Au cours de ces deux dernières années, je suis intervenu quelques fois dans les débats sur Dieudo sur ce site. A l'occasion du dernier "exploit" de notre héros au sourire si doux, à la fête de nos ennemis du Front National, je me vois contraint de vous donner une fois de plus mon point de vue, et de vous rappeler mes anciens propos. Ca ne vous a pas semblé un peu à côté de nos pompes, Dieudonné et Gollnish se serrant la main et se tutoyant avec le sourire ? Nous ne sommes pas nés d’hier, pour se mettre « naïvement » à l’écoute du FN et de ses adeptes, puisque le nouveau Dieudo est arrivé. Lisez donc le programme de Le Pen, et de ceux qui voudraient nous rendre la vie impossible, car ce n’est pas tabou. Comment pactiser avec ceux pour qui nous sommes de vrais boucs émissaires, dont c’est le fonds de commerce, ceux qui hurlaient, l’année dernière, pour faire intervenir l’armée dans les banlieues ! La confusion de Dieudo est presque totale. Revisionnez son intervention sur son site, triste farce qui n'amuse plus personne : tout est dans tout, il y a du bien et du mal partout, on est libre, on va où on veut, etc…. On a de la peine devant les portes ouvertes ainsi pitoyablement « enfoncées ». Comme le disait Eric Brochant hier dans l'émission de Frédéric Taddei, -Ce soir (ou jamais)- on assiste en direct à la déchéance pathologique de Dieudonné. Celui qui s'autoproclamait "représentant de la diaspora noire", puis, de façon mensongère " descendant d'esclaves", pour, hors de l'Histoire, s’autoriser à stigmatiser les juifs d'aujourd'hui, a rencontré ses réels maîtres à penser, antirépublicains, qui comparent la France à une grande famille. Le Pen l'a mis à sa place idéologique, "fils d'une bretonne", comme lui, français, par le "sang".

J'ai relu mes billets des années précédentes. L'évolution était prévisible, enracinée dans une conception du monde qui se cherchait. Puis, sous les coups de ses adversaires, paranoïa aidant, Dieudonné s'est entouré d'une cour protectrice d'anarchistes de droite aux connexion avec le FN.

Voici deux textes que j'ai publié dans les débats, sur Grioo:

Mars 2004 Dieudonné, C’est quoi ton job ? D’abord, tu es un peu mégalo pour un humoriste, si tu parles au premier degré : « moi, représentant de la diaspora africaine », et largement autoproclamé. Peut-être, au Cameroun, certains pensent-ils, de droit divin, coutumier, du plus fort… représenter la communauté nationale toute entière ? Pourquoi pas l’Afrique, les noirs dans le monde… Eh, les commentateurs, vous vous envoyez beaucoup de « frères », comme si, même dans la plupart des familles, la fraternité n’était pas dominée par le pouvoir et l’argent. Rigole un peu de toi Dieudo, fais-leur un sketch sur les feintes de cette fraternité pateline ! Le village, la démocratie dans les chefferies traditionnelles, tu nous la bailles belle, Mballa…. Pourquoi, au Cameroun, Mballa Mballa, le pouvoir des Beti s’appuie-t-il sur les structures traditionnelles, alors même que le droit de s’inscrire sur les listes électorales est en pratique sujet à caution ? J’ai envie que tu te moques du tribalisme qui fait tant de mal au pays dont tu revendiques d’être issu. Pour te moquer des orthodoxes, des intégristes, des xénophobes, des racistes, fais nous rire sur leur paradis à tous, l’imaginaire béat, jamais analysé, de ces fameuses « racines ». Ce faisant, tu pourrais toucher un peu d’universel en riant. bien sur, chacune meilleure que les autres, plus proche du « divin » et qui nous soutiendrait dans l’ascension vers la canopée ethnique. Cher Dieudo, je t’écris tout cela parce que je t’aime beaucoup. Tu as raison de dénoncer l’idéologie totalitaire de ceux qui appliquent leurs concepts critiques au monde entier mais pas à eux, les soi-disant bien pensants. (ce qui nous contraint au passage à examiner nos idées à l’aune de cette critique) Critiquer et distinguer. Quelle est la spécificité de l’extermination des juifs ? Elle a été scientifiquement programmée et volontairement menée à son terme. Elle s’appuyait sur une idéologie raciste totalitaire, pseudo-scientifique, synthétisée par les nazis. S’en rapproche l’extermination des Tutsi par les Hutu. Venons-en à nos Loubavitch censés représenter l’intégrisme et l’orthodoxie de la religion juive : ils le signalent caricaturalement pour tous depuis le film de Gérard Oury et le rôle de De Funes. A l’époque, aucun soupçon de propagande antisémite là-dedans. Les juifs français pouvaient analyser ce qu’ils pouvaient encore prendre pour des travers du judaïsme. Depuis, les religieux traditionalistes et les politiciens d’extrême droite ont gagné la partie dans une population traversée comme une autre par le racisme. Affirmation des règles de la préservation traditionnelle de l’ethnie : le Grand rabbin Sitruk, autorité religieuse juive institutionnelle rappelait à l’envi l’interdiction des mariages avec les non juifs. (grands meetings du Bourget) La judéité est matrilinéaire. Affirmation que toute attaque de la politique de l’Etat d’Israël est une sorte de prétexte antisémite. Cher Dieudo, plutôt que de mener la controverse sur le Sionisme, mettons en avant la lutte des juifs français et des Israéliens pour la libération des Palestiniens, contre le mur de l’apartheid, pour une solution pacifique et juste. Pour le coup, comment soutenir la parole et les actions de ces minoritaires juifs qui font rayonner au-dessus des déterminations ethniques leur humanité ? « Frères », voilà nos frères. Dieudo, avec l’arme percutante et iconoclaste de ton humour, que peux-tu faire pour leur combat difficile de résistants ? Minloo Ze

