Leurs performances sont contrastées :
En ce qui concerne Veolia eau et assainissement, le CA a augmenté de 5,5%, mais le résultat opérationnel a baissé de 18%.
Les dirigeants dénoncent ici les conséquences du référendum gagné par les partisans de l'eau publique en italie, l’influence de l'action des activistes français de Eau bien commun sur les conditions de renouvellement des contrats de délégation de service public en France, le rôle d’ATTAC Maroc dans l’échec du contrat Tanger, Tétouan, Rabat….
Cependant, c’est toujours l’eau qui fournit le taux de marge de résultat opérationnel le plus élevé, même s’il s’est effondré en 2011, passant de 9,9% à 7,8%.
Pour Antoine Frérot, PDG, l’urgence est d’améliorer très rapidement la capacité de Veolia à générer plus de profit
.
Selon lui, il faut «faire de Veolia Environnement un groupe plus réactif face à son environnement, plus efficace, centré sur un nombre de pays sensiblement réduit, avec un nombre d’entités et d’activités plus limité avec un objectif clair : améliorer au plus vite (la) profitabilité… ».
Aussi, d’ici 2013, le groupe réduira son implantation géographique de 77 à moins de 40 pays, vendra plus de 4 milliards d’actifs en 3 ans et au moins 1,3 milliard en 2011.
Pour l’eau, Veolia concentrera ses efforts sur l’Europe centrale et la Chine.
Quid de l’Afrique subsaharienne, qui ne représente déjà que moins de 0,5% de son chiffre d’affaire ?
Veolia eau voit sa gestion contestée dans les deux seuls pays où elle est encore implantée :
Au Gabon, la SEEG n'est pas capable de réaliser suffisamment d'adductions et n'investit pas assez pour desservir les quartiers hauts.
Au Niger la SEEN est critiquée pour le coût élevé du mètre cube et son incapacité à desservir largement la population

Malgré la violence du plan de restructuration annoncé de longue date, l’action perdait encore près de 4% vendredi, continuant une descente de 48% depuis un an.

Pour Suez , le CA est en hausse de 11,3%, dont CA eau Europe de 3,5%.Résultat net (semestriel) à 581 m€, en baisse de 14%, en raison d’éléments exceptionnels en 2010.

Selon J.L. Chaussade, le D.G. la bonne profitabilité actuelle et les excellentes perspectives sont les conséquences :

• Des formules d’indexation tarifaires entraînant la hausse du prix de l’eau.
• Du renouvellement et du gain de nombreux contrats de DSP en France et en Espagne.
• Du nouveau modèle contractuel : les « contrats sont basés sur l’usage raisonné de l’eau » et la protection de la ressource. Les profits sont faits sur la valeur plutôt que sur le volume.
• Du nouveau modèle de gouvernance de la gestion de l’eau en France. L’exemple est donné de la société locale Suez dédiée, « Eaux de Normandie », qui comprend dans son conseil d’administration, 3 administrateurs issus de la société civile.

Il est vrai que Suez a déjà accompli sa restructuration, depuis ses mécomptes en Amérique latine, d’où elle a été chassée par les peuples. Par exemple, elle est absente en Afrique subsaharienne.

Ce sont uniquement des critères de rentabilité qui déterminent son implantation et ses modes de gestion. Dans ce cadre, l’entreprise dit s’adapter aux contraintes de préservation de la ressource et de technicité croissante dans le traitement de l’eau pour se développer.
Elle reflète à sa manière la volonté des usagers de contrôle et de délibération sur ce bien commun, par l’exercice technocratique de la participation de membres de la « société civile », choisis pour être compatibles avec ses objectifs financiers.

La course derrière la croissance des chiffres d’affaire et des profits.

Ce message, que ces PDG délivrent aux marchés et aux Bourses, vient remettre à leur place leurs affirmations sur leur volonté de participer à la mise en œuvre immédiate et globale du droit humain fondamental à l’eau potable et à l’assainissement.

