
Jamais j’aurai cru dire et sincèrement penser ça du temps où je vivais en banlieue parisienne. Premièrement en banlieue, on n’était pas français, on était de la Guadeloupe, de l’Algérie, de Bretagne, du Cameroun… mais pas français, même si la majorité d’entre nous l’était de nationalité. On m’a toujours demandé mes origines.
Mais en arrivant à New-York, une grosse révélation m’a explosé en pleine figure : I’m the frenchy girl. En écoutant mon accent, on me demande d’où je viens, je réponds : « de Paris ». Certains noirs américains me regardent bizarrement et m’avouent par la suite : « ah bon il y a des noirs en France ! » (no comment !) Par ailleurs, je vois des étoiles dans les yeux de mes interlocuteurs à l’évocation de Paris.
Alors j’en ressens une certaine fierté malgré moi. Une fois cette info intégrée, ils me posent des questions sur la France, ils me demandent quels restaurants français je pourrais conseiller sur New-York, quels bon vins prendre et lorsque je réplique que je déteste le vin, ils s’étonnent.
Mais il n’y a pas la seconde question : « et quelles sont tes origines ? » cette seconde question qui explique pour quelle raison je ne ressemble pas à une « française ». Mais rien.
Ici, à New-York, du fait de leur histoire, les noirs américains ne m’imaginent pas venir d’un autre pays que la France. Parfois quand ils parlent de leur origine, ils me disent qu’ils viennent du Texas, de la Louisiane. Etrange sensation alors que je m’attendrais plutôt à l’évocation du Burkina Faso ou de la Tanzanie. Je m’amuse à leur faciès à reconnaître leur pays d’Afrique d’origine.
Les noirs américains sont contents de posséder la nationalité américaine parce qu’ils n’ont connu que ça, et bien je suis pareille. Une fois à l’étranger, j’ai appris à situer mon pays, presque malgré moi. Je n’ai vraiment connu et vécu qu’en France. Mes voyages en Afrique et aux Antilles m’ont apporté des critères de comparaison. Mais je ne suis pas restée assez longtemps pour adopter ces modes de vie comme référentiel.
Je suis tellement imprégnée par l’hexagone, que je me dirige automatiquement vers les marques françaises, gage de qualité et de sécurité, car je retrouve des sensations familières.
Quoiqu’il en soit, j’éprouve une certaine fierté quand on évoque les bons goûts français notamment en matière culinaire. Et laissez-moi vous dire que je suis bien contente que les aliments en France ne soient pas des OGM, au moins ils ont davantage de goût qu’ici.
Et les transports à New-York, c’est une catastrophe ! On dirait que cette ville n’a jamais vu une goutte de pluie avant la construction du métro, car dès qu’il pleut les quais sont inondés. Quant à la qualité du service d’accueil, n’en parlons même pas ! En plus, on m’oblige à donner un pourboire… Oh my God, je fais ma française à toujours me plaindre. Alors si vous ne voulez pas que vos enfants servent les intérêts français, ne les élevez pas en France. |