
L'élection présidentielle du vendredi 7 novembre en Mauritanie, est partie pour être davantage celle de très fortes personnalités, plutôt qu'une compétition opposant prioritairement, des formations politiques et leurs programmes, notent les observateurs, à soixante douze heures du scrutin.
Sur les six candidats qui brigueront les suffrages des Mauritaniens, quatre sont considérés comme ayant "un réel poids politiques" et drainent pour cause, tout un faisceau d'alliances reléguant ainsi en arrière plan, le cachet politico-ideologique de leur propre formation politique.
Le candidat du parti au pouvoir (PRDS), Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, bénéficie en sus de la formidable "machine électorale" de cette formation présente dans tout le pays, de l'appui conjoint d'au moins dix huit autres formations politiques.
On note ainsi la présence dans ce camp, des alliés de la majorité présidentielle que sont l'Union pour la Démocratie et le progrès (UDP) et le Rassemblement pour la Démocratie et l'Unité (RDU), présente au gouvernement, mais également, celle 16 autres formations politiques "de moindre importance".
Le candidat Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya (PRDS) dispose également du soutien des milieux d'affaires, des notabilités tribales et de nombreux imams et ulémas, mais aussi, des mouvements de jeunesse qui ont fait leur apparition ces dernières semaines.
Il en est de même de l'ancien chef de l'Etat et candidat indépendant, Mohamed Khouna Ould Haidalla, soutenu par une coalition dénommée "Coalition pour une Alternance Pacifique (CAP).
Celle-ci est composée de 9 formations politiques de l'opposition parmi lesquelles (Union des forces de Progrès, Parti Pour la Justice et l'Egalité et Alliance pour la Justice et la Démocratie).
A l'examen, Mohamed Khouna Ould Haidalla bénéficie surtout, du soutien de personnalités ayant rompu les amarres avec le parti au pouvoir. C'est le cas par exemple du directeur de cabinet du candidat Ould Haidalla, Ismaël Ould Amar, ancien député PRDS et ancien DG de la Société Nationale Minière (SNIM).
Ce candidat indépendant est également soutenu par de nombreux milieux classés "islamistes", une partie de la société civile, mais aussi, ceux qui ont encore en tête le passif humanitaire du régime en place (associations de rescapés), en dépit du ralliement "massif" de nombreuses zones de la vallée, au parti au pouvoir.
Le candidat Messaoud Ould Belkheir est soutenu de son coté par une formation classée dans la mouvance du nationalisme arabe, l'Alliance Populaire Progressiste (APP).
Cet homme, "ancien esclave" comme il se définit, est très populaire dans les zones périphériques des grandes villes telles Nouakchott la capitale administrative, Nouadhibou, la capitale économique et certaines contrées de l'intérieur du pays.
Il bénéficie également de l'écrasante majorité de la base du parti interdit "Action pour le Changement", qui avait une forte dose du vieux mouvement pour l'émancipation des maures noirs anciens esclaves, "El Hor" qui signifie la Liberté.
Une autre aile de ce mouvement se trouve depuis sa création, dans les rangs du parti au pouvoir.
Le candidat Ahmed Ould Daddah, dont certains observateurs à Nouakchott estiment "qu'il jouit d'une espèce de légitimité historique dans la mouvance de l'opposition", est soutenu par le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), formation née sur les cendres de l'ancienne Union des Forces Démocratiques Ere nouvelle.
En plus du RFD, d'autres formations et mouvements sont regroupés autour de la candidature de Ahmed Ould Daddah. Il s'agit de El Wihdawi (parti pour l'unité), Parti pour la Coopération Démocratique, Parti des démocrates Mauritaniens et un mouvement non reconnu, les Comités Révolutionnaires. Ould Daddah, bénéficie enfin du soutien de quelques notabilités tribales de l'Est du pays (Aioun).
Le candidat du Parti mauritanien pour le renouveau et la concorde (PMRC) Moulaye Hacen Ould Jiyid et Mme Mint Jeddan, une transfuge du PRDS, l'unique femme candidate à ces élections profitent le moins de ces appuis mais n'en sont pas moins déterminés à jouer leur chance jusqu'au bout.
En somme, le chef de l'Etat sortant dispose encore de nombreux atouts et reste par conséquent l'un des favoris de ce scrutin. Mais, force est de constater que le camp présidentiel semble atteint par l'usure normale du pouvoir.
Le putsch manqué du 8 juin est venu mettre également à rude épreuve l'autorité du "patron" alors que la candidature inattendue de l'ancien chef de l'Etat Mohamed Khouna ould Haidalla, semble avoir fortement déstabilisé les tenants du pouvoir. |