Digressions sur des évènements récents au Togo, à Djibouti et au Libéria
Par hbg, dimanche 24 septembre 2006 à 15:42 :: Réflexions et ... digressions :: #1359 :: rss
Circulez, il n'y a plus rien à voir au Togo ; il n'y a jamais eu à voir à Djibouti. Heureusement les anglophones ont moins les mains sales qu'ils peuvent se permettre d'étaler le passé sur la place publique.
Togo
Maintenant que Faure Gnassingbé a choisi un opposant comme Premier Ministre (mais pas le plus illustre d'entre eux Gilchrist Olympio), tout le monde doit désormais considérer que le Togo est sur la bonne voie. Cela signifie vulgairement : « circulez, il n'y a rien à voir », autrement dit, il n'est pas question de remettre en cause le choix de Bébé Éyadéma (par allusion à Bébé Doc) comme chef de l'état, ce qui a pour conséquence immédiate qu'un bilan des 38 ans de dictature de son père n'est pas à l'ordre du jour. Tout change pour que rien ne change.
Certes ce serait faire injure au nouveau premier ministre Maître Yawovi Agboyibo, de considérer que sa nomination ne va rien changer : d'une part, l’Union Européenne devrait progressivement reprendre ses aides au Togo, qui avaient été suspendues en 1993 suite à la répression brutale dont avait été victime l’opposition togolaise de la part du dictateur Eyadéma, d'autre part des élections législatives pluralistes et transparentes, reconnues par toutes les forces politiques en présence, devront être organisées en Juin 2007.
Sans être devin, je prédis déjà qu'elles seront remportées par le mouvement du RPT (mouvance Éyadéma) : tout change pour que rien ne change.
Affaire Borrel à Djibouti
Par courrier du 21 Mars 2006, le député du Rhône UMP Emmanuel Hamelin (vice-président du groupe des Droits de l’Homme à l’Assemblée nationale), faisant suite à l’Observatoire des Droits de l’Homme à Djibouti (ARDHD) et l’association Survie-Rhône, a interrogé Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, sur la présence d’un ancien officier de gendarmerie tortionnaire dans une école militaire française (le collège interarmées de la Défense), le Lieutenant Colonel Zakaria Hassan Aden. Cette dernière lui a répondu cinq semaines plus tard (courrier du 28 avril 2006) qu’elle avait diligenté une enquête et qu’elle ne manquerait pas de le tenir informé.
Aucune réponse à ce jour...
Au moment de la disparition du juge français Bernard Borrel, ce militaire était responsable des enquêteurs en tant que commandant de la gendarmerie djiboutienne.
Toujours selon l’ARDHD, qui cite « plusieurs témoins », son nom circulerait dans les dossiers des juges d’instruction enquêtant sur la mort (en Octobre 1995), du magistrat français en mission, dont le corps partiellement carbonisé avait été retrouvé au pied d’une falaise à 80 kilomètres de Djibouti. Alors que l’enquête de gendarmerie n’avait pas commencé, l’ambassade de France avait parlé de « suicide » par immolation. Une autopsie avait été pratiquée à l’époque mais les conclusions et les radiologies qui avaient dû être effectuées par l’hôpital militaire sur le corps du juge Borrel n’étaient jamais arrivées en France. Les autopsies, demandées par la suite par Mme Elisabeth Borrel, veuve du magistrat (elle aussi magistrate), concluront d’abord à l’absence de « traces de suie dans les voies aériennes supérieures », ce qui signifie que Bernard Borrel était mort avant que son corps ne soit brûlé. Une seconde autopsie, réalisée plusieurs années plus tard, permettra de découvrir que la mort du juge était survenue après un choc violent derrière la tête, qui avait provoqué une perforation importante de la boîte crânienne, ce qui n’avait pas été remarqué par les précédents médecins-légistes. Quatre juges d’instruction se sont succédés depuis sur cette étrange affaire...
Depuis plus de dix ans, Mme Borrel et ses deux enfants attendent de savoir ce qui est arrivé au juge français. Un député UMP a beau relayer une piste potentielle, nos politiques les plus hauts placés prennent leur temps...
Le procès de Charles Taylor est fixé à Avril 2007
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) a « provisoirement » fixé hier la date du 2 Avril 2007 pour le procès de l'ancien chef de guerre et président libérien Charles Taylor. Les accusations de crimes de guerre et de crime contre l'humanité demandent un travail considérable et les difficultés tant politiques que juridiques ne facilitent pas le travail du TSSL (ce procès représente près de 38 000 pages). Charles Taylor fut l'un des chefs de guerre les plus redoutés d'Afrique de l'Ouest. Il est accusé d'être l'un des instigateurs des guerres civiles qui ont fait environ 400 000 morts en Sierra Leone et au Liberia entre 1989 et 2003.
Les anglophones éclairent souvent l'opinion publique sur les agissements de certains dictateurs, facultés que les autorités officielles francophones n'ont pas, mais il est vrai que ces derniers sont beaucoup plus impliqués dans la gestion des affaires courantes que les anglophones : quid du procès de Hissène Habré, ou du Rwanda par exemple ?
A voir :
les articles de qualité et les initiatives originales d'un lecteur, c'est ici : http://sanou.mbaye.free.fr/ (également mis en lien à partir de ce blog)
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