Racisme anti-blanc: mythe ou réalité ?
Par tiptop, mercredi 9 novembre 2005 à 17:20 :: Général :: #528 :: rss
Je veux revenir sur ce racisme anti-blanc que ressentent certains de mes concitoyens. Est-il justifié ? D’abord retourner le racisme est une des caractéristiques des racistes. La méfiance est déjà de mise. Ensuite j’aimerais leur rappeler que les nord-africains se sont toujours considérés comme des blancs par opposition aux noirs africains qu’ils ont par ailleurs esclavagisé longtemps. Leur société , tout comme la notre, a été hiérarchisé en fonction de la couleur de peau. Le racisme n’est pas toujours dirigé vers celui que l’on croit. En général il l’est vers les plus faibles.
Je veux revenir sur ce racisme anti-blanc que ressentent certains de mes concitoyens. Est-il justifié ? D’abord retourner le racisme est une des caractéristiques des racistes. La méfiance est déjà de mise. Ensuite j’aimerais leur rappeler que les nord-africains se sont toujours considérés comme des blancs par opposition aux noirs africains qu’ils ont par ailleurs esclavagisé longtemps. Leur société , tout comme la notre, a été hiérarchisé en fonction de la couleur de peau. Le racisme n’est pas toujours dirigé vers celui que l’on croit. En général il l’est vers les plus faibles. De plus quand on observe la société (je travaille dans une école en banlieue, je ne pense pas être le plus mal placé pour le faire) le terme est impropre car ce qui est palpable ce n’est pas un racisme anti-blanc en tant que tel mais le rejet d’une identité occidentale, d’une citoyenneté qu’ils convoitent et qu’ils rejettent à la fois car ils sentent bien qu’on la leur refuse. C’est le sens des sifflets au stade de France pendant la Marseillaise. On en vient à détester ce que l’on convoite car c’est jugé inaccessible. Je pose une simple question à tous ceux qui les somment de « s’intégrer »: s’ils ne désiraient pas s’intégrer dans notre pays pourquoi sacrifieraient-ils tout pour y venir, souvent au péril de leur vie ? L’occident nourrit encore les espoirs d’une vie meilleure mais ne consent point à les satisfaire. Le drame est là, nos beaux discours se retournent contre nous car devant notre magnifique triptyque Liberté, Egalité, Fraternité, nos immigrés et tous les candidats à l’immigration répondent chiche ! mais nous nous défilons. Nous leur refusons l’essentiel : un travail pour gagner dignement sa vie. Le deuxième point sera de pointer que les émeutes ne sont pas de nature raciale. Les casseurs ne se sont pas attaqués, sauf cas très particulier et isolé, aux personnes, aux français en tant que tel mais aux symboles de la république, aux signes qui les renvoient à leur situation de dominés.
Je conviens que le racisme anti-blanc puisse exister dans la communauté noire mais de façon très minoritaire. Certains estiment que leurs oppresseurs n’ont toujours eu qu’une couleur. Ce n’est pas tout à fait vrai bien sûr, mais ça se comprend aisément. C’est un des aspects d’un repli identitaire qu’on appelle la négritude (voir Négrologie de Stephen Smith, livre très critiquable par ailleurs). Il suffit de se balader dans les quartiers populaires des grandes villes africaines pour se sentir extra-terrestre. Les blancs là-bas sont bunkerisés et ne se déplacent qu’en 4x4 rutilants. Ces derniers prétendront le contraire mais en fait ils ne vont que dans certains quartiers (qu’ils croient populaires !). A Mokolo, au quartier de la Brique à Yaoundé, on ne voit quasiment jamais de blancs. D’ailleurs là-bas, c’est amusant, on m’appelait « le faux blanc »… Là où je veux en venir c’est que le « blanc » sur le continent noir est presque invisible, il est fantasmé, essentiellement à travers les médias (occidentaux faut-il le rappeler) ; il représente la richesse, le pouvoir et plus grave, le savoir et la culture comme si eux-mêmes n’étaient pas riches d’une culture et de traditions