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kelman se fait descendre

 
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kilowatt
Grioonaute


Inscrit le: 09 Mai 2005
Messages: 54
Localisation: charente maritime

MessagePosté le: Jeu 01 Déc 2005 13:46    Sujet du message: kelman se fait descendre Répondre en citant

Citation:




Petites critiques du kelmanisme ambiant ( 2ème partie )



« Dans le premier livre, je voulais mettre les Noirs et les Blancs dos à dos, et dans celui-ci[« Au-delà du blanc et du Noir » ], ce ne sont que les Noirs qui m’intéressent, principalement. Je crois que le plus urgent est, aujourd’hui, de convaincre le Noir de l’égalité qui le lie au Blanc en lui demandant de la conquérir. Le problème du Noir n’est pas tant celui de l’inégalité ou de ses complexes, que celui de son invisibilité. Le Noir doit donc lutter, sortir de ses tares, aller vers les autres, sortir de l’afrocentrisme, du syndrome de l’évolué, du «peuple maudit». Je m’en fous qu’on me dise que je fais le jeu des Blancs ; je me fiche de ce qu’ils lisent mon livre, parce que ma seule vraie cible, c’est les Noirs. J’estime que c’est là où j’ai une responsabilité »

Gaston Kelman in journal « Mutations »








On aurait tort de croire que « Je suis noir et je n’aime pas le manioc »(1) est réellement ce que la presse en a montré à sa sortie. Il est apparu comme un pourfendeur de clichés racistes dont sont victimes les Noirs, doublé d’un dénonciateur sans fard de la victimisation de ces mêmes Noirs ? Pourtant, sa lecture ne nous apprend absolument rien de ce qu’on ne savait déjà. Ceux qui s’attendaient à une solide exégèse retraçant l’épopée fabuleuse de la négrophobie en France en ont eu pour leur argent.
Rien sur le philosophe français Jean Bodin qui, en 1566, bien avant le début de la traite française, affirme dans sa « Méthode de l’histoire », que les Africains « ne peuvent […] se contenir, et [qu’] une fois lancés dans la débauche, ils se livrent aux voluptés les plus exécrables. De là ces rapports intimes entre les hommes et les bêtes qui donnent encore naissance à tant de monstres en Afrique » . Rien sur le racisme au temps des Lumières. Rien sur un Bonaparte, épouvanté par le métissage, qui en juillet 2002 publie l’interdiction de l’entrée des Noirs sur le territoire continental avant de proscrire plus tard les mariages mixtes. Rien sur l’époque bénie des ethnologues et anthropologues du XIX ème siècle sanctionnant officiellement et scientifiquement l’infériorité du Nègre. Le seul dont Kelman fait état nommément est l’imposteur Gobineau : un simple diplomate illuminé par son pauvre lyrisme qui a produit un livre qui, en plus de ne pas avoir eu de succès à l’époque, n’était même pas scientifique. D’autres avaient pignon sur rue et défendaient les mêmes thèses racialistes et racistes mais, bizarrement, leur satanisation ne fait pas florès. On s’attendait à comprendre d’où venait la négrophobie et qu’elle en était les applications factuelles. Rien. Ou si. On apprend que si les Noirs sont victimes de stéréotypes racistes c’est d’abord leur faute.

Seule l’écume est perceptible tout au long de l’ouvrage. « Je suis noir et je n’aime pas le manioc » est un livre « au rabais, prônant un comportement malsain » (2). Au vrai, cet essai est un programme politique d’assimilation à destination exclusive des adolescents mâles noirs français d’extraction africaine que Gaston Kelman appelle avec mépris « les Blacks » et qu’il propose de civiliser, ni plus ni moins. Toutes les autres thématiques ne sont que le vernis qui sert à masquer des allégations hautement idéologiques, dont les trois quarts sont faites sans aucun souci de nuance.

Gaston Kelman est bourguignon parce qu’il l’a décidé un jour. Il veut donc que cela se sache : « Je suis bourguignon comme ceux qui y sont nés, parce que j’en ai un jour décidé ainsi. Je suis bourguignon parce que je n’avais plus de choix, parce qu’il fallait que je trouve une réponse originale à tous ceux qui me demandent sans arrêt d’où je viens et qui s’attendent évidemment à ce que je leur réponde que je viens d’Afrique ou peut-être des Antilles (…) Je suis bourguignon parce que j’en ai pleinement le droit, parce que l’existence précède l’essence, parce que j’ai absolument le droit de choisir ma nationalité comme je choisis ma religion et mon lieu d’ancrage, d’enracinement, sans que l’on me ramène sans cesse à des racines et à des origines que l’on croit, à tort, inscrites sur mon faciès négroïde ».(3)

Sur le fond, rien à redire à cela. Sur la forme, en revanche…Mais il poursuit : « Quel est le Noir à qui l’on a jamais demandé d’où il vient ? Qu’il lève le doigt afin que je le mette dans un cadre (…) »(4) . La simple question « D’où venez-vous ? » semble poser problème à Gaston Kelman. Il lui suffirait pourtant de répondre simplement « je suis originaire du Cameroun et je vis en Bourgogne parce que je l’ai décidé ». Et le débat serait clos, non ? Car quand on demande à Gaston Kelman d’où il vient, la réponse « du Cameroun » ne serait absolument pas insensée puisqu’elle est fondamentalement vraie. Mais l’art de chercher des poux en menant des pseudo-combats au rabais est quasiment culturel chez notre auteur. Il répète que « l’existence précède l’essence ». Qu’ il n’est pas question qu’ « une couleur de peau, qu’il [n’a] même pas choisie, [lui bousille] la vie, [détermine ses] origines, [sa] destinée terrestre, puis [son] profil professionnel, puis [son] lieu de vie »(5) .
Mais dans quel esprit tout cela est-il dit ? Lorsque l’on voit la violence avec laquelle il renvoie dans les cordes des auditeurs d’une radio en déterminant à leur place leur identité ( Vous n’êtes pas africain, vous êtes judéo-chrétien et vous mangez au Mc Do…la culture africaine n’existe pas. Vous n’allez pas nous dire que vous mangez du manioc ) sans ne rien connaître d’eux, on comprend que la posture ampoulée de démocrate super-républicain qu’il prend n’est qu’un leurre. La réalité est que Gaston Kelman est d’abord et avant tout un dogmatique qui veut imposer sa vision des choses à la majorité. Il désire que chaque Noir de France se détermine non pas comme il le désire mais comme lui, Gaston Kelman, l’exige. C’est une croisade aux évidentes arrières-pensées autoritaires.

Kelman est « très content, inestimablement content et fier d’être bourguignon »(6) . Lui qui a pondu un paragraphe entier totalement grotesque sur la « fierté noire », croit-il que sa petite fierté bourguignonne est plus légitime que celle de ceux qui ont vécu la discrimination et l’humiliation aux USA et aux Amériques ? De celle des Noirs qui ont vu leurs parents puis les parents de leurs parents se lever des places avant d’un bus pour aller, tels des pesteux, s’asseoir au fond, histoire de laisser leurs places à d’orgueilleux « maîtres blancs » ? Mais si la fierté de ces gens est grotesque, qu’en est-il de la fierté bourguignonne ? Infatuation caressant l’esprit de notre bourguignon, il finit par lâcher le plus sérieusement du monde : « La Bourgogne peut, elle aussi, être fière de moi, parce que vu l’originalité que l’on attribue à ma personne, je dois certainement faire avancer le tourisme »(sic)(7)

Lorsque Gaston Kelman insiste sur son exécration de la fierté noire, personne ne demande plus d’explications ? De qui parle-t-il exactement ? À le lire et à l’entendre, les Noirs français seraient des militants dans l’ âme.
Gaston Kelman procède comme à son habitude : il constate un fait chez des ados noirs en mal d’identité puis il tente de donner l’impression que la majorité des Noirs sont dans cette optique revendicatrice. On ne connaît aucun Noir français célèbre, dans la force de l’âge, avec une couverture médiatique importante qui utilise son aura pour tambouriner ce mot d’ordre : « je suis fier d’être noir ». Dans le cas contraire, il faut citer les noms de ces individus qui sloganisent leur fierté d’être noirs. De ceux qui, quand on leur demande l’heure, répondent « je suis fier d’être noir ...il est 21h33 » en levant un poing ganté. Cette assertion gratuite tendant à infantiliser les Noirs ne peut être issue que de son objet d’étude favori dans lequel il va piocher tous ses griefs sentant l’aigreur rance : certains ados noirs et délinquants du département de l’Essonne. Bizarrement, Kelman n’a pas fait le moindre commentaire sur un des tubes de l’été 2005, chanté par Yannick Noah à qui - à l’étonnement de qui ? - il ne trouve que des qualités(8). Dans ses paroles, Yannick Noah chante : « Je suis métis, un mélange de couleurs oh oh ! Je suis métis, je suis ici et d’ailleurs ». Puis encore au deuxième couplet : « Je suis une éclipse, une rencontre insolite / Je suis fier d’être métis, j’ai la chance de choisir »…

Page 137, pour mieux affirmer ses subjectivités et se rire de certains Noirs, il reprendra à son compte la fameuse et célèbre pensée - faite dans les années 60 - du très jeune écrivain nigérian Wolé Soyinka : « Parle-t-on de tigritude pour définir un tigre ? » . Kelman jubile et se sent appuyé dans ses affirmations contre la fierté noire : « Cela veut dire qu’il ne sert à rien de clamer sa fierté d’exister, de vouloir prouver son humanité à ceux qui en douteraient, à ceux qui la remettraient en cause »(9).

La citation exacte qui visait explicitement les pères de la négritude est : « A tiger does not shout its tigritude: it pounces. A tiger in the jungle does not say: I am a tiger. Only on passing the tiger’s hunting ground and finding the skeleton of a gazelle do we feel the place abound with tigritude »

Traduction : « Un tigre ne proclame pas sa tigritude : il bondit. Un tigre dans la jungle ne dit pas : je suis un tigre. Ce n’est qu’ en foulant son territoire de chasse et en découvrant la carcasse d’une gazelle que l’on sent l’ omniprésence de la tigritude... »

Cette métaphore est visiblement incomprise par les simplets qui veulent lui faire dire autre chose que ce qu’elle dit. C’est une métaphore de l’ évidence qui ne dit rien d’autre que pour se faire respecter il vaut mieux être craint et respecté plutôt que d’être fier. Le tigre fait peur à tout individu qui vient sur son territoire. Sa tigritude s’exprime dans la crainte qu’il génère chez tout intrus qui s’aventure sur son territoire à ses risques et périls, car celui-ci sait qu’il risque sa vie.
Ce à quoi Senghor a d’ailleurs répondu lors d’une interview : « le tigre ne peut proclamer sa trigitude tout simplement parce qu’il ne parle pas, le nègre si. » (10)

Gaston Kelman ne se contente pas de déconstruire les stéréotypes dont sont victimes les Noirs - d’ailleurs il n’en prend même pas le risque - il se contente de dire ce que tout le monde sait - sans jamais l’expliciter - et surtout d’accuser les Noirs, là encore dans leur entier et sans distinction, de « participe[r] à cette œuvre de pétrification de son image exotico-négative par l’essentialisation »(11) . Les Noirs sont coupables des préjugés dont ils sont victimes. Pour Gaston Kelman, c’est clair comme de l’eau de roche. Toujours dans son entier, le Noir a « sans qu’on lui ait rien demandé de la sorte, (…) décrété tout seul que le Blanc est l’étalon de la beauté, de la richesse, de l’intelligence (…)»(12)

Il poursuit : « En France, les réjouissances sur le déterminisme professionnel des noirs ne sont pas moins édifiantes et le coup d’envoi est donné par les Noirs eux-mêmes »(13) . A son arrivée en France, un « grand frère » le reçoit à son domicile en lui étalant sa réussite tant évoquée au pays. Gaston Kelman la raille avec un plaisir sardonique : « grand et superbe appartement ( HLM aux Flanades à Sarcelles bien sûr ), beau mobilier ( estampillé Conforama ) »(14) . Le très fier ami africain qui voulait épater un autochtone débarqué de fraîche date finira par prodiguer quelques bons conseils : « Petit frère, dit-il au jeune Kelman, toi qui viens avec tes petites idées d’étudiant, il faut que je te dise tout de suite, qu’un Noir ne travaille pas dans un bureau en France. Après tes études, tu rentres au pays pour travailler pour deux sous dans un ministère et vivre de corruption, ou bien tu acceptes de travailler ici dans le gardiennage comme tout le monde, pour un bon salaire [ le SMIC bien sûr ] »(15)
Le hasard fait bien les choses. Trop bien même diront certains. Notre bon bourguignon va de déveine en déveine et à chaque fois qu’il tombe sur des Noirs, il n’en croise quasiment jamais qui soient normaux, travaillent honnêtement, paient leurs impôts, votent. Tous sont des roublards diplômés ès resquilles, d’authentiques pique-assiettes sociaux vivant au crochet de la société française, des complexés se sentant inférieurs aux Blancs ou des aliénés en puissance ne pensant qu’à les singer. Voire tout à la fois. Au point où l’on se demande si, finalement, celui-ci n’a pas les amis qu’il mérite.
Car quelques pages plus loin, un nouvel ami s’improvise conseiller de mauvaise fortune. A la recherche d’un emploi « un camarade et frère »(16) ( encore un autre, décidément ), tout fier de lui, lui dégote un job de gardien dans un stade communal de football. Nouvelle confirmation du complexe d’infériorité des Noirs selon Gaston Kelman. Car le camarade de Gaston n’a pas compris que plutôt que de refuser ce poste, il « ne lui saute pas au cou de gratitude »(17) . Ah oui, on ne vous a pas dit l’essentiel : le petit paragraphe dans lequel se trouvent ces lumineux commentaires est intitulé : « Réaction commune de Noir ». Tout un programme…surtout quand on prétend dénoncer l’essentialisme.

