
L'Afrique court le risque de perdre ses travailleurs hautement qualifiés par le phénomène de la fuite des cerveaux vers des pays développés dans le domaine des industries de la connaissance, a averti mardi à Addis-Abeba le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), Abdoulie Janneh.
Il a estimé que les pays africains doivent se doter des moyens leur permettant d'utiliser leurs travailleurs qualifiés et se demander comment la main d'œuvre existante pourrait être perfectionnée pour relever les nouveaux défis qui se posent dans le domaine des industries basées sur les connaissances.
M. Janneh, qui présidait l'ouverture de la cinquième session du Comité africain sur le développement de l'information (CODI-V), a indiqué que, dans la société moderne mondiale au sein de laquelle l'information occupe une place privilégiée, la réussite économique est de plus en plus basée sur l'utilisation efficace des biens incorporels comme la connaissance, les aptitudes et les capacités d'innovation en tant que ressources indispensables pour un avantage concurrentiel.
"L'économie mondiale du savoir se caractérise par des industries à forte intensité de connaissances qui produisent des biens et services pour chaque secteur", a-t-il déclaré.
"Compte tenu du fait que les investissements dans le domaine des connaissances sont caractérisés par des retombées de plus en plus importantes, ils constituent la clé de la croissance économique à long terme. L'Afrique ne peut pas ignorer cette réalité fondamentale", a ajouté M. Janneh.
La CEA accueille une réunion d'une semaine destinée à permettre l'exploitation des avancées réalisées dans les domaines de l'information et des communications pour promouvoir l'emploi en Afrique.
Selon le secrétaire exécutif de la CEA, il existe déjà dans la diaspora africaine une masse critique de travailleurs impliqués dans le domaine du savoir tandis que le continent continue de souffrir de la fuite de ses cerveaux.
Il a estimé que la préférence du marché du travail pour des travailleurs dotés de compétences générales dans la gestion des connaissances codifiées a aussi des conséquences négatives sur la demande de travailleurs moins qualifiés.
Au cours de la réunion, les débats se focaliseront sur le thème "Emploi et économie du savoir en Afrique", qui est dans le droit fil des conclusions du Sommet mondial sur la Société de l'information (SMI).
M. Janneh a soutenu que si le problème de la création d'emplois retient beaucoup l'attention en Afrique, il est de plus en plus admis que l'économie du savoir est un important facteur de croissance.
En marge de cette rencontre, la CEA prévoit, en accord avec le gouvernement canadien, de décerner des prix pour récompenser les innovations gouvernementales et institutionnelles dans le domaine de l'utilisation des TIC afin de favoriser la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Les prix "Technologie et Gouvernement en Afrique" (TIGA), les premiers du genre, sont financés par les gouvernements finlandais et italiens, la compagnie Ethiopian Airlines, ainsi que les firmes Microsoft et Nokia Siemens.
S'exprimant devant les représentants des ministères et du secteur privé des pays africains, M. Janneh a affirmé que les indicateurs économiques traditionnels ne suffisent pas pour mesurer les connaissances car ils n'arrivent pas reconnaître les performances économiques au-delà de la valeur globale des biens et services.
"En ce qui concerne l'emploi dans l'économie du savoir, le défi qui interpelle les statisticiens est celui du réexamen des indicateurs existants et de la définition de nouveaux indicateurs pour une meilleure évaluation de l'impact", a déclaré M. Janneh.
"De nouveaux concepts et mesures économiques sont requis pour suivre le phénomène du savoir au-delà des opérations de bourse", a-t-il ajouté. |