Avril 2004

Je reçois ta contribution sur le débat qui met en cause Dieudo. Après ma première contribution, j’ai vu évoluer la controverse. J’ai lu le premier entretien avec Grioo, jusqu’au dernier, avec Hermaphrodite et le Mague. Ce qui me frappe, c’est la confusion, les hésitations, les repentirs, le travail de réflexion de Dieudo sur ce qu’il est et prétend représenter : Avec Grioo, il revendiquait des « racines » africaines, Beti, et se posait comme le représentant d’une « communauté » noire en France. Voir ma première contribution. Aujourd’hui, il déclare, et j’en suis heureux, « Je n’ai pas de race…, noir, ce n’est pas une race…, je n’ai pas d’ethnie…, je suis métis… » Il peut affirmer ensuite, preuve d’une pensée qui, pour le moins se cherche, qu’il est descendant d’esclaves… Soi-disant tel, il se permet d’assurer que des juifs avaient été marchands d’esclaves. S’il avait lu avec soin le « Code Noir » dont il a fait cadeau à Jean Pierre Elkabach, il se serait douté que les juifs étant chassés liminairement de ces « terres chrétiennes » par la volonté des rois, ils auraient eu du mal à y vendre et y acheter des esclaves. Quant à la traite elle-même, il se peut que des armateurs bordelais juifs, les fameux « marchands portugais » y aient participé. Peut-être des juifs portugais y ont joué un rôle non négligeable. Encore faudrait-il que l’historien retrouve leur trace. Cette façon confuse de penser son identité par rapport à l’histoire des noirs évoque la justification à posteriori. Dieudo cherche, dans un certain affolement intellectuel, des bouées de sauvetage idéologiques. Mais il les trouve, sans le savoir, dans les théories qu’il prétend combattre : Depuis la Révolution Française, le lien est rompu entre les fautes des ancêtres, des parents, et le citoyen qui en est issu. Quand je rencontre un allemand, pour moi, ce n’est pas un « boche » ou un nazi. Je ne lui renvoie pas une fantasmatique culpabilité. Le juif à qui je parle n’est pas celui qui a laissé faire les massacres de Sabra et de Chatila. Si un juif s’est livré à la traite au 17eme siècle, on ne peut pas dire aux juifs d’aujourd’hui : « vous vous livrez à la traite, vous les juifs ! » Faire semblant d’aller vers la connaissance historique pour y rechercher de pseudo-faits qu’on va utiliser pour stigmatiser un groupe, une nation, une ethnie, dans une sorte d’éternel présent, voilà une forme de pensée religieuse, orientée par le racisme. Voilà une façon de penser qui ne pourra rien contre les « évidences » religieuses issues des « révélations », et dont une était censée concerner la « malédiction » des fils de Cham, les noirs. Dieudo rameute, comme il peut, quelques soutiens, après son bide de chez M.O Fogiel. Israël, ce n’est pas l’état nazi. Certaines théories de l’extrême droite israélienne ressemblent à des théories soutenues par les nazi, mais pas de façon systématique et totalisante. L’extrême droite israélienne n’a pas hésité à instrumentaliser l’imagerie nazie pour stigmatiser Rabin, « Hitler, éructaient-ils », pour préparer l’opinion à son assassinat. Peut-on, à notre tour, se servir de ces imprécations, et les « retourner » à ceux qui les envoient ? Ce n’est pas la bonne façon de poser les problèmes et le bon terrain. Les blagues de Dieudo ne sont pas, comme je l’ai montré uniquement « vaseuses », le mot signifie, quand même, qui a un rapport avec la vase des bas-fonds, mais racistes. Le fait qu’on l’attaque plus que Loeb ou autres ne dispense d’aucune analyse sur le fond. En effet, quelle conception du monde nous permet de critiquer Loeb ? Ne constituez donc pas l’humoriste, brouillon et contradictoire, Dieudonné comme le porte-parole d’une « communauté » qui n’est que virtuelle : Ce débat est une phase de la marche contrastée vers la constitution organisée de la révolte des gens identifiés comme noirs en France, et ceux qui les soutiennent, contre les discriminations et le racisme. Quelle parole à porter, pour opposer et proposer, quelles luttes à développer ? Quels amis, quels ennemis ? Ce processus est peut-être engagé… D’abord, pour combattre le racisme et la discrimination des autres, comment prétendre s’armer de la même conception raciste du monde ?