Il persiste : « Il n’y a pas si longtemps, et cette époque n’est pas complètement révolue, les Noirs étaient tellement convaincus de l’improbabilité d’occuper des postes correspondant à leurs qualifications universitaires, que tous ceux qui avaient réussi à trouver un boulot de cadre supérieur étaient suspects d’homosexualité (…) »(18)
Étrangement, aucun des organes de presse dithyrambique sur le sujet « Je suis noir et je n’aime pas le manioc » ne s’est étendu sur l’abyssale débilité de certains arguments avancés. Trop heureux de trouver quelqu’un ayant la « légitimité chromatique » pour étaler sans retenue toutes les insanités permises.

Soyons honnêtes : après avoir usé sa plume à descendre en flamme les Noirs dans leur entier, il consentira à admettre que les générations actuelles de jeunes Noirs semblent avoir plus d’ ambition que celles de son époque.

Pourquoi rattaché systématiquement le Noir à l’Afrique ? Voulant couper court à ces stupides corrélations, Kelman prend en exemple les enfants noirs naissant dans des « couples blancs de souche » . Ceux-ci vivent un véritable « calvaire » . On suppose qu’il doit en exister beaucoup d’enfants noirs nés de parents blancs en France et que Gaston a fait une enquête approfondie pour affirmer de telles énormités. Mais quelle sorte de calvaire vivent-ils au juste ? De la discrimination ? Victimes d’un effroyable racisme ? Absolument pas. Non ! ce qui irrite Gaston c’est que le pauvre petit enfant né noir alors que papa et maman sont blancs, « chaque fois qu’il traverse la rue, on lui pose des questions sur ses origines que l’on voudrait africaines. Et quand il répond qu’il est breton, on insiste pour connaître ses ’’ vraies ’’ racines. (…) On peut tout à fait être noir, bourguignon, cadre. Je n’accepte pas que mon fils et ma fille, nés en France, soient enfermés dans des schémas préétablis et à jamais pétrifiés, qui les associeraient viscéralement au Zambèze et non à la Corrèze ; qui leur feraient préférer la chenille de Ngoulemekon à l’huître d’Oléron ; la danse dombolo kinoise à la valse viennoise (…). Le Noir devra apprendre à supporter le racisme et à ne pas s’appuyer sur lui pour justifier un quelconque échec. Il devra vivre et lutter, en attendant qu’il se hisse à un niveau où il cèdera la place du discriminé à un autre groupe (…) Si le Noir n’est pas encore arrivé à ce point, si objectivement il a peu de raison d’être fier de ce qu’il lui arrive, mais surtout de ce qu’il fait pour en sortir ».(19)

Dans le même ordre d’idées, il affirmait dans les Grandes Gueules de RMC que le patron qui refuse un emploi à un Noir le fait d’abord parce qu’il est persuadé que celui-ci n’est qu’un éboueur, puisque c’est l’image que l’on donne de lui. Raison pour laquelle il faut « aller vers lui et le soigner » ( sic). Le pauvre patron serait plus à plaindre que les discriminés.

Il faudra, insiste-t-il, que « la fraternité recouvre la nouvelle France, dont la diversité n’englobe plus seulement l’Auvergne, la Normandie ou la Corse, mais aussi le Négro-Africain (sic), l’indo-Tamoul ou l’Arabo-Berbère »(20) . Il a sûrement oublié que la France ce n’est pas que l’ « Auvergne, la Normandie ou la Corse » mais aussi Tahiti, la Guyane ou Mayotte. Mais dans cette France multiraciale et déjà multiculturelle, Gaston ne veut ressembler qu’aux métropolitains ( culture de l’assimilation oblige ), aux Auvergnats, aux Normands et aux Corses puisque ceux-ci sont blancs. Donc bien français et bien civilisés, relayant les autres à une France de seconde zone, sans attrait pour les allogènes de son genre.

La stupidité de certains arguments du livre nous laisse pantois. L’ obsession de Kelman est que l’on apprenne à sa fille et à son fils que leurs ancêtres sont des griots, en partant du principe que tout ce qui est noir se rattache à l’Afrique et que tout ce qui est africain relève de la culture griot. Toute la rancœur du livre se fonde presque exclusivement là-dessus. Cela transparaît à chacune des pages. Cet essai est d’abord un vide-aigreur qui ne dit pas son nom et travestit sa nature réelle en se présentant comme une analyse sociétale et sociologique sans faux-semblant d’une France qui refuse d’être multiraciale. Sur ce, et en ce nom, il entre dans un délire argumentatif dont la mauvaise foi le dispute à la culture des clichés et des généralisations qu’il pratique à outrance, tout en se faisant fort de le récuser chez ceux qu’il stigmatise véhémentement. Voilà ce que l’on lit pour signaler les dangers de l’évocation des origines des élèves africains(21) :
« Imaginons qu’un professeur se mette un jour en tête de transmettre la " culture africaine " à ses élèves et que le seul élément à sa portée soit d’origine hutu. Imaginons encore que, dans cette classe, il se trouve un innocent enfant d’origine tutsi né en France, donc ignorant tout des drames africano-rwandais qui hanteront à jamais le sommeil de son père, lequel essaye vainement de s’en débarrasser en s’adonnant à la boisson. Après l’intermède scolaire afro-hutu de son enseignant bourré de bonnes intentions, le gamin rentre à la maison et entonne innocemment une berceuse ou une mélopée hutu, peuple à jamais haï des Tutsis. Le père, qui est dans un de ces soirs où il a forcé sur la bouteille, devient fou furieux, a des hallucinations. Reviennent alors en sa mémoire perturbée, l’incendie de sa maison, le massacre de sa famille et la cause de son exil. Dont le responsable est le peuple hutu ( sic). Il n’est plus capable de discernement, et dans son délire, son fils devient l’ennemi de toujours. Il fonce sur lui avec le premier couteau(22) de cuisine à sa portée, lui tranche la gorge et lui transperce le cœur(23). Qui sera le responsable de ce drame ? L’ignorance, bien sûr ! Et accessoirement, l’excès de zèle »(24)

Ce n’est absolument pas du second degré. Plus encore, nous apprenons que c’est le « peuple hutu » dans son entier qui est responsable du génocide alors que l’on sait incontestablement aujourd’hui que les extrémistes du « hutu power » ont aussi éliminé des hutus modérés qui refusaient de tomber dans le fascisme et la haine du Tutsi. Voici donc les raisons objectives qui devraient inciter les professeurs à stopper cette manie de renvoyer leurs élèves à l’Afrique : chez eux, ils ont sans doute des parents qui sont de vrais Africains, bien arriérés et qui égorgent des hommes un peu comme les Anglais boivent du thé. C’est un réflexe culturel. Prenez garde à ce qui se cache derrière chacun d’entre eux. Dans chaque Négro-Africain sommeil un barbare qui peut à tout moment nous exécuter un concerto de viande hachée humaine à la machette parce que son fils lui chanté une « mélopée ethnique ».

Kelman enrage encore lorsque l’ ambassadrice brésilienne à Londres affirme que « le Brésil est le plus grand pays du peuple noir d’Afrique, le deuxième étant le Nigeria (…) »(25) car pour lui, avec cette façon de penser, « les Noirs sont condamnés à être à jamais des Africains. Les Noirs américains partis depuis des siècles ne se disent-ils pas toujours afro-américains ? »(26)
Dans un article de l’Unesco inventoriant la réalité sociale brésilienne, l’évocation « des misères des Brésiliens noirs, victimes du racisme »(27) ravive son aigreur de plus belle : « Cette solidarité de la misère chez les Noirs est agaçante. Vivement qu’ils trouvent à revendiquer des communautés de destin plus valorisantes, plus positives. Pourquoi les Australiens et les Néo-Zélandais ne se revendiquent pas de l’Europe ? Noir c’est noir, d’accord ! Mais pas forcément africain »(28).

Tout ça pour en venir où ? À l’assimilation. Pour que Kelman se sente français et accepté par les autres, il faut d’abord que les autres Noirs cessent de parler de leurs racines comme le feraient les Australiens et les Néo-zélandais. « Pourquoi les Australiens et les Néo-Zélandais ne se revendiquent pas de l’Europe », demande-t-il ingénument. Tout simplement parce que c’est officiellement fait par l’État lui-même : l’Australie se désigne comme étant un « pays occidental », sa classe dirigeante se définit ainsi, on y parle l’anglais et ses mythes fondateurs sont clairement identifiés. Les ancêtres des Australiens et des Néo-Zélandais d’origine européenne sont arrivés de leur plein gré, pas enchaînés comme des mules et discriminés depuis des générations.

Le Bourguignon découvre que des peuples d’Amériques sont écrasés socialement, que leur représentativité et leur dignité sont bafouées et que, comble de leur forfanterie, ils osent le dire haut et fort alors que le culte de la « démocratie raciale » a, au Brésil, posé un voile sur l’exclusion des gens en souffrance en activant sans cesse ce pot à fantasmes qu’est le métissage. Les Brésiliens noirs ont raison de se préoccuper du sort des laissés-pour-compte, des exclus et de ne pas se contenter des seuls débouchés que la société brésilienne leur autorise, soit prostituées, nounous et bonnes, techniciens de surface et dealers. Ils ont raison de ne pas se laisser dévorer par la fatalité qui sclérose le petit esprit des quelques singes savants aliénés qui n’ont visiblement pas idée des dégâts multidimensionnels de l’esclavage.
On connaît, en Europe, les vertus apaisantes de « l’idéologie du métissage » : dès qu’un débat est organisé sur une question qui fâche ou que l’on désire minorer des comportements criminels dont ont été victimes certaines personnes - surtout quand elles sont noires - on sort du chapeau l’alibi du métissage pour exploiter son fort potentiel affectif (29).

