
Le colonel Luc Marchal, qui fut le commandant du contingent belge de la Mission militaire de l'ONU au Rwanda (MINUAR), a été entendu lundi par la cour d'Assises de Bruxelles, qui juge le major Bernard Ntuyahaga, accusé d'avoir participé au massacre de 10 paras belges le 7 avril 1994 à Kigali.
En sa qualité de commandant du contingent belge, Luc Marchal avait donné l'ordre aux 10 soldats de se rendre à la résidence du Premier ministre de l'époque, Mme Agathe Uwilingiyimana, pour assurer sa sécurité, notamment lorsque celle-ci devait se rendre à la radio nationale pour faire une déclaration après l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana.
Or les casques bleus ont été désarmés au moment de leur arrivée à la résidence du Premier ministre, laquelle a été exécutée sur le champ, alors que les soldats belges, désarmés, étaient conduits au camp Kigali où ils furent massacrés.
Durant toute son audition, Luc Marchal n'a pas cité une seule fois le nom de l'accusé, le major Bernard Ntuyahaga, à la grande déception des familles des victimes qui suivent le procès depuis 4 semaines.
Ces familles, qui tiennent à connaître les conditions du massacre des 10 soldats, reprochent à la hiérarchie militaire d'avoir caché la vérité.
En effet, lorsqu'elles avaient été informées de la mort des leurs, l'état-major de l'armée belge avait dit que les soldats étaient morts, tués d'une balle dans la tête, ce qui s'est avéré complètement faux, puisque les diapositives présentées par les médecins légistes ayant pratiqué l'autopsie des corps montrent que les soldats ont été tués dans des conditions atroces.
Ainsi, selon les diapositives, deux des soldats sont morts après avoir reçu des coups d'un objet tranchant sur la tête. Un autre a reçu une balle dans le thorax. Un soldat a été tué après la fracture de la colonne vertébrale. Un caporal est mort après avoir reçu un coup de baïonnette dans le coeur.
Les diapositives montrent que les soldats n'ont pas tous été tués au même moment, certains soldats présentant des traces des coups portés post-mortem.
Les proches des victimes reprochent à la hiérarchie militaire de leur avoir caché cette vérité.
L'avocat de Bernard Ntuyahaga, Me Luc de Temmerman, a, lui, chargé le tribunal qu'il accuse de ne pas avoir investigué du côté du Front patriotique rwandais (FPR), qui est, selon lui, responsable de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana, acte ayant déclenché le génocide.
Le juge-président lui a répondu qu'il a ouvert un dossier contre le président Paul Kagamé, à l'époque commandant du groupe rebelle du FPR, précisant qu'il avait dû le refermer parce que le chef de l'Etat rwandais est couvert par une immunité.
Le juge antiterroriste français, Jean-Louis Bruguière, a, lui, lancé un mandat d'arrêt international contre le président Paul Kagamé et 9 de ses collaborateurs. A la suite de cela, Kigali a décidé de rompre les relations diplomatiques avec Paris. |