
La Namibie a raillé mercredi les fermiers commerciaux blancs avant de les mettre en garde contre toute résistance au programme de réforme agraire qui se solderait par une expropriation (par le gouvernement) en faveur des paysans noirs sans terres.
Le ministère des Terres et de la Réinstallation a dit dans un communiqué qu'"on doit corriger la distribution inégale des ressources et des richesses" immédiatement, rejetant les arguments des fermiers commerciaux blancs selon lesquelles, le gouvernement doit adopter une approche prudente pour réinstaller la majorité sans terres.
Le président de l'association des fermiers, Raimar von Hase avait mis en garde en début de semaine le gouvernement contre toute mise en oeuvre hâtive du programme de réforme agraire. "Nous ferions une grosse erreur en Namibie si nous cédions nos fermes productives au programme de réinstallation", avait souligné M. Von Hase.
"Des gens mettent leurs espoirs sur une parcelle de terre et pensent que cela fera disparaître la pauvreté, mais personne ne doit s'aventurer dans l'agriculture si on n'est pas passionné par cela", avait-t-il ajouté. La Namibie compte environ 4 000 fermiers commerciaux blancs qui possèdent plus de 60% des terres cultivables.
Les déclarations de M. Von Hase ont, toutefois, suscité la colère des milieux gouvernementaux. Le gouvernement a estimé que ces déclarations visaient à diviser l'opinion nationale "afin qu'on les laissent penser que certains Namibiens méritent la terre plus que d'autres". Le secrétaire permanent au ministère des Terres, Frans Tsheehama a déclaré pour sa part que la loi actuelle sur "les vendeurs sérieux-acheteurs sérieux" est lente, lourde et coûteuse.
Selon M. Tsheehama, le gouvernement se battait encore au niveau de la Haute cour pour acheter la plupart des fermes qu'il a identifiées dans le cadre de son programme de réinstallation. "Il n'est pas étonnant que bon nombre de nos compatriotes s'impatientent et en aient ras-le-bol", a-t-il ajouté.
Pour M. Tsheehama, le gouvernement était chargé de distribuer les terres à travers le programme "d'expropriation" et "vendeurs sérieux/acheteurs sérieux". Il a affirmé que les rares fermiers noirs qui ont été réinstallés ont montré un immense potentiel, contrairement aux dires selon lesquelles, ils ne sont pas capables d'exploiter la terre.
L'officiel a en outre estimé que les fermiers blancs "ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre en même temps". "La terre doit être distribuées et notre peuple doit obtenir une parcelle de cette terre. C'est la nôtre", a-t-il conclu. |