Sont écartés, pour le moment, les auteurs qui ont ou ont eu une activité politique de premier plan, tels Nelson Mandela, Amilcar Cabral, Kwame N'Krumah, Léopold Sédar Senghor, et dont je reparlerai ultérieurement.

Ceux qui suivent, sont considérés comme les incontournables, et ils sont classés, non par ordre d'importance (ils le sont tous), mais en fonction de leur année de naissance (et bizarrement ce sont les plus jeunes qui ont disparu).

Que ceux qui ne connaissent pas ces « dinosaures », s'empressent de les découvrir pour le plus grand bien de l'Afrique : leurs écrits restent d'une actualité à faire pâlir la vingtaine d'auteurs prometteurs, que j'évoquerai dans mon prochain message.



Aimé Césaire (1913- ) :

Né le 26 juin 1913 au sein d'une famille nombreuse de Basse Pointe (Martinique), Aimé Césaire, élève brillant du Lycée Schœlcher de Fort-de-France, poursuit ses études secondaires en tant que boursier du gouvernement français au Lycée Louis Le Grand, à Paris. Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, fonde avec d'autres étudiants antillo-guyanais et africains (Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal « L'Étudiant noir ». C'est dans les pages de cette revue qu'apparaîtra pour la première fois le terme de « négritude », concept forgé en réaction à l'oppression culturelle du système colonial français, visant à rejeter d'une part le projet français d'assimilation culturelle et d'autre part la dévalorisation de l'Afrique et de sa culture. Admis à l'École Normale Supérieure en 1935, Aimé Césaire, agrégé de Lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner au Lycée Schœlcher. Césaire est élu maire de Fort-de-France en 1945 à 32 ans (il y restera pendant 56 ans). L'année suivante, il est élu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale, où il fera des colonies de Guadeloupe, Guyane, Martinique et la Réunion, des départements français (il conservera son mandat de député pendant 48 ans). Aimé Césaire fonde à Paris, la revue « Présence Africaine », aux côtés du sénégalais Alioune Diop, et des guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien. Cette revue deviendra ensuite une maison d'édition qui publiera plus tard, entre autres, les travaux de l'égyptologue Cheikh Anta Diop (voir ci-dessous). Révolté par la position du Parti Communiste Français face à l'invasion soviétique de la Hongrie en 1956, Aimé Césaire publie une « lettre à Maurice Thorez » pour expliquer les raisons de son départ du Parti. En mars 1958, il crée le Parti Progressiste Martiniquais (PPM). Une trentaine d'ouvrages lui ont été consacrés ou à son oeuvre. Il vit toujours aujourd'hui, et à 92 ans fait encore parler de lui, en ayant refusé de recevoir Nicolas Sarkozy en Martinique en Décembre 2005.


L'essentiel de sa bibliographie :
Cahier d'un retour au pays natal (39)

Discours sur le colonialisme (50) Réclame

Lettre à Maurice Thorez (56) Présence africaine

Toussaint Louverture : la révolution française et le problème colonial (60) Club français du livre

Nègre je suis, nègre je resterai (05) Albin Michel


Pour approfondir :

http://www.cesaire.org

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/cesaire.html

http://www.afriqueweb.net/ecrivains/aime_cesaire/index.php




Joseph Ki-Zerbo (1922- ) :

Né le 21 juin 1922 en Haute-Volta (Burkina), il passe son baccalauréat à Bamako (Mali), et ses notes excellentes lui valent une bourse d’études, où il poursuit des études d'histoire à la Sorbonne à Paris de 1949 à 1953. Il est diplômé de Sciences Po Paris de 53 à 55 et devient le premier africain agrégé d’histoire à la Sorbonne en 1956. De 56 à 63, il enseigne l’histoire à Orléans puis à Paris, puis à Dakar (Sénégal) en 57, Conakry (Guinée) et Ouagadougou (Burkina). En 1957, il entre en politique en créant le MLN (Mouvement de libération nationale), qui mène campagne dans plusieurs pays d’Afrique occidentale. En 1972, paraît sa célèbre Histoire de l’Afrique noire, des origines à nos jours qui devient l’ouvrage de référence en histoire africaine. Il y réfute la description - alors courante en Europe - de l’Afrique comme un continent sans culture et sans histoire. Exilé de nombreuses années à Dakar (de 83 à 92), suite à une condamnation par un tribunal populaire révolutionnaire, il revient au Burkina Faso en 1992. Il a été, tour à tour, membre du conseil exécutif de l’Unesco, professeur d’histoire à l’Université de Dakar, directeur du Centre d’études pour le développement africain (CEDA) de Ouagadougou, homme politique, ministre et député à l’Assemblée nationale du Burkina Faso.


L'essentiel de sa bibliographie :

Le monde africain noir (64) Ceda-Hatier

Histoire de l'Afrique Noire (72 et 78) Hatier

Eduquer ou périr (90) L'Harmattan

La natte des autres, pour un développement endogène (91) Codesria, Karthala

Compagnons du soleil (92) La Découverte

Histoire générale de l'Afrique (98) Unesco, Présence africaine

A quand l'Afrique ? (03) Les Editions de l'Aube


Pour approfondir :

http://www.enda.sn/kizerbo.htm

http://www.ibe.unesco.org/publications/ThinkersPdf/kizerbof.PDF




Cheikh Anta Diop (1923-1986) :

Né au Sénégal en 1923, il obtient ses baccalauréats de philosophie et de mathématiques en 1945, à Dakar, puis se rend à Paris en 1946 pour poursuivre des études supérieures de sciences et de lettres au cours desquelles il reçut les enseignements de Gaston Bachelard en philosophie. A partir de 1956, il enseigne la physique et la chimie aux lycées Voltaire et Claude Bernard à Paris, avant son retour définitif au Sénégal en 1960. Il est nommé à l’IFAN où il poursuit ses recherches. En 1966, il partage avec feu le professeur William Edward Burghardt Dubois (1868-1963), le prix du premier Festival des arts nègres, récompensant l’écrivain qui a exercé la plus grande influence sur la pensée nègre du XXe siècle. Cheikh Anta Diop est décédé le 7 février 1986 à Dakar. Une quinzaine d'ouvrages lui ont été consacrés ou à son oeuvre.