On l’a vu lors d’un débat suivant un reportage pourtant nommé « Noires mémoires ». La question du métissage était omniprésente et le présentateur a clairement affirmé sur un ton paternaliste qu’il fallait, pour les Noirs, choisir entre cette option incarnant l’ouverture ou l’extrémisme noir anti-blanc. Très bien. Très bon choix. Les Noirs sont condamnés à être ou anti-blancs, ou pour la systématisation du métissage, et rien d’autre. On ne savait pas que les consciences politiques et sociales d’ individualités pourtant majeures se décidaient dans les salons parisiens. Bref ! « Noires mémoires », donc. Et qu’y entend-t-on ? Un métis franco-africain divaguant sur la perception que les autres ont de lui selon l’endroit du monde où il se trouve. Ce dernier finissant par avouer, à peine convaincant, qu’il serait incapable de dire qui est blanc et qui est noir dans sa famille. Qu’est-ce que ce genre de témoignages vient faire dans un débat qui traite d’un sujet aussi important(30) ? Allez savoir !
Bien sûr le débat ne se réduisait pas à cela - encore heureux. Et le but n’est pas de le sous-entendre. Seulement, l’immixtion du métissage était considéré comme consubstantielle au débat, puisque précisément celui-ci parlait d’une problématique noire.
Cette image représente à elle seule un certain fantasme paternaliste : l’émergence d’un Noir qui martèle qu’il ne l’est pas vraiment, que dans ses veines coule du sang de toutes origines, qui n’a aucune conscience, aucune contenance et dont la production intellectuelle ne se limite qu’à des problématiques d’ordre raciales et biologiques qu’il sera en mesure de balayer d’un simple revers de main : mon père est blanc, ma mère est noire. À bas le racisme ! Le racisme, c’est pas trop cool! Le rêve vous dit-on ! Un rêve à portée de main ! La France est déjà bien partie dans ce domaine pour rattraper les quelques célèbres nigauds Afro-Brésiliens, tels le footballeur Pelé ou le chanteur Carlinhos Brown, tous deux spécialistes en la matière. On commence déjà a voir émerger cette petite aristocratie du désert intellectuel réduisant la complexité du monde, les haines, les guerres, les racismes à leur inculture et à leur métissage.
Pas un débat sérieux sur des problèmes touchant les Noirs où cette digression n’intervient pas de manière latente ou patente. Alors que le même débat sur le problème palestinien sera rarement dévié sur les questions de métissage, entre Israéliens et Palestiniens, supposées régler tous leurs différends une fois qu’ils seront tous un peu juifs et un peu arabes. Soit la fonction salvatrice du métissage est universelle, et est l’antidote à toutes les problématiques posées dans le monde, et dans ce cas elle a parfaitement sa place dans le débat antiraciste. Ou alors elle ne l’est pas, et son expulsion est parfaitement légitime. Mais on ne peut pas ne la réserver qu’aux seuls Noirs et aseptiser constamment des causes parfaitement légitimes en la sortant de la naphtaline au moment propice. On devine parfaitement ce qui peut se cacher derrière ces instrumentalisations : le racisme a généré des hiérarchies, des emprises mentales, des dominations psychologiques, une esthétique de l’ aliénation et du complexe d’infériorité, le tout sous le dénominateur commun qu’est la race, la couleur de peau. Frantz fanon l’a très bien analysé dans Peau noire, masques blancs .
Beaucoup des bénéficiaires de l’aliénation n’ont pas envie de voir leurs petits privilèges remis en cause. L’ introduction de l’agent de contournement qu’est le métissage, c’est d’abord l’introduction de ce que l’on nomme le pathos ! un arsenal rhétorique dont l’unique fonction est d’émouvoir l’opinion et de la gagner à sa cause en jouant sur l’impact émotif qu’elle suscite.

En fait chacun cherche à mettre le grappin sur cet alibi en masquant des subjectivités pas très honorables. Comme par le plus grand des hasards, ces subjectivités recoupent parfaitement les corollaires du racisme anti-noir : négrophobie inconsciente, auto-phobie, intériorisation des postulats fondés sur la supériorité ontologique de tout ce qui est blanc sur le reste, désir de lactification qui se traduit par la systématisation de l’exogamie chez certains Noirs en France etc. Très facile - et à peine moins méprisant - de ramener cela à une preuve d’ouverture en niant les évidences.
L’aliéné s’est ainsi habitué à mettre ses propres désirs non-assumés sous pavillon « métissage » afin de dissimuler ce qui n’est pas dicible et de le refouler. Il revendique le droit de jouir sans entraves de ses désirs et utilise pour cela tous les mythes que la bien-pensance « pro-amnésique », cette pathétique rombière imbue d’elle-même et oublieuse des inévitables conséquences du racisme, a conceptualisé à cet effet.
Les évidents corollaires du racisme anti-noir sont donc totalement gommés par la narration « antiraciste » qui les a intériorisés. À ce point de non-retour, elle est persuadée que parler sans cesse de métissage aux Noirs, correspond à ce qu’ils attendent puisqu’ils sont aliénés et complexés par nature. Ils sont en terrain conquis.

Comment peut-on se dire antiraciste, anti-aliénation etc. et continuer à réduire la question du racisme, autant que ses modalités d’expression, aux deux snobismes modernes du « refus des extrêmes » et de l’apologie du métissage ? Saura-t-on dépasser cette aliénation caricaturale un jour et intégrer un vrai audit contextualisé ? Saura-t-on refuser la marginalisation de données fondamentales qui découlent du racisme, même si celles-ci ne plaisent pas à la majorité morale qui ne connaît de toute façon absolument rien de sa propre histoire - alors celle des autres - et n’entend que ce qui la flatte ? Rien n’est sûr !

Disons les choses clairement : pour un Noir qui se prétend antiraciste, la réduction des conséquences de la négrophobie depuis au moins cinq siècles aux seules postures réductrices et ridicules de l’antiracisme paternaliste est une escroquerie sans nom. Pis, c’est la preuve même de son aliénation. Par extension, un aliéné est une personne qui sous la contrainte de pression externes « est détournée de la conscience de ses véritables problèmes » et accepte de se soumettre servilement à l’injonction de la majorité institutionnelle, tout en sachant que les éléments constitutifs de cette injonction ne prennent pas en compte tout ce que le racisme a pour corollaire. C’est un peu comme si un SDF revendiquait une conscience fondant le refus de la misère et qu’ensuite il allait reprendre le discours d’un Patrick Balkany qui, piégé alors qu’il croyait s’adresser à des journalistes américains, affirme que les SDF sont heureux en France et qu’ils choisissent souvent d’être ce qu’ils sont d’eux-mêmes…



La marronnité versus la blackitude

Revenons-en à nos moutons. Le concept de marronnité que décrit Kelman est impalpable, sans âme et semble né de la seule volonté d’user d’ un néologisme donnant un semblant de contenance à un corpus théorique qui fonderait la pertinence sociologique de ses écrits. On sait juste qu’il désigne des filles noires qui refusent de se comporter comme des « blacks ». Autant prévenir tout de suite : le terme « black » est très péjoratif dans la plume de Kelman. La marronnité ? C’est l’inversion de la blackitude des garçons : « Autant la marronnité est active, combattante, réfléchie, positivante, autant la blackitude, dont nous reparlerons plus loin, est passive, subie, réactive, destructrice, bien malgré elle, bien sûr ». Le terme black se conjugue clairement avec tout ce qui est malsain et violent. Alors que le marron, couleur que revendique sa fille qui n’est « pas noire [mais] marron, marron clair ! »(31) est la couleur de l’espoir.
C’est par le biais de sa fille et de la révélation de sa couleur marron que Kelman admet s’être posé des questions sur la constitution des identités des Noirs du monde occidental. Du caviar d’inepties, première classe :

« À l’age de trois ans (32), l’enfant [noir] découvre à la maternelle qu’il est différent. C’est la grosse révolte qui, chez le garçon, se traduit par le repli sur soi, par le rassemblement avec ceux qui lui ressemblent. Parfois, ce repli est accompagné de rage (…). Les filles, quant à elles, refusent farouchement d’être différentes, d’être noires, de manger des cookies et le chocolat qui assombrirait un peu plus leur peau (…) Jamais à ma connaissance, on n’a entendu un garçon revendiquer la marronnité.
Cette tentative de gommer les différences ne s’arrêtera plus jamais. Ainsi, si les garçons adoptent les modes noires-américaines, les filles se réfèrent aux Lolita blanches ou noires des clips télévisés et des magazines people, pour s’habiller, pour se maquiller, pour se coiffer ( perruques, postiches ou mèches de cheveux européens )(33). Même les coiffures rastas qui rasent les petits popotins cambrés, répondent à cette volonté de se rapprocher du modèle majoritaire. Mais rien n’y fait et la différenciation persiste (…)
Alors de même que, dans leur tendre enfance, elles ont refusé farouchement d’être noires, à leur adolescence, elles vont avoir l’esprit marron. » (34)


Ainsi donc, à trois ans, le « Black » est moulé par l’atmosphère de rejet qui en fait un potentiel loubard. La fille, elle, est forgée dans un autre moule, celui de la marronnité qui se dessine au gré de son désir d’ouverture. Chez le « Black » c’est l’exclusion de l’altérité. Chez la « marron » c’est son inclusion. Tout ça à trois ans.

Les «Blacks » sont donc ces jeunes violents et agressifs qui squattent les halls d’immeubles, s’habillent à l’américaine et « installent un affrontement »(35) avec ceux qui les rejettent. Ils restent « strictement cantonnés entre Blacks »(36) alors que les filles adeptes de la marronnité sont, elles, bien plus portées à « réussir à l’école, [à] participer à des actions multiraciales »(37) (sic) et « auront généralement des copines de toutes les races »(38)

Le chapitre intitulé « Je suis noir et je n’aime pas les Blacks » rentre dans le vif du sujet de ses détestations : « La Blackitude est un produit qui a trois sources principales. La première est sociolinguistique et c’est ce que j’appelle les édulcorations coupables. La deuxième est le fruit du rejet dont ceux qu’on nomme les Blacks se sentent victimes. La troisième, c’est en référence aux USA (…) Pendant la colonisation, le nègre est devenu Noir. Je ne sais s’ il a gagné à ce changement d’identité »(39)

Le black serait « une espèce »(40) avant d’être finalement un terme s’appliquant « aux jeunes d’origine noire - africaine ou antillaise - qui l’ont repris entièrement à leur compte, tant et si bien que l’on pourrait se demander s’il n’en sont pas les inventeurs »(41)
Le mépris qu’à Gaston Kelman pour ces jeunes Noirs qui ne partagent pas ses préoccupations « franco-centristes » est fascinant. Comme la plupart des jeunes français et européens, ces jeunes sont attirés par des musiques qui, pour la plupart viennent des USA. Ils ne sont par conséquent pas très différents des autres français d’origine turque, indienne, berrichonne ou vietnamienne qui s’habillent en baggy ou écoutent Marilyn Manson. Beaucoup de ces « blacks » fréquentent pareillement les soirées afro-antillaises et dance hall.

La dynamique de conquête des identités n’existerait pas : l’homme est le fruit culturel, voire social, de l’endroit où il naît. La réalité est bien différente ! l’identité ne se subit pas seulement comme le croit Kelman, qui vante un déterminisme culturel fardé sous une logorrhéique prétention à l’universel. On peut aussi faire la conquête de son identité au nom de penchants et d’attirances que l’on affirme pour telles idéologies, telles croyances, pour son identification à tels mouvements contestataires ou de mode etc.
Peut-être serait-il plus français, plus « terroir », d’aimer Pascal Sevran pour faire plaisir au monde rural, et s’attacher à un déterminisme culturel qui vous marque au fer rouge dès la naissance et définit votre destinée selon votre lieu de naissance ? Et pourquoi Gaston Kelman aurait-il le droit de choisir ce qu’il veut être alors que pour les autres, il professe une soumission aveugle à l’injonction assimilatrice ?

Kelman se félicite de voir la réussite de certains Noirs dans des sports réservés d’ordinaire aux classes aisées blanches des pays occidentaux : le tennis et le golf, notamment. Par exemple, « au tennis, si on ramène le taux de réussite aux nombres de licenciés, la race noire - avec Ash, Noah et les sœurs Williams - devient la championne des races de tous les temps. (sic)
(…)Du côté du golf, Tiger Woods tout seul hisse les Noirs aux meilleurs scores raciaux »(42) (re sic).


Des scores raciaux !! Quand Yannick Noah parle des Noirs il ne s’inclue absolument pas parmi eux, alors pourquoi faire de lui un Noir s’il ne le désire pas ? Idem pour Tiger Woods qui se dit « cablasian » ( Caucasian, Black, Asian) et ne supporte pas du tout que l’on dise de lui qu’il est un Noir.
Pour quelqu’un qui désire qu’on le voie comme un humain et non pas comme un Noir, ce type de discours d’essence raciale absurde fait assez désordre : la race noire championne de tous les temps !
Plus loin, il raillera pourtant l’enthousiasme « des Noirs » qui jubilèrent à l’élection de Kofi Yamgnane : « On avait l’impression qu’un singe savant venait de franchir une étape supplémentaire dans la manifestation de son intelligence. Les Noirs de France et d’Afrique(43) ont bombé le torse ». N’est-ce pas ce qu’il fait ici, bomber le torse en faisant état d’un hit-parade racial sans intérêt ?

