta Hisopo, avec pour scène ce beau site où la montagne rejoint les eaux bleues cristallines de la mer.
La journée était splendide, très ensoleillée, la mer était "hachée", comme on dit sur la côte lorsqu’il y a une montée d’eau subite. Symboliquement, les matelots garifunas ont débarqué sur la côte, où les autres populations garifunas les attendaient au son des tambours et au rythme contagieux de la punta.
Les femmes étaient pieds nus et en dentelles, balançant les hanches d’un côté puis de l’autre, le visage souriant, élevant au ciel leur remerciement aux ancêtres pour être arrivés dans un endroit sécuritaire.
Autre élément du rite culturel, les femmes garifunas et les enfants offraient à leurs ancêtres les branches de manioc, de cocotier et des paniers de poissons –qui représentent la base fondamentale de l’alimentation garifuna- tandis que les hommes, enveloppés de feuilles de bananier plantain et portant des masques exécutaient la danse guerrière dénommée : wranara -ga- yancunú, celle que danse le yurumi, soit l’homme de feuilles.
Les femmes et les enfants attendent patiemment l'arrivée de leurs frères sur les bords de la mer.
La légion de garifunas répétait en leur langue : "gun datua Lou wafeduhañen lan bian sun-disi irumu luma giñe haclülürum garinagu indron", ce qui signifie en français : "nous sommes heureux de célébrer les 210 années de l’arrivée des garifunas au Honduras.
A peine les personnes à bord des embarcations avaient débarqué que le carnaval démarrait au rythme de la punta et, sous forme de procession, les noirs parcoururent la localité en chantant et en dansant, comme de véritables guerriers pour garder leur culture vivante.
"Pantatiwa lou anichigu", criaient également les noirs. Cette phrase signifie nous sommes fiers de la culture garifuna. Et ainsi, entre le battement rythmique des tambours, leurs danses et leurs déguisements, les afrodescendants "re-vécurent" leur arrivée au Honduras, quand ils avaient fui l’esclavage auquel on voulait les soumettre à Saint Vincent (San Vicente).
Le 12 avril 1793 les yurumi, issus du groupe de 5 800 noirs déportés de San Vicente parce qu’ils ne voulaient pas se soumettre aux nouvelles formes de l’esclavage, arrivèrent au Honduras, plus précisément à Punta Hisopo. Et en 1796, la communauté s’établit à Punta Gorda, Roatán. Les garifuna ne se laissèrent jamais soumettre à l’esclavage.
Les drapeaux des communautés sont agités à la vue des embarcations.
L’artiste Crisanto Meléndez explique que cet événement commémore la date de leur déportation de San Vicente, lorsqu’ils perdirent la guerre conte les britanniques qui les craignaient car ils ne s’étaient jamais laissés soumettre à l’esclavage.
Il a également indiqué qu’il y a une grande différence entre les noirs du Honduras et ceux du reste de l’Amérique, et que la culture garifuna qui se conserve tout au long de la côte caribéenne vit en harmonie avec la nature.
"Par le biais de cette cérémonie, nous avons remercié nos ancêtres qui sont morts pour nous, en nous souvenant que nous devons toujours vivre avec ce courage. Entre nous, il n y a pas de violence, et nous croyons au dialogue ", a-t-il précisé.
Crisanto se plaint du fait que, malgré la présence de noirs ayant des capacités, des espaces de décision ne leur sont pas réservées et on peut bien être très philosophe, mais la société nous verra toujours comme des noirs.
Le dirigeant de l’Organisation de Développement Communautaire (ODECO), Celeo Alvarez Casildo a indiqué que au-delà de la cérémonie, les populations se sont rassemblés pour organiser et analyser le document d’évaluation des avancées et des défis du bicentenaire de la présence des garifuna au Honduras, qu’ils ont envoyé au Président de la République lors des cérémonies commémoratives.
"Nous recherchons la visibilisation des garifunas, un espace de réflexion et de sensibilisation de la classe politique et économique qui détient les destinées du pays pour que les communautés puissent avoir une place dans l’agenda et dans les décisions politiques et économiques.
De cette manière, le bicentenaire ne fut pas seulement un espace pour danser et jouir des traditions garifunas, mais également un lieu de réflexion et de propositions de solutions pour faire face aux problèmes des garifunas.
Les défis sont l’inclusion égalitaire, l’accès à la santé, l’éducation, la participation économique, le développement de la petite et de la moyenne entreprise et l’emploi.
La pauvreté est omniprésente au sein des communautés du Honduras, dans lesquelles par exemple à el Triunfo de la Cruz, ils manquent d’eau potable et d’eaux noires, ce qui rend la santé des habitants précaire.
Cependant, ils reconnaissent qu’il y a 10 ans, ils n’étaient pas représentés au Congrès National, comme c’est actuellement le cas avec Dayana Martínez Burke, Rubén García et Aurelio Martínez Suazo.
"En matière d’éducation nous avons plus de professionnels à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Étant donné que l’éducation est le facteur fondamental pour le développement des populations, nous avons donc l’espoir que nos populations se développent ", a déclaré Alvarez Casildo.
Dans les communautés noires, les niveaux d’emploi sont évidents, il n y a ni l’investissement public ni l’investissement privé. Leur seule activité est l’exploitation du tourisme, car ils disposent des meilleures côtes du Honduras.
Traduit de l’Espagnol par Guy everard Mbarga
http://www.latribuna.hn/news/164/ARTICLE/9778/2007-05-20.html
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