Minloo Ze

Pour les connexions de Dieudo et de son entourage avec le FN, lire l'article de Libé, ci-aprés:

Article de Libération, du 20/11/2006, Christophe Forcari, sur les connexions FN de Dieudonné. http://www.liberation.fr/actualite/politiques/218130.FR.php

Il y a une semaine, le fantaisiste se rendait à la Fête bleu, blanc, rouge. Le FN se déclarait surpris. Pourtant, leurs connexions sont nombreuses. Dieudonné à la fête du FN : une visite pas si mystérieuse Le Pen, le 12 novembre, au Bourget. Les passerelles entre le FN et Dieudonné ne manquent pas. Par Christophe FORCARI QUOTIDIEN : lundi 20 novembre 2006

Tout le monde l'a vu, certains l'ont reçu sur leur stand. Mais officiellement, aucun des responsables frontistes n'était au courant de la venue du fantaisiste Dieudonné, samedi 11 novembre, à la convention présidentielle bleu, blanc, rouge de Jean-Marie Le Pen au Bourget. Une «visite spontanée», assure Dieudonné, venu «en homme libre». Il est pourtant difficile de croire que le pourfendeur de Marie-France Stirbois à Dreux en 1997, condamné en mars 2006 en première instance pour avoir déclaré que les juifs «étaient tous des négriers reconvertis dans la banque», ait pu s'inviter au BBR sans s'être assuré auparavant qu'il pourrait effectivement rentrer de manière courtoise. Ou se faire complaisamment photographier à sa sortie du Parc des expositions du Bourget en bonne place au milieu d'une escouade de DPS, les gros bras du FN, hilares. Une série de photos publiées sur le site d'Allain Jules Meynié (1), un proche de Dieudonné, montre sa proximité avec quelques figures frontistes ou issues de la droite nationale bien connues. L'ex-directeur de campagne de Dieudonné, Marc Robert, de son vrai nom Marc Georges, est un ancien militant frontiste. Candidat aux municipales de 1995 à Eragny (Val d'Oise), photographié au BBR en compagnie de Jean-Michel Dubois, lui-même élu de ce département, il reconnaît avoir été «dans une certaine mesure, la cheville ouvrière de cette rencontre». «L'opération avait été préparée de fraîche date. Des contacts ont été pris pour s'assurer qu'il allait bien pouvoir rentrer», confie Marc Robert. Conspirateur réjoui. Pourtant, au FN, tout le monde feint de ne pas avoir été informé. C'est Farid Smahi, ancien conseiller régional FN d'Ile-de-France, «ami de très longue date d'Ahmed Boualek», responsable de l'association La banlieue s'exprime (2), qui a guidé Dieudonné à travers les stands et lui a proposé de se rendre sur celui de l'association de Jany Le Pen, SOS enfants d'Irak. Ce jour-là, il laisse comprendre, à coups de lourds sous-entendus et avec une mine de conspirateur réjoui, qu'il n'est pas pour rien dans cette visite. Une semaine après, Farid Smahi affirme qu'il n'était «pas au courant», qu'il n'y est «pour rien» et qu'il a été «agréablement surpris». L'organisateur des grandes manifestations frontiste, Jean-Michel Dubois, assure lui aussi n'y être pour rien. «La sécurité m'a appelé pour me dire que Dieudonné était à l'entrée et me demander des instructions. Je n'étais pas au courant, pas plus que le président», raconte Jean-Michel Dubois. Même version pour Olivier Martinelli, le directeur de cabinet de Le Pen, à la différence près que c'est une secrétaire qui l'informe. Et s'il est photographié en