séculaires. Dans ce sens-là il y a un vrai racisme, inversé dirons-nous, qui consiste à penser que l’autre est supérieur. C’est de cela que meurt l’Afrique et qui fait qu’ils sont si dociles au pillage et à la mise sous tutelle de leur continent (mais c’est en train de changer, voir la côte d’Ivoire…). Certains pensent encore qu’ils ne peuvent pas vivre sans l’occident, c’est du pain béni pour les profiteurs occidentaux et leurs complices africains. Ici on peut mesurer combien , et je pèse mes mots, la traite des noirs, la colonisation et le neo-colonialisme libéral constituent dans sa durée (plusieurs siècles) et en tant que phénomène historique ininterrompu, le plus grand crime commis à l’échelle de l’homme. Ce qui tue l’Africain ce n’est tant des conditions politiques et économiques déplorables que le sentiment d’infériorité qui s’est immiscé en lui après des siècles de servitude et de racisme. Je conclurai en disant toute mon admiration aux nombreux africains qui restent malgré tout debout et dignes et ne tombent ni dans le repli identitaire (la négritude),et son corollaire le racisme anti-blanc ou la dépréciation de soi. Je suis par exemple épaté que chez les Bamilékés (la très « large » famille de ma femme) personne ne m’ait renvoyé à la figure les massacres perpétrés par les Français et les troupes d’Ahidjo pendant la guerre d’Indépendance. Le sujet est, il est vrai refoulé et un peu tabou. Cela montre qu’il n’y a pas de fatalité à la haine (clin d’œil à mes amis arméniens et turcs). Malgré tous les maux évoqués ils sont toujours debout alors que des peuples entiers n’ont pas survécu aux conquêtes (les indiens d’Amérique, les aztèques, les aborigènes…). J’ouvre ici une parenthèse car j’entends certains me crier à l’oreille : « et la Shoah ? » Je leur ferai remarquer que malgré l’ampleur et l’intensité du crime, quoique très circonscris dans le temps, le peuple juif a su relevé la tête et se reconstruire grâce à leur culture bien sûr , leur dynamisme, mais aussi parce qu’on leur a donné les moyens de le faire (je pense à la création d’Israël sur lequel il y aurait beaucoup à dire mais c’est un autre débat). Rien de tel avec les Africains, les occidentaux continuent de leur mettre la tête sous le sable.
Terminons-en avec le racisme anti-blanc en raisonnant par l’absurde. Admettons qu’il soit une réalité. Après tout Tahar Ben Jelloun nous rappelle que le racisme est la chose la mieux partagée au monde. Plaçons nous du coté de ses effets . Imaginons qu’on me traite de « sale blanc » .(A titre personnel je m’en ficherai parce que je ne me considère pas comme un blanc mais comme un homme). Bref on brûle ma voiture, je me fais insulter, quelles conséquences réelles cela peut avoir sur ma vie en dehors du légitime sentiment de colère ou de haine ? Mettons-nous maintenant à leur place … Au passage c’est le seul remède sérieux contre le racisme (voir toujours Tahar Ben Jelloun). Pour eux le racisme ce n’est pas seulement des mots, des humiliations ou des attitudes condescendantes mais des discriminations réelles en termes de logements et d’emploi qui auront des conséquences déterminantes sur leur vie. Quel Français de souche pourrait le supporter ? Pour résumer le racisme est universellement condamnable mais il n’a pas le même poids quand on est dans la position des dominants ou des dominés. Historiquement d’ailleurs les théories racistes ne se sont développés que pour justifier des situations de domination. Ce qui a changé c’est que le racisme ne porte plus sur l’apparence physique mais sur des aspects culturels. On aime les « noirs » comme sportifs, artistes ou agent de sécurité, pas comme scientifiques, chefs ou même cadres d’entreprises. Quand aux jeunes beurs ils semblerait qu’on ne veuille plus leur donner aucune place dans la société. Et on ne comprend pas pourquoi ça pète…
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