Kelman utilise des termes tout droit sortis du vocabulaire éthologique à l’ encontre des jeunes noirs afin de les stigmatiser au maximum. Il les voit comme des individus « fortement bestialisés,[et] comme une meute, [qui] s’associent sur les critères d’espèce à défendre, et de territoire à protéger »(44) . Gaston n’a pas eu le courage de pousser son raisonnement jusqu’au bout du bout. Une meute de quoi ? D’animaux prédateurs, des loups sans doute ou quelque chose s’en approchant !
« Les Blacks français, poursuit-il, évoluent ensemble, ils sont entre eux, en bande, à l’écart des Blancs, comme s’ils cherchaient à se soutenir mutuellement. Leurs idoles ne sauraient appartenir qu’au monde noir, alors que de l’autre côté de la Manche, le look Beckham - je l’ai même vu avec des tresses - est adopté par tous les petits noirs dont il est l’idole incontestée. N’est-ce pas comme un geste de reconnaissance à la société anglaise qui accorde une meilleure place aux Noirs dans les médias, dans la vie politique et dans la société en général ? »(45)

Comment en arrive-t-on à caractériser une attitude d’une partie des Noirs en rattachant le sobriquet méprisant de « black » dont on les affuble à leur comportement pour ensuite se contredire ? Si les « Blacks » sont des meutes (d’animaux) bien particuliers, ils n’ont donc rien de bien différents des autres « Blacks » de Grande-Bretagne qui y sont beaucoup plus violents. Or ici, Gaston Kelman ne compare pas les « Blacks » français à leurs homologues « blacks » anglais mais fait une projection comparative entre eux et les Noirs anglais en général. Ceux-ci sont tous réduits, sans exception, à des adorateurs du « Blanc » Beckham, juste pour une question de gratitude envers la société.
On doit comparer ce qui est comparable : le sous-ensemble d’un ensemble doit être confronté à un autre sous-ensemble d’un ensemble pour que la comparaison fasse sens. Sinon elle n’a aucun intérêt. Il serait absurde de dire par exemple que « Les Lepenistes français votent pour un raciste pendant qu’aux USA, les américains blancs ont des maires noirs dans leur grande ville ». Cette assertion sous-entendrait que ce qui est vrai dans le premier cas ne l’est pas forcément pour le deuxième. Il existe des électeurs américains qui votent aussi pour des politiques xénophobes fondées sur la thématique « fermons nos frontières ! Ils nous envahissent ».
D’un autre côté, il y a des bandes « blacks » très dures en Angleterre et les bandes de petites frappes françaises sont des amateurs à côté des gangs anglais qui règlent parfois leurs problèmes avec des armes de guerre, comme on l’a vu avec l’assassinat de deux adolescentes par un gang rival il y a quelques mois.

Les Blacks demeurent une « fabrication hybride, ni Français, ni rien d’autre [qui continuent] à évoluer en bandes, à encombrer les entrées d’immeubles et les arrêts de bus, comme les âmes en peine qu’ils sont. A se serrer les uns contre les autres, à agir les uns par rapport aux autres, à se tuer les uns les autres. Pauvre Roland ! Pauvre Romuald ! (…) »(46)

Romuald ? C’est cet adolescent noir de 14 ans assassiné en novembre 2000 à Courcouronnes. Un règlement de compte entre « Blacks » ? Absolument pas. C’était une descente armée de plusieurs amis d’une cité dont les « petits frères » avaient été agressés dans la journée par d’autres « petits frères » de la cité voisine. Les « grands » sont donc allés se venger et blesser n’importe qui, tant que ça représentait la cité d’en face - logique absurde, personne n’en disconviendra.
Les principaux condamnés pour le meurtre de Romuald ont pour noms Mokhtar Dris, Sofien Hassnaoui et Ouicem S’Hili. Qui font tous trois, sur le plan patronymique, très négro-africains, n’est-ce pas M. Kelman ? L’auteur du coup de feu mortel - manque de chance - est un Blanc tout ce qu’il y a de plus blanc, nommé Aurélien Legrain.
Il n’y a par conséquent aucun noir impliqué dans cet assassinat. Seule la victime, qui était un collégien tranquille et sans histoire, était noire. Mais Gaston Kelman se doit d’ inventer des faits afin d’alimenter son discours idéologique négrophobe. Pis encore, il va même jusqu’à faire du pauvre Romuald un « Black »,( cf. : « à se tuer les uns les autres » ), donc une racaille non-civilisée habituée à squatter les halls d’immeubles, alors que tout porte à croire que le jeune antillais n’était en rien impliqué dans ces histoires de bagarres entre cités. Bravo pour les amalgames. Gaston Kelman a raison d’écrire « Pauvre Romuald ! » quand on voit ce qu’il en fait en instrumentalisant sa mort pour la mettre au service de sa médiocre propagande.

« Les Blacks sont nés de l’ignorance de leurs parents par rapport aux modèles locaux. Les parents ont cru - ou pis, on leur a faire croire - qu’ils pouvaient reproduire ici les modes de vie de leur pays d’origine. Que de fois on a entendu des parents noirs dire que leurs enfants ont des problèmes parce que l’on ne les laisse pas les éduquer à l’africaine »(47)

Voilà le gros problème des « Blacks » : leurs parents se croient encore au pays. Il est évident que si ces parents étaient intégrés, les « Blacks » n’auraient pas existé puisque, comme chez les ados Français de souche, il n’y a pas de crise de la construction d’une identité ni de crise de la puberté. Plus sérieusement, on comprendra la portée de cette critique comme une reconnaissance tacite de la prépondérance de l’ethnique et du culturel sur le social. La racialisation de faits relevant du social, est toute proche. Rien n’y résiste. Toute la délinquance juvénile émanant de jeunes « blacks » est ramenée à des modalités d’intégration que les parents n’ont pas su intérioriser. Comprenez : la délinquance « black » en France est affaire de culture.
Et si, finalement, ces familles que Gaston Kelman voue aux gémonies n’étaient finalement pas si éloignées des familles monoparentales de délinquants français de souche ? Ou des familles des classes sociales défavorisées ? Ou encore, du lumpenprolétariat ? Voici le vrai discours de Gaston Kelman que les médias ont refusé de voir, obnubilés qu’ils étaient par la caricature du bon Noir débonnaire et souriant qui dénonce le racisme des Blancs et le victimisme des Noirs.

En Afrique, les enfants serviables sont paraît-il légion. Et lorsqu’ils gagnent la confiance des gens du village, ceux-ci les envoient volontiers faire leurs courses. « Seulement là-bas, continue Gaston Kelman, le vendeur qui tient sa boutique, la protège de son corps. (…) Et le gamin qui vient acheter du pain ou du sucre n’est pas au contact de la marchandise, et même s’il se transformait en Arsène Lupin, il aurait beaucoup de mal à dérober quelque chose. En France, les enfants que les parents envoient faire les courses, lâchés dans Carrefour, Leclerc, Auchan ou dans un autre supermarché, ne peuvent résister longtemps à la tentation. Ils vont voler une tablette de chocolat, puis un CD, puis quelque chose de plus cher, jusqu’au jour où ils se feront attraper. Entre-temps, ils auront pris goût au vol, au bien mal acquis et aux escapades solitaires ou en bandes.
Le plus grave, c’est que beaucoup d’enfants noirs ne sont pas Blacks parce que leurs parents les y ont poussés, bien involontairement d’ailleurs, à cause de leur méconnaissance des codes locaux. Certains sont Blacks parce que la société française ne cesse de les y acculer ou bien parce que c’est l’impression ou la conviction qu’ils possèdent. D’autres, enfin, sont blacks parce que tout jeune Noir en France doit être un Black. Ils ne comprendront pas l’insistance des parents à vouloir les maintenir à la maison alors que les Blacks sont dans la rue (…) » (48)


Pourquoi renvoyer ici les jeunes Noirs à l’Afrique pour ensuite comparer les potentialités de larcins que cette dernière leur offre par rapport à la France, si ce n’est sous-entendre que ces gens seraient des voleurs nés marqués par le fer du déterminisme culturel ? Devient-on voleur par nécessité, par éducation, par le biais de la culture ?
Ces questions méritent d’être posées puisqu’au détour d’une allusion à son « programme », il affirme son soutien à la discrimination positive, puis reconnaît cette détermination au nom d’un homme « Noir, père de Black malgré lui et de marron-clair et fier de l’être »(49) . Nous y voilà : toute cette aigreur et ces leçons magistrales d’intégration ont une raison. Kelman, le cadre si fier, a un fils « black » qui doit s’habiller en baggy, écouter du rap et avoir des amis majoritairement noirs. A-t-il failli à sa tâche paternelle ( paternaliste ) ou cherche-t-il à accuser les autres de son incompétence tutélaire ?

Lorsque Gaston Kelman se rend compte que, des jeunes français noirs ( il ne précise pas si ce sont des « Blacks » ) avec lesquels ils discutaient, souhaitaient la défaite de l’équipe de France de football lors d’un match officiel, il reste hébété : « (…) Je n’imaginais pas qu’un seul [de ces jeunes] puisse dire cela. Surtout quand je leur apprends que la majorité des Bleus étaient blacks (sic) en 1998 »(50) . Et quelle conclusion tire t-il de cela ? Il se demande « quel séisme avait pu faire évoluer les choses dans ce sens en si peu de temps depuis la coupe du Monde et la déferlante fraternelle de la jeunesse black-blanc-beur. (…) Mais le désamour était là, profond, palpable »(51) . Déconcertante candeur ! Le pauvre Gaston Kelman a cru à l’illusion d’optique de l’effet coupe du monde dans une société fondamentalement conservatrice, incapable d’intégrer ces enfants colorés dans ses banques, ses postes de cadres, dans certains de ses logements, dans ses écrans de cinéma et de télévisions. Et l’on s’étonne qu’ils ne se sentent pas français quand, devant leurs yeux, leurs grands frères et grandes sœurs se voient proposer des emplois sans rapport avec leur niveau d’instruction ? Fait véridique : un emploi de femme de ménage a été proposé par l’ANPE d’une ville alors que le CV de la demandeuse d’emploi annonçait, tenez-vous bien, bac + 9 ! Mais elle ne faisait pas couleur locale…

Kelman voit de l’essentialisme partout. Le président du Sénégal descend pour fêter le parcours de son équipe lors de la coupe du monde et il crie à l’ « essentialisation ! ». Le président Wade aurait dû s’indigner au grand jour face à la presse internationale qui félicita l’équipe du Sénégal pour sa première et belle prestation en Coupe du monde. C’est Gaston qui le dit puisque lui n’est que dans une configuration pessimiste dès qu’il parle de quoi que ce soit qui touche les Noirs.
En conséquence, il ridiculise les footballeurs sénégalais et jure qu’ils ont passé leur temps à danser, durant leurs prestations en Corée et au Japon, dès qu’une caméra les filmait. À ses yeux, le Sénégal a été éliminé parce que ses stupides joueurs-noceurs répondaient aux sirènes de l’injonction déterministe qui en faisait des danseurs patentés, toujours prêts à exécuter un pas de m'balax. Le Bourguignon explose donc face à la résignation du président sénégalais qui, selon lui, aurait dû admonester ses joueurs pour la honte qu’ils ont fait subir non seulement à leur pays, à l’Afrique toute entière, et bien sûr à un Bourguignon apostolat, dévoreur de steak saignant de son état, qui proclame partout qu’il est bien Français tout en trouvant toujours quelque chose à redire sur les Africains en général :
« Au lieu de protester contre cette coupable infériorisation de son pays, le président sénégalais est sorti dans la rue pour danser le m’balax - autre élément d’essentialisation : les Noirs auraient la danse dans la peau - avec le peuple, toutes classes confondues, parce que le club Sénégal avait rempli sa mission en battant la mère patrie France »(52)

Il y a là une utilisation du terme « essentialisation » qui n’a rien à voir avec ses diverses acceptions. Tomber dans le piège consistant à interdire aux Noirs de danser au motif que les occidentaux leur prêtent des aptitudes dans cette expression corporelle relève de la bêtise quintessenciée. Si le président Wade(53) avait dit « nous avons le rythme dans la peau, nous les Noirs, alors dansons », le commentaire aurait été opportun et l’on n’aurait pu crier à l’essentialisme. Ou, plus exactement, au déterminisme biologique ou racial puisque c’est le déterminisme qui à la prétention d’affirmer que la race détermine les aptitudes et inaptitudes des individus. Faudra-t-il que les Noirs arrêtent de danser parce qu’on leur prête des aptitudes pour ? Il faudrait aussi qu’ils arrêtent de faire de la musique, de jouer au foot et au basket ? A ce point là autant faire acte de candidature à l’Ordre cistercien pour devenir moine trappiste. Ce qui ne déplairait d’ailleurs sûrement pas au fervent catholique qu’est ce singulier Bourguignon qui a boosté le tourisme à lui tout seul.