Il faut rappeler qu'environ 1 milliard de personnes n'a pas accès à l'eau potable dans le monde, 4 milliards n'ont pas d'eau potable au robinet 24h/24, tandis que 2,6 milliards ne disposent d'aucun assainissement hygiénique de base.
Pour plus d’un quart de la population dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, la collecte de l’eau prend plus d’une demi-heure par voyage aller-retour.
Ce sont les femmes et les filles à 72% qui se chargent de la corvée d'eau, au détriment du temps passé, par exemple, à l'éducation.
Dans les grandes villes, les progrès de l'accès minimum à l'eau est loin de compenser la croissance démographique.
80% des maladies recensées ont une origine hydrique...
Ces entreprises ne s’intéressent aux « solutions » dans la mise en oeuvre de ce droit de l'homme essentiel que si elles rapportent une croissance suffisante de leur rentabilité.
On est loin des promesses faites, au début des années 90, par les institutions de Bretton Wood et les mêmes multinationales, sur l'efficacité optimale de la privatisation de ce bien commun

Double casquette, double langage.
Mais les entreprises transnationales de l'eau savent aussi tenir un autre langage.
Elles ont créé des fondations à leur nom ; ce qui leur permet de faire voir une vitrine attrayante et au goût du jour. Elles repeignent en vert et aux couleurs de l'humanitaire la réalité qu'elles expliquent par ailleurs clairement aux marchés.
Les séquences publicitaires sur les télévisions françaises sont significatives.
Alors qu'elles ne sont pas ou très peu engagées en Afrique, les majors de l'eau exhibent ici ou là les réalisations de leurs fondations, minuscules par rapport aux tâches à réaliser .
Il s'agit d'un saupoudrage financé conjointement avec d'autres acteurs, dont la Coopération décentralisée, souvent sans lendemain.
Au Cameroun, la fondation Veolia a su mettre en place des réfections de réservoirs et des adductions d'eau dans le Nde, a réparé par endroits l'assainissement vétuste de Bangangte, ou apporté des solutions aux problèmes de déchets de Dschang avec l'Association des maires francophones. Quid des solutions globales ?
Mais les commandes sont tenues fermement par les maisons-mères. Animées par des salariés de ces groupes, bénévoles ou pas, elles ont à leur tête Jean Louis Chaussade et Antoine Frérot.
Aussi, il n'étonnera personne que la fondation Veolia soit intervenue en 2003, à Douala, dans un quartier pauvre pour essayer de résoudre les problèmes d'adduction: c'était la bonne méthode pour se faire une idée concrète des difficultés qui attendraient le bénéficiaire de la privatisation de la SNEC. Car une des raisons des échecs précédents des transnationales à été une méconnaissance grave des conditions locales et des réseaux. Après que l'ONEP marocaine ait remporté l'appel d'offre et créé la Camerounaise des eaux, qu'est devenue cette initiative ?

Une nouvelle stratégie : dans un énorme marché globalisé potentiel trouver les niches permettant de réaliser le maximum de profit

Voilà la clé de la compréhension des « solutions » que le Conseil mondial de l’eau, présidé par le salarié de Veolia, Loïc Fauchon, ne manquera pas de mettre en musique au Forum mondial de l’eau à Marseille en mars 2012.

L’apport décisif du Forum alternatif mondial sur l’eau à Marseille, du 10 au 17 mars 2012 (FAME).

En face de ce forum officiel, se tiendra un autre forum, le FAME.
Que sera le FAME ?

  • Le rendez-vous mondial de toutes celles et ceux qui se battent pour l’eau bien commun,
  • contre son accaparement,
  • contre les pollutions de surface et souterraines (gaz de schistes, agriculture productiviste…),
  • contre la gestion privée et technocratique. - L’expression des mobilisations pour l’eau en Europe et dans le monde.
  • La parole sera donnée aux communautés et aux institutions qui font vivre le retour en gestion publique directe de l’Eau et de l’assainissement dans la perspective d’une autre politique mondiale. -
  • Ce sera aussi des spectacles et des créations sur le thème de l’Eau source de vie. -
  • Les acteurs des luttes et les victimes viendront accuser les dominants dans le cadre d’un Tribunal des peuples sur l’eau, où ils seront jugés.
  • Un programme d’accès à l’eau, global, efficace, financé, sera élaboré et soumis à la discussion des peuples et des gouvernements du monde.

  • Je vous tiendrai au courant des prochaines étapes de la construction de ce forum.

    Le FAME sera le vrai forum où les peuples discutent des affaires publiques