Le cauchemar de Darwin Je viens enfin de voir « le cauchemar de Darwin » près de Lyon. Je pense faire parti des Français plutôt bien informé sur ce qui se passe en Afrique pourtant j’ai quand même reçu un coup de poing à l’estomac. Tout film est évidemment une construction ; le réalisateur a volontairement mis le doigt là où ça fait très mal quitte à paraître manichéen. Eh bien tant mieux si ça peut réveiller les consciences ! Un débat a été organisé à la fin du film et s’est montré très révélateur de la façon dont les gens peuvent appréhender un tel film uppercut. Un spectateur surpris de ne pas voir les américains impliqués dans ces turpitudes a jugé le film partial. D’autres se sont réfugié dans la culpabilité. Quelques uns (dont je suis) ont essayé de poser le problème des rapports nord sud et de la politique de prédation en œuvre sur le continent. D’autres encore se sont intéressés à l’aspect écologique. Quelques uns cependant n’ont parlé que de poisson ! Mais parlons des intervenants. Ils étaient tous deux des coopérants scientifiques. Les mêmes au fond que l’on voit à l’œuvre dans le film. Ils ont joliment noyé le poisson avec un discours très technique d’expert. Et à force de vouloir tout relativiser (ils étaient plutôt pour les cultures d’exportations de type perche du nil) ils donnaient l’impression de vouloir gommer l’impact du film. Des choses importantes ont quand même été dites notamment sur les mécanismes de la dette du tiers monde mais quand j’ai voulu orienté une deuxième fois le débat sur L’Afrique et les mécanismes qui mènent au désastre affiché dans le film (les experts se contentant d’acquiescer sans toutefois exploiter mes propos), il s’est quand même trouvé des spectateurs pour protester. En bon consommateurs, ils ne voulait pas quitter leur assiette ! Voilà une occasion perdue de questionner notre rapport à l’Afrique qui rappelons-le, de la traite des noirs aux politiques de prédation actuelles en passant par l’époque effroyable du colonialisme, est plus que problématique.