Il va de soi que Gaston Kelman ne trouve rien de choquant dans la phrase de Jacques Chirac au sujet « du bruit et des odeurs ». Bien au contraire, il l’a même revendiqué dans plusieurs interviews. Il pense que le débat est légitime et que seul la volonté de draguer l’électorat du front national peut, à la limite, autorisé la réprobation générale. Sinon, sur le fond, rien à y redire :

« Notre problème, disait Jacques Chirac lors d’un meeting RPR à Orléans, le 19 juin 1991, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. C’est peut-être vrai qu’il n’y a pas plus d’étrangers qu’avant la guerre, mais ce n’est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d’avoir des Espagnols, des Polonais et des Portugais travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d’avoir des musulmans et des Noirs [...] Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15000 francs, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50000 francs de prestations sociales, sans naturellement travailler. Si vous ajoutez le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. Nous n’avons plus les moyens d’honorer le regroupement familial. Et il faudra enfin un jour poser le grand débat qui s’impose dans notre pays, qui est un vrai débat moral, pour savoir s’il est naturel que des étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d’une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne payent pas d’impôts »

Mettre l’emphase sur l’origine raciale de voisins bruyants relève d’un comportement « petit ». On a le souvenir d’un argument que Jean-Marie Le Pen utilisa lors d’un débat télévisé : « que feraient les antiracistes de gauche si, entrant chez eux, ils y trouvaient installer une famille de sénégalais se servant dans leur frigo et faisant comme chez eux ? ». Personne n’a cru bon de lui répondre que ça ne ferait pas plus de mal que si c’était une famille de Suédois puisque la nature du contentieux porte sur le seul envahissement d’un appartement par des tiers. Au terme de la loi, quelque soit l’origine raciale ou ethnique des squatteurs, le problème se posera de la même manière. Par conséquent, mettre en exergue la nationalité ou l’origine raciale des envahisseurs sous-entend qu’il serait permis à des Suédois d’agir ainsi. Si Jean-Marie Le Pen revenant de vacances voit sa villa de St-Cloud occupée par 15 Allemands, blonds aux yeux bleus, il aura la même réaction que tout le monde.
Les propos de Jacques Chirac ne mettaient donc pas l’emphase sur un quelconque comportement à avoir entre voisins mais bien sûr l’impossible assimilation de certaines vagues d’immigrations.

Gaston Kelman a fait un raffut sur son adversaire « black », avant de passer la balle au Point qui aplatit dans le camp adverse en se fendant d’un article purement et simplement calomnieux titré « Banlieues - Émeutes. Les Blacks en première ligne ». Le texte d’introduction est aussi fin : « La communauté noire se replie dans un communautarisme inquiétant. Et la polygamie n'arrange rien : beaucoup d'enfants sont dans la rue, faute de place à la maison ». En lisant les premières lignes on se demande si l’on ne feuillète pas le Libre journal de la France courtoise de Serge de Beketch : les voitures qui brûlent ? Il y aurait une majorité de Noirs ! Les vitrines qui cassent ? Les enfants polygames qui errent dans les rues sont en première ligne ! Il y aurait des familles entières d’Africains polygames à Lyon, dans le Pas de Calais, à Strasbourg, à Pau et partout où les feux ont pris. Les enfants des familles africaines forment les bataillons de l’Intifada française. Ils sont partout.
Bien sûr, quand on fait de la démagogie, on prétend toujours dire tout haut…vous connaissez la suite.
Le papier du Point relève de la diffamation raciale à l’état pur. Au motif que des Noirs furent impliqués dans ces évènements, Le Point évoque « la communauté noire [qui] se replie dans un communautarisme inquiétant » comme si des pré-adolescents en phase d’apprentissage de délinquance représentaient « La communauté noire ». Le Point ose même poser la question, « peut-on pour autant parler d’émeutes raciales comme le clame la presse anglo-saxonne ? Même si le sujet est tabou dans la France laïque et jacobine, plusieurs indices montrent l’émergence d’une conscience black radicalisée » . C’est un peu comme si un journaliste noir racialisait les viols des 45 enfants de l’hallucinante affaire des familles incestueuses et pédophiles d’Angers en termes aussi ignobles : « Avec l’affaire d’Angers, nous constatons une chose que d’aucuns taisent au nom d’un insupportable politiquement correct : la communauté blanche est de plus en plus impliquée dans des actes d’incestes sordides » . Depuis quand des délinquants ou des criminels représentent-ils des communautés ?…Le Kelmanisme a de beaux jours devant lui.




© Kahm Piankhy - Tous droits réservés - novembre 2005



Source : www.Piankhy.tk



Remerciements à Héloïse et à Jérémie.

Erratum : dans la 1ère partie de « Petites critiques du kelmanisme ambiant », une erreur s'est glissée au sujet d' Ibn Khaldun qui est un philosophe-sociologue, non pas du XII éme siècle comme écrit, mais du XIV.



Note :


(1) Gaston Kelman « Je suis noir et je n’aime pas le manioc », éd. Max Milo

(2) Citation de Frantz Fanon dans « Peau noires, masque blancs ». Frantz Fanon a utilisé cette phrase pour commenter le « Je suis martiniquaise » de la prétendue « Mayotte Capécia », qui n’a en fait pas écrit une seule ligne de « ses » deux ouvrages.

(3) Page 58

(4) Page 60

(5) Page 58

(6) Ibid.

(7) Ibid.

(8) Dans l’émission des Grandes Gueules de RMC, il félicita Yannick Noah de choisir les femmes de son choix - c’est-à-dire toujours blanches et souvent blondes - et de ne pas s’enfermer « dans sa négrité » alors que des Noirs le lui reprocheraient ses choix. Yannick Noah aurait le droit d’épouser qui il veut sans se soucier de la couleur de peau de sa dulcinée. Très bien. Mais que lit-on dans « Je suis noir … » ? Page 162, il rectifie par le verbe tous les « sportifs et les intellectuels noirs de France » qui se perdent dans « des épousailles mixtes, blanchisseuses de lignée [et qui] appartiennent à cette race d’épouseurs de femmes blanches ». Il précise bien que « plus le Noir est haut placé dans la société et plus il fait usage » de cette pratique qu'est l’exogamie préférentielle. En somme, il file à toute vitesse chercher son bonheur le plus loin possible des femmes noires. À moins d’être d’une totale hypocrisie, qui va nier cette évidence et ne pas admettre que sur ce point Kelman a en grande partie raison, surtout lorsque l’on voit la grande majorité des footballeurs noirs de l’équipe de France ou des membres de l’équipe de France d’athlétisme ? Seulement même ici les généralités ne sont pas acceptables. On ne peut pas dire par exemple que tous les Noirs mariés à des Blanches sont des aliénés en puissance pour la simple et bonne raison que des faits majoritairement connus comme étant constitutifs de l’aliénation peuvent ne pas être sa conséquence même s’ils le laissent penser. Mais dire cela ne change rien au fond du problème : on ne doit pas s’étonner que des gens qui se méprisent passent leur temps à essayer de faire la conquête des autres groupes sous divers prétextes tous aussi fallacieux les uns que les autres.
Donc comment Gaston Kelman fait-il pour condamner les sportifs et intellectuels noirs qui n’épousent que des Blanches, puis ensuite et dans le même élan, pour faire l'apologie du « courage » de Noah alors qu’ils sont tous à la même enseigne ? Dans le premier cas, Kelman veut démontrer aux Blancs que tous les Noirs sont des complexés qui ne rêvent que d’épouser des Blanches, et ainsi conforter leurs préjugés paternalistes. Dans le deuxième cas, il veut s'en prendre à ceux qu'ils appellent les « afrocentristes », et pour ce faire, il doit prendre l'exemple « d’ouverture » d'un sportif français métis qui ne sort qu'avec des femmes blanches - soit exactement ce qu'il dénonce par ailleurs. Aucune constance dans le discours. Pour ridiculiser le Noir, Kelman est prêt à toutes les compromissions, même à se contredire lui-même.

(9) Page 137. Une fois de plus, Gaston Kelman défend l’exact contraire lors de l’émission des Grandes Gueules de RMC puisqu’il revendique le devoir d’aller vers le discriminateur pour lui apprendre à mieux connaître les Noirs.

(10) Interview de l’écrivain Chinua Achebe qui évoque cette rencontre avec Senghor dans les années 60, durant les évènements du Biafra : « So I went and had a very long interview with Senghor and he asked me about this young man who made fun of Negritude. He asked me how old he was. I told him he was a young man. He said, "I understand." He said the reason a tiger doesn’t pronounce tigritude is because the tiger doesn’t talk. The Negro talks—that’s very different. »
Suite de l’interview sur failure mag : http://www.failuremag.com/arch_history_chinua_achebe.html

(11) Page 70

(12) Ibid.

(13) Page 77-78

(14) Page 78.

(15) Ibid.

(16) Page 85

(17) Page 86

(18) Page 78-79

(19) Page 13

(20) Page 14

(21) Le terme « africain » rend malade Gaston Kelman car il fait référence à l’Afrique. Pourtant il l’utilise dans certains cas sans s’en rendre compte. Tout comme il emploie le terme « arabe ». « Africain » et « arabe » n’étant pas des nationalités, il n’y a guère d’antinomie dans le fait d’être africain et français, indien et français puisque l’on intègre cet appellatif avant tout comme une référence à une origine.

(22) La machette ne serait-elle pas plus adéquate qu’un simple couteau de cuisine ? De plus, il doit être habitué, non ?

(23) Et dire qu’il aurait pu en faire un bon méchoui.

(24) Page 31

(25) Cité page 94. Pourtant page 147, il présentera lui-même les joueurs de l’équipe du Brésil comme des « enfants du vaudou dahoméen, descendants d’Afrique ». Là encore un nouveau flagrant délit de contradiction.

(26) Ibid.

(27) Ibid.

(28) Ibid.

(29) Je parle plus longuement de ce thème dans mon essai.

(30) Pourtant l’agence AP présenta le reportage ainsi : Passé esclavagiste et colonial, mémoire enfouie de la traite des Noirs, discriminations anti-Noirs, «racisme anti-Blancs» : mercredi soir à 20h35, France Ô (Radio-France Outre-mer) revient sur les racines du «malaise noir» en France avec le documentaire «Noires mémoires».
Réalisé sous l'égide de Luc Laventure, directeur des antennes à RFO et de François Rabaté, ce film donne la parole aux communautés noires de France, qu'ils soient Africains immigrés, Français d'origine africaine, ou descendants d'esclaves déportés aux Antilles ou ailleurs.
A travers une série de témoignages bouleversants, le film tente de dresser des parallèles entre l'histoire de l'esclavage et la réalité sociale du racisme contemporain. Il s'agit d'aborder la question de l'identité noire au sein de la société française, et de la reconnaissance nécessaire des souffrances de l'esclavage, que la loi française n'a reconnu comme crime contre l'Humanité qu'en 2001.

(31) Page 94.

(32) C’est, grosso-modo, l’âge qu’a sa fille lorsqu’elle lui fait la déclaration de sa marronnité.

(33) La plupart des extensions capillaires qu’utilisent les femmes noires viennent d’Inde.

(34) Page 100

(35) Page 102

(36) Ibid.

(37) Ibid.

(38) Ibid.

(39) Page 104. Au vrai, le Nègre n’est pas devenu « Noir » à la colonisation mais bien durant la période des Lumières. En tout cas; il l’est devenu aux yeux de certains Français qui rejetaient le terme « nègre » puisque celui-ci était synonyme d’ « esclave ». La Société des Amis des Noirs, créée juste avant la Révolution pour mourir 4 ans plus tard, a ainsi volontairement usé du terme « Noirs » dans son intitulé en récusant celui de « nègre » à cause de la charge péjorative qu’il contenait à cette époque. Plus tôt, l’Africain n’est pas entré dans l’imaginaire occidental en tant que « Nègre » mais plutôt comme « Aethiops ». Le philosophe, théologien et docteur de l'Église, Thomas d'Aquin, au XIII ème, posant la question de la nature des Noirs, affirmait : « nous de disons pas purement et simplement qu’un Aethiops est blanc mais qu’il est blanc sous le rapport de la dentition. Nous n’hésitons pas au contraire à dire qu’il est crépu car nous savons fort bien que cela ne peut convenir qu’à sa chevelure ». Cité p.219 de « L’occident et l’Afrique XIIIè - XVè siècle », de François de Medeiros, éd. Karthala c.r.a.

(40) Page 106

(41) Page 106

(42) Page 124

(43) Flagrant délit de contradiction : quels sont exactement les pays ayant manifesté leur joie ? Le Kenya, le Soudan ou même le Swaziland, parce qu’ils n’ont que ça à faire ? Bien sur que non. Sûrement, une petite partie de la presse de certains pays d’Afrique francophone et plus particulièrement du Togo, pays dont est originaire Kofi Yamgnane. Dans ce cas, pourquoi parler de « 650 millions d’individus comme si on parlait d’un village » ?

(44) Page 106

(45) Ibid.

(46) Page 109

(47) Ibid.

