
Une croissance économique généralisée et une productivité accrue en Afrique ont été insuffisantes pour réduire le nombre croissant de chômeurs et de travailleurs pauvres, estime l'Organisation internationale du travail (OIT).
Dans ses prévisions, qui seront communiquées lors de la 11ème réunion régionale africaine de l'OIT prévue du 24 au 27 avril 2007, l'organisation indique que les économies africaines devront créer 11 millions de nouveaux emplois par an pour ramener le niveau du chômage dans le continent à la hauteur de la moyenne mondiale.
L'OIT souligne que le nombre des travailleurs pauvres devrait augmenter de plus de 50 millions de personnes d'ici à 2015.
Ces défis, entre autres, seront examinés en priorité lors de la réunion de l'OIT qui regroupe tous les quatre ans des travailleurs, des employeurs et des représentants des gouvernements des 53 pays africains membres de l'OIT.
Plus de 300 participants, dont des chefs d'Etat et de gouvernement, et les principaux acteurs régionaux et internationaux, se trouvent déjà à Addis- Abeba, la capitale éthiopienne, pour assister à la réunion de l'OIT qui s'ouvre mardi.
"La croissance économique ne crée pas automatiquement suffisamment d'emplois et la génération de nouveaux emplois ne garantit pas la réduction de la pauvreté", a déclaré le directeur général de l'OIT, Juan Somavia, dans son rapport intitulé "L'Agenda de l'emploi décent en Afrique".
"Des politiques et stratégies de réduction de la pauvreté efficaces doivent être élaborées et coordonnées afin que les pauvres puissent profiter des opportunités d'emploi générées par la croissance, surmonter la faiblesse et l'insécurité des revenus et exercer leurs droits", a-t-il ajouté.
Tout en attirant l'attention sur les problèmes relatifs à la disponibilité des données, l'OIT estime le taux de chômage actuel en Afrique à 10,3 pour cent, contre une moyenne mondiale de 6,3 pour cent en 2006.
Malgré une reprise des taux de croissance économique au cours de ces trois dernières années, la capacité des économies africaines à créer des emplois est encore faible, avec seulement 8,6 millions d'emplois par an.
Selon l'OIT, la réduction du taux de chômage en Afrique pour atteindre la moyenne mondiale de 6,3 pour cent d'ici à 2015 nécessitera la création d'environ 11 millions d'emplois par an.
L'organisation indique qu'entre 2006 et 2015, le pourcentage des travailleurs vivant avec moins de deux dollars par jour va baisse de 78,6 pour cent à 76,4 pour cent.
La lutte contre le VIH/SIDA constitue l'un des grands défis du continent, soutient l'OIT, indiquant qu'en 2005 environ neuf millions d'hommes et près de sept millions de femmes en âge de travailler vivaient avec le virus du sida.
En outre, les opportunités d'emplois pour les femmes et les jeunes sur la plupart des marchés du travail africains sont limitées.
Les jeunes africains sont trois fois plus exposés au chômage que les adultes tandis que la majorité des Africaines travaillent dans le secteur de l'économie de subsistance.
Bien que le taux des enfants de 05 à 14 ans économiquement actifs a baissé de 29 pour cent, en 2000, à 26 pour cent, en 2004, le nombre réel d'enfants travailleurs est estimé avoir augmenté de 48 millions à 49,3 millions au cours de la même période à cause de la croissance démographique.
"Pour réduire de moitié la pauvreté extrême d'ici à 2015, une stratégie de croissance centrée sur l'emploi est nécessaire", indique le rapport de l'OIT, soulignant qu'il faut davantage axer les politiques sur l'incapacité de l'Afrique à créer des emplois plus nombreux et mieux rémunérés. |