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Obasanjo ici avec Laurent Gbagbo
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Ap |
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Les commentaires d'adieu sur des questions nationales de la plus haute importance par le président sortant du Nigeria, Olusegun Obasanjo, ont suscité des réactions de colère de la part des groupes et individus dans le pays le plus peuplé d'Afrique, qui ne se sont pas encore remis des retombées des dernières élections générales ratées.
Les commentaires et réactions ont été repris par la presse locale, certains journaux en ayant fait des titres peu flatteurs pour le président, qui doit céder le pouvoir la semaine prochaine à l'issue de ses deux mandats de quatre ans chacun que lui autorisait la Constitution nigériane.
Dans des apparitions à la radio et à la télévision nationales, le président Obasanjo, qui n'y est jamais allé de main morte, s'est exprimé franchement sur certains sujets comme ses relations tendues avec le vice-président sortant Atiku Abubakar, l'assassinat de son ami et ancien ministre de la Justice, Bola Ige, la tentative controversée de prolonger ses mandats et la grève des professeurs d'université.
A propos du vice-président sortant, M. Obasanjo a affirmé que ce dernier souhaitait sa mort afin qu'il puisse le remplacer et que M. Abubakar avait reçu l'assurance de ses "marabouts" que M. Obasanjo mourrait dans l'exercice de ses fonctions. Il a également accusé le vice-président d'avoir remis aux députés fédéraux 5.000 dollars chacun pour qu'ils réclament sa destitution.
Sur l'assassinat de M. Ige en 2001, alors que ce dernier occupait les postes d'Attorney General et de ministre de la Justice, M. Obasanjo a choqué la nation en révélant que son ancien compagnon avait peut-être été tué par un baron de la drogue non identifié, alors que la rumeur court sur le fait qu'il s'agissait d'un assassinat politique.
M. Obasanjo a aussi nié catégoriquement le fait d'avoir voulu briguer un troisième mandat, en soutenant qu'il l'aurait fait s'il l'avait voulu, tout en déclarant aux professeurs d'université en grève qu'ils ne seraient pas payés aussi longtemps qu'ils maintiendraient leur mouvement.
En répondant au président, M. Abubakar a déclaré que ce dernier souffrait d'un "traumatisme de désengagement" et l'a traité de tous les noms imaginables, tout en réfutant les allégations du président.
"Que M. Obasanjo puisse parler de marabouts à la télévision nationale montre qu'il a rabaissé la gouvernance à son niveau le plus bas et qu'il a jeté le discrédit sur la présidence", a déclaré le vice-président sortant dans un communiqué, ajoutant: "Après huit ans passés à la présidence, il est malheureux que M. Obasanjo n'ait pas pu s'imprégner de l'éthique de base de sa charge".
En accusant le président sortant de n'avoir pas dit toute la vérité sur l'échec de sa tentative de briguer un troisième mandat, M. Abubabakar a déclaré: "Comment réagir autrement à la réfutation, par le président, de son intérêt pour un troisième mandat? Le programme pour un troisième mandat a été conçu, promu et financé par M. Obasanjo et une clique autour de lui, qui s'est servi de tout l'appareil du gouvernement pour mener son projet à bien.
"Maintenant que ce projet a échoué, M. Obasanjo s'en est démarqué. Je suis sûr que sa réaction aurait été différente s'il avait réussi son coup", a-t-il affirmé.
Sur les oppositions portées contre le vice-président sortant, son parti, l'Action Congress (AC), a également publié un communiqué fustigeant le président pour le fait de "dire des contes en plein jour".
L'AC a estimé que les commentaires du président sortant visaient à détourner l'attention "du véritable problème du moment, à savoir l'échec des élections de 2007". "Ce président, qui radote, a agit comme l'homme blanc de la légende qui a déféqué sur son siège avant de quitter le pouvoir", a déclaré le parti.
En réagissant également sur les commentaires du président sur le meurtre de M. Ige, sa famille a accusé M. Obasanjo de tromper la nation et le monde entier, "parce qu'il est hanté par le fantôme d'Ige". "Nous devons nous rappeler que les meurtriers sont parmi nous et que le nid des tueurs cherche à faire diversion", indique un communiqué de la famille.
Les célèbres avocats de Lagos Gani Fawehinmi et Festus Kayemo sont également montés au créneau, en demandant à M. Obasanjo de désigner le baron de la drogue ou de se tenir tranquille. |