(48) Page 111

(49) Page 169

(50) Page 116

(51) Ibid

(52) Page 147

[/i]

Dernière édition par kilowatt le Ven 02 Déc 2005 22:31; édité 1 fois
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Saniou
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MessagePosté le: Jeu 01 Déc 2005 18:35    Sujet du message: Répondre en citant

La libération des esclaves s'est opéré grace a des BONHOMMES:LES NEGMARRONS, dommage que des "personnes" comme "Mr" Kelman on délibérément choisi le camp des negres d'intérieur ( esclave de maison). Ces Nègres de maison qui se gargarisent en criant haut et fort qu'ils font quelque chose pour leur peuple tout en ballaillant la maison du maitre. De plus c'est une personnes pas clair du tout, chaque intervention Tv, marque la confusion totale dans laquel ce "Mr" Kelman se trouve intérieurement. Devenez se que que vous devez etre : UN HOMME et cela vaut pour chacun des "esclaves" que nous sommes devenu.
CHANGEONS[/u]
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Heloise
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MessagePosté le: Ven 02 Déc 2005 10:40    Sujet du message: Répondre en citant

Trop lon ton copier-coller. J'ai mal au crâne Cool
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kilowatt
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MessagePosté le: Ven 02 Déc 2005 15:12    Sujet du message: Répondre en citant

alioune a écrit:
Trop lol, le discours des grioonautes habituels : "Ils sont tous fous (Beyala, Kelman, Finkielkraut), sauf nous !!"


trop lol ton discours car fink, beyala et gaston pensent tous que nous sommes tous dans le faux sauf eux


tu t'es trompé de cible
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kilowatt
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MessagePosté le: Ven 02 Déc 2005 22:43    Sujet du message: Répondre en citant

alioune a écrit:
Ce que je veux dire est que rares ici sont les types capables d'avoir un point de vue nuancé et d'apprécier toutes les subtilités d'un point de vue. En d'autres termes, il y a à boire et à manger chez chacun.

Mais la plupart des afroconscients qui interviennent sur Kelman, Beyala, and co, ne font que brailler un discours manichéen, et se contenter de scander "Untel est fou ! C'est un schizophrène, etc..." tout en n'avançant aucun argument précis.

Dans l'esprit des afroconscients braillards, un contradicteur ne peut être qu'un fou, un égaré, et sa pensée sera à rejeter en bloc. Aucun élément ne pourra être potentiellement intéressant. En d'autres termes, quiconque n'est pas à 100% derrière est un adversaire, un malade mental à museler.


ce discours aurait été valable pour des intervenants si ils avaient été traité de fous parce qu'onn est pas d'accord avec eux

Mais tu as bien lu ce que disent kelman, beyala ou fink ? cette conne de beyala va servir la soupe au point endisant des trucs immondes, fink degueule en disant que les negres sont encore plus haineux que les arabes et kelman va ecrire des saloperies sur les noirs de france en allant sur rmc faire le leche cul !

pour moi ils meritent de se faire allumer et JAMAIS je prendrais leur defense

dis toi bien que fink, beyala et kelman s'adressent a des dizaines de milliers de personnes. leur influence est enorme comparé a celle d'un intervenant du forum.
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GUIDILOU
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MessagePosté le: Sam 03 Déc 2005 00:04    Sujet du message: Répondre en citant

Les analyses de Pianky sont toujours enrichissantes pour ceux qui prennent le temps de tout lire .

______________

Petites critiques du kelmanisme ambiant (1ère partie)


Depuis maintenant plusieurs mois, une certaine presse de droite comme de gauche, décomplexée par la libération de la parole stigmatisant sans retenue les Autres, a trouvé en Gaston Kelman le chantre de l’intégrationnisme radical à tous crins qu’elle attendait presque comme il tardait à certains de voir le retour annoncé du messie. Enfin ! quelqu’un allait « pouvoir dire tout haut ce que d’autres pensaient tout bas ». Et le tout, sous la tutelle protectrice et morale de sa couleur de peau, celle-ci l’immunisant contre toutes les accusations de racisme. Imaginez la symbolique toute jouissive pour les animateurs frustrés d’une certaine réaction politique.
Car oui, il faut croire que le lit argumentatif utilisé par leur protégé « maniocophobe » qui se limite à prendre des exemples ( ridicules ) pour en faire des généralités (qui l’arrange ), les lieux communs ahurissants de mauvaise foi qu’il véhicule tout en prétendant les combattre et les analyses faisant état d’un manque criant de rigueur intellectuelle, ne choquent guère nos nouveaux convertis au Kelmanisme.


Qu’y a-t-il de si choquant et de fatiguant dans le constat de l’essor soudain de la dialectique de l’auteur de « Je suis noir et je n’aime pas le manioc » ? C’est qu’il prend un malin plaisir à faire de l’idéologie puis à faire benoîtement passer ces postures idéologiques clairement orientées pour des analyses sociales pertinentes et objectives.
Mais le plus consternant est que cette critique veut s’ imposer comme la vérité à laquelle aucun Noir de France ne doit échapper au risque de se voir traiter de fétichiste de la victimisation, comme l’insinue Gaston Kelman dans presque toutes les pages de son premier essai. En est-on si sûr ? N’y aurait-il pas d’autres alternatives que cette dichotomie bouffonne et caricaturale qui réduirait tout Noir à, soit un « adepte de la posture victimaire » ou alors, à l’opposé, à celui d’un Français à peau noire reprenant servilement à son compte un salmigondis conceptuel fait à base d’idées piochées chez les Ultra-républicains tels Charles Pasqua ou Jean-Pierre Chevènement ?

Gaston Kelman, qui se décrit comme un « chrétien catholique pratiquant » dont les racines sont « judéo-chrétiennes » ( RMC les « Grandes Gueules » ) est d’abord et avant tout obsédé par l’ empreinte indélébile que les origines laissent sur le physique des Français d’extraction africaine. Aussi, il passe le plus clair de son temps à essayer de convaincre les Blancs dans leur globalité que ses racines n’ont rien à voir avec celles des griots d’Afrique et que lorsqu’ils le voient, les Blancs ne devraient pas le rattacher à une quelconque Afrique mais plus sûrement à la Bourgogne, pays, dixit Gaston Kelman, du « charolais, du bon vin, des escargots ». Comme si la Bourgogne était réductible à une production d’escargot ou de vin. Pourquoi un Noir n’aurait-il pas le droit de se dire basque ou corse, après tout ? Seulement, si définir librement son identité est une chose, c’en est une autre de chercher à imposer des valeurs subjectives pour tous les autres à coup de terrorisme intellectuel.

A partir de quand dépasse-t-on la ligne de démarcation qui délimite la dénonciation légitime d’un travers et, d’autre part, le cliché ? Ou se situe ce qui est permis et ce qui ne l’est plus ? Le souci de la précision de son étaiement et la volonté de constamment subtiliser son analyse afin de ne pas tomber dans les tares de l’essentialisme devraient interdire l’utilisation du pluriel de certains articles. L’essentialisme commence à partir du moment où l’on empoigne une image banale du réel pour lui faire subir un traitement qui l’extirpera de sa contextualité originelle, de sorte à ce que le passage du « singulier au pluriel » fasse sens dans l’esprit de celui que l’on veut convaincre. Ainsi, est donné l’impression aux observateurs qu’en ayant pris connaissance d’un fait réel mais ponctuel, isolé et visant un individu lambda, on est en mesure de comprendre tous ceux qui partagent avec lui la même origine, la même culture, le même socle identitaire. Par la force des choses donc, ce qui est vérifié chez l’un s’applique immanquablement à tous ses semblables.

Gaston Kelman fonde toute sa critique sur ce raccourci conceptuel : il sonde sa mémoire pour y extirper des instantanés prompts à servir et à démontrer la pertinence de son idéologie ultra-assimilatrice. Puis il tente de convaincre son lectorat que ces travers qu’il pointe du doigt sont détectables chez quasiment tous les Noirs de France ( sauf lui ). Ceci expliquant sa façon péremptoire et quasi-systématique de généraliser en employant du « les Noirs » sans le moindre souci de nuanciation.

Ainsi de son interview ahurissante faite à Livre Express dans laquelle il réclame que les Africains soient traités…comme les Roumains le sont, insinuant par-là que les Noirs français sont habitués à avoir un traitement de faveur du seul fait du misérabilisme ambiant à l’égard de l’Africain :
« On ne passe rien aux Roumains. Pourquoi ce fatalisme envers les Noirs ? Si je me fais pincer dans le métro sans ticket, il suffit que je bredouille deux ou trois mots en petit nègre pour que le contrôleur passe son chemin en haussant les épaules. C'est intolérable»


Quel noble combat ! On en reste ébahi d’admiration. On se demande bien qui alimente ici la machine à clichés avec de telles sornettes. Tout le monde sait que les contrôleurs de la RATP sont sans pitié aucune à l’endroit des resquilleurs et ce, quelque soient leurs extractions.
Il y a même désormais des contrôleurs d’un nouveau genre, dont le statut n’est pas clairement défini et qui forment le « CSA », des aboyeurs agressifs qui se plaisent à rudoyer les resquilleurs ( surtout quand ils sont africains et asiatiques ) en leur parlant « petit nègre » et « petit chinois ». Ces gros bras utilisent tous les moyens à leur disposition pour soutirer l’argent de la contravention aux fraudeurs en les palpant, en leur mettant la pression à plusieurs, en les menaçant de contacter la police qui risque de les renvoyer dans leur pays d’origine. Il faut les voir à l’œuvre certains soirs de grande affluence au terminus de la ligne 7 ( La Courneuve ) pour comprendre que si Gaston Kelman a été témoin de ce dont il parle, cela reste exceptionnel et ne constitue pas une règle. Et quand bien même un contrôleur se laisserait bluffer par le bagou d’un fraudeur - ce qui est très rare, voire impossible puisque tout contrôleur subit un stage spécifique pour apprendre à gérer les situations d’agressions verbales et physiques ou les tentatives de subornation - en quoi l’origine de ce dernier est-elle à prendre en compte dans le cadre de ce constat ?
Sur les lignes à fortes fréquentations populaires, là où se trouvent beaucoup d’immigrés n’ayant pas forcément les moyens de se payer le prix d’un billet, les « CSA » se postent souvent en masse ( jamais moins de 10 membres, toujours à prendre les gens avec une certaine hauteur ) devant les sorties pour effectuer des contrôles précisément parce qu’ils savent qu’ il y a plus de chance de remplir leur carnet de contraventions de jolies contredanses dans ces stations populaires que dans une station tranquille des quartiers bourgeois.
Faire courir le fantasme du contrôleur tiers-mondiste épris d’histoire coloniale au point où, culpabilité aidant, il s’interdit de rejouer l’oppression à l’endroit de pauvres Africains faméliques ayant déjà subi esclavage et colonisation, revient à se payer la tête des gens et à insulter leur intelligence. Tout simplement.

Gaston Kelman, connu pour ses positions anti-victimaires dans lesquelles il scande, à juste titre et tel un leitmotiv, que les Blancs de nos jours n’ont pas à se sentir coupables des crimes des esclavagistes français d’hier, est beaucoup moins indulgent avec les Africains.
Voyez le deux poids, deux mesures kelmanien : dans le journal de France 2 présenté par Benoît Duquesne le 22 février 2005, voici ce qui se dit :

« Benoît Duquesne : vous trouvez qu'on en a assez de la repentance par rapport à ces crimes (…) du passé ?

Gaston Kelman : Le mot repentance ne me plait pas parce que vous ne m'avez rien fait monsieur Duquesne. Pourquoi est-ce je vous demanderai d'être héritier de la connerie. Aujourd'hui, ce que je voudrais de vous c'est qu'on se dise " plus jamais ça ". Parce que nous sommes des hommes. Parce que nous sommes des Français »

Lors d’un débat sur RFO avec Dieudonné, 7 mois plus tard, il reprochait à celui-ci de se dire « descendant d’esclaves » alors que Dieudonné « n’est pas antillais ». Mais surtout, il somme les Africains contemporains de se sentir coupables de ce qu’une minorité mercantile à fait à une certaine époque : « Les choses s'arrangeront le jour où justement l'Africain ira voir l'Antillais, le regardera droit dans les yeux et lui dira : pardonne moi » ( Émission « Paris sur mer » de RFO ).

Il n’y a aucune erreur de frappe. On lit bien « le jour où l’Africain » et « pardonne-moi ». Moi : pronom personnel à la première personne du singulier. Il est ordonné à l’Africain d’aller se faire violence et de demander pardon en son nom propre alors que plus haut il roucoulait devant le journaliste de France 2 pour lui dire qu’il n’a rien à voir avec le passé. Comment expliquer que les uns soient coupables et pas les autres alors qu’ils sont contemporains ? Tout simplement à cause de la couleur de peau : Gaston Kelman veut plaire aux Blancs à tout prix et dans le même temps il désire stigmatiser les Africains qui, de par leur attitude non-servile comme la sienne, lui nuisent d’une certaine manière.
En quoi un Soudanais ou un Kenyan a t-il des comptes à rendre à un Antillais quand on sait que la plupart des chasseurs de Nègres étaient de la côte ? Ce sont là les limites de la démagogie : on ne peut pas dire des choses pour faire plaisir à la majorité morale et faire preuve de rigueur intellectuelle dans cette même critique. La greffe ne prendra jamais.