compagnie de Dieudonné sur le stand de la Corse, c'est que cet insulaire n'a pas voulu faillir «aux traditions d'hospitalité» de l'île de Beauté. Toujours selon son récit, Olivier Martinelli s'est alors empressé de transmettre la nouvelle «au président qui lui a dit qu'il pouvait rentrer». Louis Aliot, le secrétaire général du FN et directeur adjoint des campagnes lepénistes, a été prévenu par le directeur national du DPS, Jean-Pierre Chabrut, au moment où Dieudonné payait son billet d'entrée. Peu enthousiasmée par cette présence, Marine Le Pen affirme qu'elle n'en savait rien. «Pas plus que Bruno Gollnisch», ajoute-t-elle . Marine Le Pen dispose pourtant de personnes dans son proche entourage pour la tenir avertie des intentions de Dieudonné. A commencer par Marie Chatillon, actuellement employée au service de communication du Front. Sur plusieurs photos, elle apparaît aux côtés de Dieudonné, lui claquant la bise au passage. «Je crois qu'elle le connaît parce qu'elle a fait du chant choral», assure Eric Iorio, responsable de la propagande au FN. Surtout, son époux, Frédéric Chatillon, est un ancien responsable du GUD. Aujourd'hui à la tête d'une entreprise baptisée Riwal communication, il a joué les intercesseurs pour le compte de Dieudonné auprès de nombreuses personnalités libanaises, lors d'un voyage organisé fin août 2006 .Au cours de cette escapade, Frédéric Chatillon l'aurait présenté à de nombreuses personnalités, dont Lahoud Aoun, le président du groupe Hezbollah au parlement libanais. L'ex-responsable gudiste a longtemps été considéré comme entretenant des liens assez proches avec le général Tlass, ancien ministre syrien de la Défense et éditeur de brochures révisionnistes en plusieurs langues. «J'ai appelé aussitôt Frédéric Chatillon. Il m'a dit qu'il n'était pas au courant», dit Eric Iorio. Le couple Chatillon connaît bien Dieudonné, puisqu'il avait convié Marine Le Pen à un dîner en compagnie du fantaisiste. «Une invitation que j'ai déclinée», assure celle-ci. Moulin de Valmy. Autour de Dieudonné, les passerelles vers le FN ne manquent pas. A commencer par Alain Soral, écrivain pamphlétaire qui s'est fait remarquer par ses prises de positions anticommunautaristes et antisionistes. Il était du voyage au Liban. Alain Soral a été reçu à deux reprises par Le Pen lui-même. Il a même été l'inspirateur d'une partie du discours tenu par le Président du Front national au pied du moulin de Valmy le 20 septembre. Marine Le Pen en a discuté «une demi-douzaine de fois avec lui. On a confronté nos idées et on est tombé d'accord sur la même ligne». Une autre photo, toujours sur le site Allain Jules Meynié, montre Dieudonné, donnant l'accolade à Jean-Emile Néaumet, alias Nicolas Gauthier, journaliste au mensuel le Choc du mois, qui l'a interviewé pour le compte de ce magazine. Dieudonné y déclarait entre autres : «Dorénavant, un antisémite est quelqu'un que le Crif (Conseil représentatif des institutions juives) n'aime pas», se posant ainsi, lui aussi, en victime diabolisée. «Sa présence ne doit rien au hasard, croyez-le bien», affirme un cadre du parti d'extrême droite qui soupçonne, sourire aux lèvres, Le Pen lui-même, d'avoir négocié en direct cette visite avec Dieudonné. (1) http://allainjules.blogspot.com (2) www.labanlieuesexprime.org