Réflexions et ... digressions
Par hbg, jeudi 13 avril 2006 à 16:32 :: Réflexions et ... digressions :: #931 :: rss
L'affaire des visas de Biélorussie
L'Europe coupe les vivres au Hamas
Les évènements du Tchad
L'affaire des visas de Biélorussie
Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Union européenne ont approuvé lundi, à leur rencontre de Luxembourg, une « liste noire » de 31 personnalités officielles biélorusses interdites d’entrée dans les Etats de l’UE au cours des 12 prochains mois, dont le président Alexandre Loukachenko, ainsi que le président du KGB, quelques ministres (Justice, Information, Education), le procureur général, le président de la chambre basse du parlement et le chef de l’administration présidentielle.
Les députés du parlement européen, très zélés, ont proposé de porter cette liste à quelques centaines de noms, et ceci pour exprimer son désaccord avec les résultats de l’élection présidentielle en Biélorussie, en accusant les autorités biélorusses de n’avoir pas respecté les normes démocratiques internationales lors de la campagne électorale.
Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’UE peuvent également décider, si elles le souhaitent, de bloquer les avoirs des fonctionnaires biélorusses à l’étranger.
Pendant ce temps, de nombreux dictateurs africains qui respectent les normes démocratiques internationales (en organisant des élections qu'ils gagnent toujours - sinon ils s'en passeraient -), tels Biya, Bongo, Eyadéma, Sassou N'Guesso, Déby, Compaoré, Conté... pour ne citer que ceux-là, continuent d'aller et venir en Europe sans problème particulier et de gérer leurs affaires personnelles tout aussi, sans souci (il est vrai que la Suisse ne fait pas partie de l'UE).
L'Europe coupe les vivres au Hamas
De même, emboîtant le pas aux Etats-Unis, les mêmes ministres européens des Affaires étrangères ont donné leur accord, à la suspension de l'assistance financière européenne au gouvernement palestinien, passé aux mains du Hamas. De plus, les 25 ont également décidé de suspendre, chacun de leur côté, leur aide directe à l'Autorité palestinienne.
Parce que les salaires de 130 000 fonctionnaires palestiniens étaient menacés, voici ce qu'ont déclaré certains ministres européens :
«Nous allons faire en sorte que les médecins et les enseignants soient payés : c'est de l'aide humanitaire au sens large», a précisé Karel de Gucht, le ministre belge des Affaires étrangères.
«Attention : il n'est pas question que nous payions les salaires du gouvernement Hamas», a ajouté son homologue néerlandais, Bernard Bot.
«L'aide nécessaire aux besoins vitaux du peuple palestinien sera maintenue, notamment ce qui relève de la santé», a assuré le ministre français des Affaires européennes, Catherine Colonna.
Ces dernières déclarations signifient donc bien (mais qui ne le savait pas ?) que lorsqu'elle le souhaite, l'Europe, et accessoirement n'importe quel autre pays est capable de diriger son aide vers les personnes intéressées, en occultant même les dirigeants. On est étonné qu'il en vaille différemment en Afrique, où, sous prétexte de souveraineté, l'aide financière passe inévitablement par ces dirigeants. Enfin, comment ne pas voir qu'en matière de traçabilité de l'aide, les détournements vers la Suisse (il est vrai qu'elle ne fait toujours pas partie de l'UE) ne semblent pas décourager nos gouvernants de poursuivre des aides financières vers ceux qui n'en ont pas besoin.
Les évènements du Tchad
Tout comme en Côte d'Ivoire voici plus de quatre ans, une intervention militaire française a été décidée au Tchad au nom de la nécessaire préservation de l'ordre et de la légitimité puisque, est-il rappelé avec insistance, le président Déby a été « légitimement élu », dixit Jean-Baptiste Mattéi, le porte-parole du Quai d'Orsay.
Selon le Figaro, la France a envoyé 150 militaires français supplémentaires, partis en renfort de Libreville (Gabon) pour renforcer le dispositif Epervier à N'Djamena (capitale du Tchad) - 1.200 hommes en tout, dont 1.000 dans la capitale – pour se tenir prêt à évacuer les 800 à 1 500 Français recensés dans ce pays par les services consulaires. Le gouvernement français a en outre autorisé les soldats d'Epervier à tirer (selon cette même source du Figaro).
A trois semaines d'une élection présidentielle au Tchad, le gouvernement français s'est exprimé officiellement par Jean-Baptiste Mattéi (voir ci-dessus), « une tentative de prise de pouvoir par la force » n'est « sans ambiguïté » pas admissible.
Si l'on compte bien, ça fait en gros un militaire français pour un ressortissant français. C'est sans doute la raison pour laquelle le Tchad est l'un des pays les plus sûrs d'Afrique !!! Il suffit de demander à tous ceux qui ont disparu sous le régime d'Idriss Déby, pour s'en assurer. Dans quel cadre ? Avec quelles règles d'engagement ? Sur qui et pourquoi les militaires français ont-ils reçu ordre de tirer ? Se rappeler les événements de Côte d'Ivoire, fait froid dans le dos. De toutes façons, il faudra vraisemblablement le demander à MAM (Michèle Alliot-Marie) qui s'y connaît en matière d'information fiable et avérée (se rappeler ces mêmes événements de Côte d'Ivoire et l'assassinat par l'armée française - légitime défense disait MAM - de près de 60 civils ivoiriens non armés). Si Idriss Déby a été légitimement élu (dans les conditions que tout le monde connaît), il faut se rappeler qu'il est arrivé au pouvoir par la force en faisant chuter Hissène Habré, et ça n'a troublé personne, dans le gouvernement français de l'époque. Enfin, lorsque le gouvernement français affirme qu'une tentative de prise de pouvoir par la force n'est pas admissible, on se rappelle que c'est cette même doctrine qui a été sans cesse rappelée – et mise en oeuvre !!! - à l'occasion des événements du Togo en Février 2005, déjà...
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