Rappelons aussi à Gaston Kelman que si Dieudonné n’est effectivement pas un descendant d’esclaves déportés, néanmoins il peut avoir des membres de sa famille de l’autre côté de l’Atlantique - Spike Lee vient d’ailleurs de retrouver un ancêtre du coté du Cameroun et aurait demandé la nationalité camerounaise. D’autre part, parmi les millions d' esclaves capturés, qu’ils soient femmes ou hommes, il y avait des pères et des mères de famille. Ces pères et mères de famille ont par conséquent bien laissé des descendants sur le continent puisqu’on ne les a pas déportés avec toute leur famille : il y a donc des Africains établis sur tout le continent qui ont bel et bien eu des ancêtres esclaves aux Amériques : on peut être africain d’Afrique et avoir des ancêtres esclaves. Gaston Kelman semble ne pas pouvoir le comprendre.

En quoi serait-il interdit à un Africain de faire preuve d’empathie ? Des esclaves issus de cet esclavage particulier que l’on nomma « la traite négrière » ( c’est à dire un esclavage fondamentalement racial ) se trouvent aux Antilles, certes, mais aussi ailleurs. Comme en Afrique du nord, dans toute la région de Saint-Louis du Sénégal, même si leur sort était plus enviable que celui de leurs homologues américains, dans les îles du Cap-Vert, celles de Sao-Tomé et Principes, dans le Bilâd al-Zandj ( le pays des zandj ) où les Arabes allaient se « fournir » en Bantous, à Madagascar, à la Réunion, à Maurice, aux Comores. Une bonne partie des habitants de la Sierra Leone et du Libéria sont des descendants d’esclaves. D’où tient-il que les esclaves n’existaient qu’aux Antilles ?

Gaston Kelman nie en fait la particularité de la traite négrière ( « tout le monde vendait ses frères à l’époque, affirme-t-il »). Or ce qui est prégnant dans nos sociétés modernes c’est qu’un crime fondé ou motivé par la haine raciale ou par la justification d’une infériorité biologique de ceux qu’on opprime est toujours plus sévèrement condamné que tout autre crime. Ici, c’est à peine s’il n’est pas banalisé par Kelman qui le noie dans l’océan normatif du train-train quotidien et ordinaire de cette époque où tout le monde se vendait entre supposés frères. La traite négrière serait un simple esclavage comme tant d’autre. Cette posture est fausse et cynique. La traite négrière et l’esclavage ne peuvent pas être semblables aux autres traites et aux autres esclavages tout simplement parce l’on ne traitait pas les Noirs comme les autres. Chez les Arabes, les seuls et uniques musulmans « esclavagiseables » étaient les Africains, leur négrité transcendant à leurs yeux leur islamité. Avant d’être un Musulman, l’Africain est un descendant maudit de Cham, voué à la servitude. Ibn Khaldun, l’un des plus grands « sociologues » arabes, écrivait au XIV ème siècle que les Noirs « sont une humanité inférieure, plus proches des animaux stupides ». Et cette mentalité était parfaitement partagée dans l’ensemble du monde arabe puis ensuite ottoman.

Pour les Européens, le Noir, africain ou américain, était ontologiquement inférieur aux Blancs, de par sa nature même qui le rejetait dans une sous-humanité stagnante. Contrairement aux Juifs qui subissaient l’antisémitisme ou aux protestants qui enduraient les dragonnades et autres formes d’intolérance, l’Africain ne pouvait se convertir comme l’ont fait les marranes d’Espagne par exemple. Ou si : sa conversion c’était le métissage.

L’antienne kelmanienne sera en totale contradiction avec une autre de ses divagations dans laquelle il donne du « nous » pour désigner les Afro-Allemands incarcérés dans les camps nazis comme le démontre le livre du journaliste Serge Bilé :
« Croyez-vous sincèrement qu'il existe une commune mesure entre le livre de Serge Bilé et les pérégrinations de Dieudonné? Le livre de Serge Bilé nous a fait monter au créneau plus noblement que Dieudonné, Serge est passé aux actualités, il a vendu plus de 50.000 exemplaires de son livre, je préfère récupérer cet impact plutôt que celui de Dieudonné qui tape sur l'autre pour vivre, alors que Serge dit "récupérons notre histoire, la voilà » ( sur grioo.com )

« Nous » faire monter au créneau ? Est-ce le concours de la « meilleure victime » pour exister aux yeux « des Blancs » ? En quoi le fait que des Noirs aient été internés dans des camps nazis change quoi que ce soit pour les Noirs de France, si ce n’est enrichir leurs connaissances en accumulant du savoir ? N’est-on pas là dans la culture victimaire qu’il ambitionne d’invalider par tous les moyens ?
Et si chacun faisait comme bon lui semble, avait le droit de s’identifier au Zambèze, aux USA, aux Bourguignons ou aux Zoulous sans que d’obscurs élucubrateurs tentent de les en empêcher en les culpabilisant piteusement à coup de diatribes logorrhéiques et vengeresses ?
Qui irait reprocher à Michel Boujenah de se sentir concerné par le sort des Juifs gazés à Auschwitz et Birkenau au motif qu’il est Sépharade et que seuls les Ashkénazes ont été gazés ? Kelman qui revendique un universalisme que l’adage de Térence ( « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » ) incarne parfaitement, accuse donc une personne de se sentir concerner par un « trauma » qu’elle n’ a pas vécu.

Dans une interview donnée à L’Humanité, Kelman jure que les Noirs « ne comprennent pas qu’ils sont en train de faire exactement le jeu de ceux qui les rejettent… Je veux, poursuit-il, quand même dire que la race n’existe que parce que l’on a bien voulu l’exploiter. La race n’existe pas parce qu’elle a un fondement biologique. On a instrumentalisé la race pour diaboliser une partie de la population. Cela a toujours été comme cela dans les combats des libérations et des droits civiques. La terminologie, notre peuple, notre race, cela ne veut pas dire grand-chose »
Pourtant dans JSNEJNPLM lorsqu’ il s’ agit de rejeter le terme « black » il ne fait plus preuve d’ une telle afféterie et essaye même de rationaliser l’utilisation du mot « nègre » :
« Chaque fois que je revendique d'être noir devant ceux qui font de moi un homme de couleur ou un Black pour ne pas me faire de la peine, je vois le malaise de mes amis. Ils prennent cette revendication pour une provocation.
Les hommes de race dite noire sont des négroïdes. Leur véritable appellation devrait donc être Nègre. Dans tous les cas, c'est l'appellation originelle. Cette appellation a été utilisée pendant des siècles et jusqu'au lendemain de la Traite. Mais après la Traite, véritable crime et génocide contre l'Afrique noire, le mot Nègre est devenu péjoratif. Ainsi, désigner quelqu'un de Nègre était assimilé à une insulte. Nègre signifiait désormais esclave.»

Perspective intéressante : les Noirs seraient « originellement » des négroïdes ? Se sont-ils eux-mêmes baptisés ainsi ? Non. Et, pour quelqu’un qui refuse que le regard de l’autre le définisse, qu’est-ce que c’est que cette histoire d’aller piocher un terme que les Européens utilisaient pour désigner les populations mélanodermes d’Afrique ?
En outre, contrairement à ce qu’il dit, le terme « nègre » n’est pas devenu synonyme d’esclave « au lendemain de la traite » mais bien concomitamment à l’esclavage et à la traite. Le Code Noir pratique déjà ce mélange des genres et évoque tantôt les Nègres, tantôt les esclaves en ne contestant absolument pas leur synonymie.

Dans une autre interview donnée au site Grioo.com ( un site orienté « communauté noire », précision d’importance et l’on va comprendre pourquoi dans l’instant ) on jubile en voyant l’embardée à 90° qu’il effectue en adaptant son propos selon l’interlocuteur qui lui fait face :
« chaque fois que l'Homme, et celui auquel je suis le plus rattaché, l'Homme Noir, est atteint dans son honneur, je me sens concerné ». No comment…

Dans cet esprit de ressassement de clichés, quelle est l'une des images les plus fortes que Gaston Kelman ait été amené de voir durant le cyclone Katrina ? C’est celle où une femme noire victime du terrible cyclone de septembre 2005 en Louisiane portait un baluchon représentant le drapeau américain. Symbole, selon lui, de son attachement au pays.
On l’aura compris : Gaston Kelman est obnubilé par l’envie de démontrer aux Blancs qu’il est finalement comme eux, qu’ils partagent les mêmes envies, les mêmes rêves. Cette obsession quasi-névrotique est telle que même un bout de chiffon flanqué de la bannière étoilée émoustille son chauvinisme ringard au point où cette vision banale en soi l’a « pris jusqu’aux tripes » (sic).
En quoi une Noire victime de la colère de la nature est-elle tenue à une indexation particulière au motif que la bannière étoilée associée à sa couleur de peau constituait plus une exception qu’il fallait souligner qu’une règle ? Les Américains noirs, à l’instar des Français noirs d’ailleurs, n’ont absolument rien à prouver à leurs concitoyens en matière de patriotisme. Rien. Ils n’ont aucun compte à leur rendre. Si un Français blanc a le droit de n’en avoir que faire du drapeau tricolore, de la Marseillaise et qu’il lui est permis de se définir comme internationaliste apatride, par exemple, eh bien ! ce droit doit être de facto reconnu à tout français quelque soit sa couleur. Exiger d’un Noir qu’il démontre plus que les autres son allégeance à la Nation, c’est justement la preuve évidente que l’on considère celui-ci non pas comme un citoyen à part entière mais comme un éternel allogène que l’on renverra à son altérité physique à la moindre discorde.
Quand on lit sa critique de la « fierté noire » des militants américains des années 60, on ne sait plus où se situer tellement il paraît ne rien maîtriser sur le sujet :
« Franchement, je ne vois pas pourquoi je serais [fier d’être noir]. Tout simplement parce que je ne vois pas de raison à ce qu'on crie sa fierté d'être blanc, jaune, rouge ou noir. Je ne vois pas de raison pour qu'on soit fier d'être noir, et pour le Noir, c'est peut-être même plus que cela.
Je suis noir et j'en suis fier ; cette affirmation comme beaucoup d'autres slogans du monde black, nous est venue des USA. James Brown, le talentueux parrain de la soul music a crié un jour : « Say it loud, I am black and proud. » (« Dis-le fort : Je suis noir et fier de l'être. »). Il n'y a rien de plus pathétique pour un peuple que d'être obligé de revendiquer le simple droit à l'existence. Quand un peuple est acculé à crier sa fierté, c'est qu'il ne l'a justement pas encore acquise. Ces déclarations, en fait, sonnent comme un cri de désespoir et de supplique envers ceux-là qui ne reconnaissent pas notre humanité, ou la trouvent inférieure à celle du WASP étalon. Le Noir se sent obligé de clamer qu'il est fier de sa couleur pour essayer de s'en convaincre avant d'en convaincre les autres qui, se dit-il, pensent encore qu'il devrait en avoir honte. Ainsi, dans la bouche du Noir, « je suis fier » équivaut à « je n'ai pas honte ». C'est comme si l'on entendait quelqu'un déclarer : « Je suis fier d'être pauvre, malade, handicapé. » Je suis fier d'avoir conquis ma fierté parce que l'on m'a longtemps acculé à avoir honte de ma couleur.»

Gaston Kelman n’a pas l’air de savoir à quoi correspond l’esclavage ( qu’il confond très souvent d’ailleurs avec la traite ) lorsqu’il caricature comme à son habitude ce cri qu’il tente de faire passer pour le cri d’un complexé. Il exige que l’on enseigne aux Blancs de respecter les Noirs mais les Noirs eux-mêmes ne devraient pas se respecter ? Pis, le revendiquer reviendrait à un complexe face aux Blancs ? Il faut être d’une insondable mauvaise foi pour parler de complexe vis-à-vis de gens comme James Brown ou Kathleen Cleaver et ne rien connaître à leurs luttes. Qui est donc le complexé dans l’affaire, celui qui bâche péniblement sur un pamphlet rempli de clichés primaires ou alors quelqu’un qui a dépassé l’auto-phobie, a entrepris de faire passer ce message d’estime de soi dans un pays où plusieurs générations noires ont connu la ségrégation raciale abolie seulement depuis quelques années ? Et comment explique t-il sa morgue pour des Noirs qui brandissent leur fierté dans un système où tout est fait pour les amener à se détester alors que lui-même revendique que les Noirs fassent leur nécessaire pour qu’on les prennent pour des français à part entière ?