L'essentiel de sa bibliographie :

Nations nègres et cultures (54) Présence africaine

Alerte sous les tropiques, culture et développement en Afrique noire (56) Présence africaine

L'unité culturelle de l'Afrique noire (59) Présence africaine

Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur état fédéral d'Afrique noire (60) Présence africaine

L'Afrique noire précoloniale (60) Présence africaine

Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? (67) Présence africaine

L’antiquité africaine par l’image (76) Nouvelles Éditions Africaines, Dakar

Civilisation ou barbarie (81) Présence africaine


Pour approfondir :

http://www.grioo.com/info7.html

http://www.ankhonline.com/cheikh.htm

http://www.ucad.sn/article.php3?id_article=16




Frantz Fanon (1925-1961) :

Né le 20 Juillet 1925 à Fort de France en Martinique, Frantz Fanon est élève d'Aimé Césaire au lycée Schoelcher, où il obtient son bac en 1945. Alors que la France est occupée, il rejoint la résistance en Dominique. Bléssé et incarcéré en Allemagne, il sera décoré à la fin de la guerre. Il gagne la France pour suivre des études de médecine à Lyon, puis il se spécialise en psychiatrie. S'il préfère l'analyse tiers-mondiste au concept de la négritude, Fanon n'en demeure pas moins un révolutionnaire. Il s'engage en Algérie à partir de 1953 en luttant avec le FLN. Médecin-chef à la clinique psychiatrique de Blida, il collabore avec le journal El-Moudjahidin avant d'être expulsé par les autorités françaises en 1957. Mais il se réfugie en Tunisie, d'où il poursuit son combat. Il meurt en le 6 Décembre 1961 à Wachington d'une leucémie et sa dépouille est ramenée, selon ses voeux, en Algérie, sa patrie d'adoption. Fanon a influencé les Black Panthers, Che Guevara, Steve Biko, les résistances palestinienne et algérienne, et l’ensemble du mouvement anticolonial et tiers-mondiste. Près d'une quinzaine d'ouvrages lui ont été consacrés ou à son oeuvre.


L'essentiel de sa bibliographie :

Peau Noire, Masques Blancs (52) Le Seuil

L’an V de la révolution algérienne (59) Le Seuil

Les damnés de la terre (61)

Pour la révolution africaine (64)

Sociologie d’une révolution (66) réédition sous ce titre de l'an V de la révolution algérienne


Pour approfondir :

http://www.grioo.com/info19.html

http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=515




Alexandre Biyidi Awala dit Mongo Beti (1932-2001) :

Né au Cameroun le 30 Juin 1932, il obtient son baccalauréat A (littéraire) en 1951 avant d'arriver en France en Novembre 1951. Inscription à la Faculté des lettres d'Aix-en-Provence puis à la Sorbonne à Paris. Professeur agrégé de Lettres classiques, il a enseigné au Lycée Corneille de Rouen de 1965 à 1993. Directeur de la revue Peuples noirs, peuples africains qu'il a fondée en 1978, puis retour au Cameroun en 1991 après 32 ans d'exil et promoteur de la librairie des Peuples Noirs. Il est le premier à avoir révélé au grand jour la « mafia foccartiste en Afrique » et son arme la plus redoutable « le silence ». Il est aussi le premier dans ce combat à avoir obtenu que la justice blâme sans ménagement l'État français lors de la tentative en 1972 du ministre de l'Intérieur Raymond Marcellin de censurer la parution de « Main basse sur le Cameroun ». Pour circonscrire cet écrivain impossible à compromettre ou à manipuler, Raymond Marcellin tenta de lui retirer sa nationalité française. Dix ans plus tard Paul Biya, tentera à son tour de lui ôter sa nationalité camerounaise. Mongo Beti avait promis d'être de retour au Cameroun le jour où un organe de presse lui permettrait de déclarer son opposition totale à un pouvoir à la solde d'une « France contre l'Afrique ». L'héroïque journal camerounais « Le Messager » de Pius Njawé lui a apporté cette assurance. Malgré les humiliations, les intimidations et les violentes agressions en plein jour, Mongo Béti demeurera jusqu'à sa mort (à Douala le 7 Octobre 2001) auprès de ses amis voués à la construction du Cameroun. A la mort de François-Xavier Vershave en Juin 2005, c'est Odile Tobner Biyidi (épouse de Mongo Béti) qui devient la nouvelle présidente de l'association Survie.


L'essentiel de sa bibliographie :

Main basse sur le Cameroun : autopsie d'une décolonisation (72) Maspero

Les langues africaines et le néo-colonialisme en Afrique francophone (82)

Lettre ouverte aux Camerounais, ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobé (86) Peuples noirs

Dictionnaire de la négritude (89) L'Harmattan avec Odile Tobner

La France contre l’Afrique : retour au Cameroun (93) La Découverte

Africains, si vous parliez (05) Homnisphères


Pour approfondir :

http://www.grioo.com/info14.html

http://www.arts.uwa.edu.au/mongobeti

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Beyidi




Bien qu'américains, on pourra s'intéresser utilement à trois auteurs considérés comme les pères du panafricanisme :

William Edward Burghardt Dubois (1868-1963)

http://www.grioo.com/info68.html


Marcus Mosiah Garvey (1887-1940)

Georges Padmore (1901-1959)