Immigration

L'immigration de travail introduit une concurrence « déloyale » dans des secteurs tendus (hôtellerie, restauration, bâtiment....) où les offres d'emploi sont plus nombreuses que les demandes. Elle va donc favoriser le « pillage » de la main d'oeuvre qualifiée dans le Tiers-monde, les états africains ne subventionnant pas par ailleurs le rapatriement de leurs élites.

L'exemple des médecins étrangers, qui font tourner aujourd'hui les urgences des hôpitaux français demeure un véritable scandale, dans la mesure ou bien moins rémunérés que leurs homologues européens, ils se voient bloquer toute perspective de carrière (pour cause de nationalité).

Sarkozy veut offrir un réservoir de main d'oeuvre bradée à un patronat qui trouve difficilement des salariés pour travailler dans ces secteurs parce qu'ils paient mal et soumettent le personnel à des conditions de travail d'un autre âge. Une récente étude de l'Unedic (http://www.lesechos.fr/info/medias/200074819.pdf) précise que les deux tiers des 300000 postes disponibles dans l'hôtellerie et la restauration sont à temps partiel, ou saisonniers et par conséquent insuffisants pour vivre décemment en France.

Par ailleurs, en septembre 2005, le ministre de l’Outre-Mer, François Baroin, dénonçait l’immigration dans certains DOM et TOM. En pointant en particulier les femmes qui viennent accoucher sur le territoire « français » (notamment Mayotte), il préconisait une législation exceptionnelle pour y limiter le « droit du sol ». Proposition depuis abandonnée, mais le but recherché était atteint : insister sur l’immigration comme cause de tous les maux, y compris dans l’outre-mer.

Alors que les Anjouanais et les Mahorais partagent culture et langue, lorsqu’ils ne sont pas parents, l’État français considère les uns comme ses ressortissants (même de seconde zone...), et les autres comme des « étrangers ». La politique policière y est violente : rafle, détentions dans des conditions indignes, expulsions par charters : on a compté plus de 6 000 expulsions de Mayotte pour l’année 2005, et Sarkozy voudrait doubler les chiffres pour 2006.

Mais qui se rappelle le découpage scandaleux à l'issue du référendum d'autodétermination du 12 Novembre 1975, où l'archipel des Comores (composé alors de 4 îles : Ngazidja, Anjouan, Moheli et Mayotte) avait voté à 95% son indépendance. En violant le droit international, la France avait considéré qu'à Mayotte où les deux tiers de la population avaient voté pour un maintien dans l'ensemble français, on pouvait créer un territoire indépendant des 3 autres îles, alors que c'était l'ensemble qui constituait un état un et indivisible. Cette situation, condamnée plus de vingt fois par l'ONU reste aujourd'hui toujours illégale.

Aussi quand François Barouin dénonce l'immigration clandestine à Mayotte, il oublie de dire que les Comoriens des autres îles circulant à Mayotte ne sont ni des « immigrés », ni des « clandestins » : ils sont sur leur territoire, qui est occupé par une puissance étrangère.



Centres de détention

Les États de l’UE délèguent une bonne part du sale boulot aux pays de transit, Maroc, Égypte, Libye. L’Italie par exemple, a conclu un accord avec la Libye comprenant la livraison de matériel - véhicules, canots Zodiac, lunettes infrarouges, et jusqu’à un millier de sacs mortuaires ! - pour traquer les clandestins qui tenteraient de rejoindre la Sicile...

L’Italie a même financé la construction de trois centres de détention en Libye. Et, sur son propre sol, où la durée de détention administrative des sans-papiers est de deux mois, une directive européenne la porte à six mois, comme dans le reste de l’Union. La loi Bossi/Fini de 2002 a par ailleurs généralisé les centres « d’identification », c’est-à-dire de détention provisoire, interdits de visite aux organisations humanitaires et aux journalistes.

La France elle, possède 18 centres de rétention, créés à partir de 1981. Situés notamment dans les ports et aéroports. La journaliste Anne de Loisy avait publié l’année dernière un livre relatant ce qu’elle avait vu durant la période de six mois durant laquelle elle s’était engagée comme médiatrice pour la Croix-Rouge dans le centre de Roissy (« Bienvenue en France, 6 mois d'enquête clandestine dans la zone d'attente de Roissy » (2005) Le Cherche Midi éditeur). Elle faisait état de brimades à répétitions, de conditions sanitaires exécrables, d’absence totale d’aide juridique. Et, dernièrement, le « Rapport 2006 sur le respect effectif des Droits de l'Homme en France » (2006) aux Éditions des Équateurs de Gil-Robles, émis par l’Union européenne, condamnant les conditions générales d’incarcération dans les prisons françaises, reprend les mêmes accusations et qualifie en particulier le centre de rétention du sous-sol du Palais de justice à Paris de « catastrophique et indigne », plaçant des personnes dans des « conditions inhumaines et dégradantes ».

Toute proportion gardée, on comprend pourquoi les gouvernements Raffarin et De Villepin ne sont pas scandalisés par la situation des prisonniers, y compris français, de Guantanamo : on a ça également chez nous.




Sarkozy en Afrique

Enfin, pour ce qui concerne sa mini-tournée rapide en Afrique, Sarkozy aurait, selon le Figaro du 20 Mai 2006, multiplié les critiques vis-à-vis de la conception chiraquienne des relations franco-africaines : «Vous, les Béninois, comme les Maliens et les Ghanéens, vous avez assené une solide leçon à tous ceux qui ne cessent de répéter que la démocratie n'est pas faite pour les Africains. Il n'y a pas d'exception africaine, pas de prétendue spécificité culturelle qui justifierait je ne sais quelle incompatibilité entre l'Afrique et la démocratie.»

Il a indiqué qu'il souhaitait en finir avec « les réseaux d'un autre temps », les « émissaires officieux qui n'ont d'autre mandat que celui qu'ils s'inventent », les « réseaux officieux qui ont fait tant de mal par le passé ». « Il faut définitivement tourner la page des complaisances, des officines, des secrets et des ambiguïtés, a t-il ajouté. Il ne faut pas nous contenter de la seule personnalisation de nos relations ».

Ce sont certes de beaux discours, mais déjà entendus (le célèbre discours de La Baule par exemple date déjà de 16 ans - Juin 1990 -). Bref, rien de concret, sauf que les critiques de Sarkozy n'ont pas été prononcés à Libreville (chez le plus ancien des chefs d'état africain en exercice), à Brazzaville (chez le président en exercice de l'Union africaine), à Douala, à Conakry, à Lomé, à N'Djamena, à Ouagadougou... où comme chacun sait, les dictateurs qui y résident partagent tout à fait cette nouvelle conception...

Finalement, son voyage en Afrique est un non événement : il ne s'est rien passé.

D'ailleurs, allez voir ce lien : http://www.liberationafrique.org/article.php3?id_article=1292

En politique, il y a les mots qui n'engagent que ceux qui les écoutent, et il y a les faits, la loi sur l'immigration choisie est un fait : gardons nous des maux !!!