La mauvaise foi est d’autant plus grande que la chanson de James Brown dans son entier n’est pas une pleurnicherie. [color=red]Mais tout le monde sait que les vrais complexés, les aliénés qu’évoque Frantz Fanon, adorent revendiquer que les Blancs les respectent mais en revanche le respect des Noirs pour eux-mêmes les rend malades. Pis, ils y voient même comme une incohérence. Non, décidément, le seul respect que mérite le Noir est moins le sien que celui « du Blanc ». Attitude typique de complexé et d’aliéné correspondant en tout point à la posture kelmanienne.[/color]
Voici les paroles de James Brown :

« Now we demand a chance to do things for ourserves / A présent nous voulons une chance d’agir pour nous-mêmes
We're tired of beatin' our head against the wall / Nous sommes fatigués de nous cogner la tête contre le mur
And workin' for someone else / Et cravacher pour autrui
We're people, we're just like the birds and the bees / Notre peuple est comme les oiseaux et les abeilles
We'd rather die on our feet / Nous préférons mourir debout et dignes
Than be livin' on our knees / Plutôt que de vivre en courbant l’échine
Say it loud, I'm black and I'm proud »/ Dites-le fort, je suis noir et j’en suis fier »

Le complexe de James Brown qui pleurniche pour exister est flagrant à la lecture de ces paroles, n’est-ce pas ? C’est le même homme, auteur de cette diffamation honteuse à l’encontre du parrain de la soul, qui, évoquant la discrimination positive, affirme :
« Le terme est archi-nul. Il est évident que l’on doit faire quelque chose contre la discrimination. Alors, je ne vois pas comment une discrimination peut être positive. Il faut donc une action volontariste qui se fait à travers la pédagogie. Il faut former les gens à savoir que « noir » ne veut pas dire éboueur ou vigile. Qu’à diplôme égal, tout le monde doit aspirer à une même prise en compte de sa demande de travail. »

Une action volontariste pour apprendre aux blancs à respecter les Noirs ? Mais n’est-ce pas ce qui est reproché à James Brown alors que celui-ci doit avoir une conscience des valeurs fondant sa dignité bien plus conséquente que celle d’un Gaston Kelman qui passe sa vie à sangloter pour qu’on ( c’est à dire les Blancs ) le considère comme un vrai Français ? Car oui, Gaston Kelman qui crie à la victimisation africaine est totalement favorable à la discrimination positive. De l’inconséquence…

C’est entendu, le sens de la nuance n’existe pas dans la dialectique kelmanienne. Tout est prétexte à blâmer le Noir en tant qu’individu. Pour preuve, la malhonnêteté intellectuelle dont il fait toujours preuve dans le cadre de sa pseudo-critique de l’attitude « des Noirs » ( ce sont ses mots à lui, oui pour quelqu’un qui se donne comme mission la déconstruction des clichés on se demande comment le pronom « certains » n’ait pas plus de place dans ses ineptes postulats ) au lendemain de la défaite du Sénégal en coupe du monde :
« Au soir de son élimination en quart de finale, énonce t-il, les Noirs ( sic) se sont mis à danser dans les rues de Paris, sous l’œil des caméras. J'en aurais pleuré. Après tout, les Africains sont les meilleurs footballeurs du monde. Quand je pense que les Coréens, qui, naguère, savaient à peine à quoi ressemblait un ballon de foot, ont failli décréter une journée de deuil national après leur défaite en demi-finale...»

Pensez donc, des Noirs qui dansent chagrinent Kelman. Il est tellement détaché de cette essence africaine mythifiée que dès qu’un Noir baille sans porter la main à la bouche le pauvre Kelman a honte de la couleur qu’il partage avec le malheureux primitif qui engage tous les Noirs de France dans chacun de ses faits et gestes. Il a surtout honte du regard « blanc » qui le renvoie à ce qu’il ne veut pas être. Car comment railler la fierté noire de James Brown et dans le même temps brandir sa gêne et sa honte à chaque acte non-raffiné que commet tout Noir ? N’est-ce pas là une autre forme d’aliénation, encore plus hypocrite que celle dénoncée ?

Les quelques sénégalais qui auraient dansé sont catapultés « représentants de la frivolité intrinsèque des Noirs ». Un adage connu ne dit-il pas que charité bien ordonnée commence par soi-même ? Sur quel ressort repose la dichotomie établie entre le déterminisme fataliste et festif des Africains débonnaires et l’esprit de « winners » qu’auraient en propre les Coréens ?
Le Sénégal participait à sa première coupe du monde, pas la Corée. Aussi, arriver en quart de finale après avoir sorti la France dans un groupe où personne ne les voyait passer, pour une première participation est effectivement une forme de victoire. Quelle comparaison est-il admis de faire entre deux destins différents, celui d’un « rookie » et celui d’une équipe rompue à cette compétition et qui organisa la coupe du monde sur son sol ? Qu’aurait-il fallu, que les Sénégalais se transforment en Hooligans et chassent du Français dans les rues de Paris, et qu’un Kelman opportuniste prenne sa plume pour stigmatiser ces « nègres hirsutes et avinés repliés sur une négrité fantasmée qui expriment leur désaccord par la violence » ? Aurait-il fallu qu’ils soient en deuil durant 5 jours ? Et l’on aurait sûrement vu Gaston Kelman parader sur les plateaux de télévision en expliquant que lorsque tout un peuple s’identifie à des footballeurs on ne doit pas s’étonner que l’Afrique aille mal ?
On voit ici que tout est prétexte à alimenter les propres préjugés et le mépris qu’a Kelman. Celui-ci veut à tout prix châtier les Noirs et tout motif est bon à leur indexation.

A la question très simple posée sur le chat de l’internaute : « Allez une bonne adresse à Paris pour mieux connaître les cultures africaines (resto, centre culturel ou autre) ? », que répond Kelman ? : « Il n'y a pas de culture africaine. Il s'agit quand même de 800 millions de Noirs ! Bon, il y a de supers restaurants camerounais, comme "la Tontine d'or" ou "le Lion indomptable". Il faut voir avec les ambassades. Mais il y a aussi la librairie "Présence africaine", rue des écoles qui renferme des trésors de littérature et où vous aurez des renseignements sur les évènements communautaires (à ne pas confondre avec communautaristes) »

Voilà le propre des dogmatiques psychorigides : même lorsque la question posée paraît simple et intelligible pour le commun des mortels, eux la tournent de sorte à ce qu’elle corresponde en tout point à leur arriération idéologique. Une question posée sur « les cultures africaines » ( sic) fournit une réponse sur « la culture africaine », soit l’ inclusion d’un singulier qui bien entendu tombe à pic pour enclencher la dialectique rodée du procureur sur le fait qu’il n’y ait « pas de culture africaine ».

Qui a dit :

1° « Je vais mieux qu'il y a quelques années. J'espère surtout que mes frères d'épiderme (les Noirs) et de destin (les Français de toutes races) y trouveront leur compte.(Jeune Afrique-L'Intelligent du 28/03 au 03/04/2004) »

2° « Mon essai n'avait pas pour objectif de débattre de ce domaine de l'inconscient. Mais l'approche sociologique des comportements me pousse à croire que mon fils né en région parisienne, qui ne parle pas ma langue d'origine, n'a pas les mêmes goûts que moi, est plus proche de ses camarades blancs et beurs, que de son lointain cousin qui n'est jamais parti de la forêt équatoriale. » ( site de ac.versailles)

3° Puis en octobre 2005, aux grandes Gueules de RMC : « C’est quoi être bounty ? C’est prendre l’avion ? C’est quoi la culture noire aujourd’hui ? Elle n’existe pas. On a une culture de 20 ème siècle. Et le type qui est sur la plateau de Douala il a exactement les mêmes ambitions et le mode de vie à 90 % le même que nous sur le plateau de Paris, de Londres ou de Washington »

« Le noir qui a été totalement plombé par cette histoire [ de la colonisation et de l’esclavage] qui aujourd’hui se croit noir alors qu’il l’est pas du tout alors qu’il est camerounais ou français ( protestations des deux journalistes de RMC qui évoquent la discrimination à l’emploi )…ce n’est plus le regard de l’autre qui me construit ! Noir ce n’est pas un substantif ! (…) Je voudrais cesser d’être un Noir, je voudrais être tout simplement un homme »

Si ce n’est point le « regard de l’autre qui me construit » pourquoi exiger de cet autre qu’il me considère comme un Français à part entière tout en stipulant que le victimisme noir est aussi la faute des adeptes du « racisme angélique » ? Gaston Kelman voudrait cesser d’être noir. Comprenez : il en marre qu’on le perçoit comme l’on percevrait les autres fichus nègres qui n’ont pas son background intellectuel, car l’homme insiste tout au long de son essai sur son statut de « cadre », donc d’homme cultivé, éloigné en cela de l’éboueur malien qui lui file de l’urticaire et avec lequel il ne se sent aucun point commun. Il voudrait que l’on voie en lui un homme civilisé, « un Blanc à peaux noire » ( sic) : en clair qu’on arrête de lui rappeler l’Afrique qu’il veut oublier malgré son accent à couper au couteau.

On remarquera aussi que si le terme « Black » importune Gaston Kelman, en revanche, le terme « beur », mot relevant exactement de la même construction politico-idéologique hérité de cette culture de l’euphémisation appliquée à « Noir » et « Arabe », lui, ne le dérange pas et il l’emploie sans gêne. Dans la citation 1 Gaston Kelman a des « frères de couleurs » qui sont…les Noirs. Pourtant dans la citation 4 le « Noir n’existe pas ». Dans la citation 2, la distance culturelle entre son fils et ses cousins restés au pays est clairement irréductible : trop différents les uns des autres. Dans la citation 3, l’habitant de Douala ( comprenez le civilisé camerounais, pas le sauvage animiste des zones rurales ) a le même lifestyle que le Parisien ou le Londonien. Tous ont en commun une « culture du 20 ème siècle ». Ne riez pas ! Que tirer de ce bazar conceptuel fait de bric et de broc où chaque assertion contredit l’ assertion la précédant, si ce n’est que l’on a l’impression que l’homme en question semble prendre ses interlocuteurs pour des imbéciles ?

Le vrai mépris que Gaston Kelman a pour les Africains est retracé page 55-56 de son premier essai dans ce que l’on jurerait être un culte des différences plagié sur le « differentialisme culturel radical » de la Nouvelle droite ( extrême droite tendance païenne ) d’Alain de Benoist. Lors d’un échange de paroles vives au sujet de la gestion des immigrés africains dans le parc locatif de sa ville avec un collègue, Gaston Kelman se lâche :
« Écoute ! Toi et moi, nous avons le même niveau universitaire. Toi et moi nous faisons le même boulot. Toi et moi, nous avons certainement les mêmes ambitions pour nos enfants et les mêmes moyens pour les atteindre. La seule chose qui nous distingue et qui me rapproche des populations dont tu parles et dont tout le reste me sépare, c'est la couleur de ma peau et de lointaines et disparates origines continentales communes. Est-ce que tu penses sérieusement que j'ai envie de les avoir comme voisins de pallier alors que tout nous sépare, tout simplement parce qu'ils ont la même couleur de peau que moi ?»

Gaston Kelman est un négrophobe qui aime autant les Noirs qu’il raffole du manioc. Il a autant de mépris pour les basses classes sociales d’origine étrangère que n’en a un partisan du FN à l’encontre des immigrés. Ce mépris est fait du même bois dans les deux cas : on hait l’Autre d’abord parce que l’Autre ne nous ressemble pas. Et l’on utilise l’alibi de l’anti-politiquement correct pour faire son concierge et dire à la France que les problèmes d’intégration ne sont que le fait des seuls étrangers réels ou supposés. Coupables de tout, ou presque.




Kahm Piankhy, octobre 2005


www.Piankhy.tk




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Source :

« Importance de l'esclavage, "assimilation" : Gaston Kelman répond à nos questions » interview du site grioo.com. http://www.grioo.com/info4295.html

http://www.linternaute.com/sortir/auteurs/gaston-kelman/gaston-kelman.shtml

http://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/ses/traveleves/fichlect/kelman.html

L’Humanité « Les Noirs annoncent la couleur » : http://www.humanite.fr/journal/2005-06-08/2005-06-08-808134



Liens connexes :

Petites critiques du kelmanisme ambiant


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MessagePosté le: Lun 05 Déc 2005 03:01    Sujet du message: Répondre en citant

Heloise a écrit:
Trop lon ton copier-coller. J'ai mal au crâne Cool


je l'avais meme pas vu celui la Laughing Laughing Laughing

c'est fort pour un premier post
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