
Les généraux Charles Kayonga, chef d'état-major de l'armée de terre rwandaise et Jackson Nkurunziza, chargé de l'instruction civique dans l'armée, réclament 84 millions de dollars américains de réparation en faveur des victimes du génocide dans un procès qui les oppose au juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, a-t-on appris mardi de source judiciaire à Kigali.
L'avocat des plaignants, Me Serge Moureaux, a déclaré que ses clients font partie des neuf proches du président Paul Kagame visés par les mandats d'arrêts internationaux délivrés par le juge français le 17 novembre 2006.
Jean-Louis Bruguière soupçonne Paul Kagame et son entourage, ainsi que d'autres dirigeants du Front patriotique rwandais (FPR), d'être responsables de l'attentat contre l'avion de l'ex- président rwandais Juvénal Habyarimana, à la veille du génocide qui fit entre 800.000 et 1 million de morts.
La plainte vise à établir des fautes du juge français, ce qui permettrait de ne pas appliquer ces mandats d'arrêt en vertu de la Convention de sauvegarde des droits de l'Homme.
Selon l'avocat des généraux rwandais, le juge français n'aurait instruit qu'à charge et n'aurait respecté ni la présomption d'innocence ni le secret de l'instruction en divulguant son ordonnance.
"Les généraux s'estiment ainsi diffamés et gênés dans l'exercice de leur fonction, les mandats limitant leur liberté de circulation", a fait remarquer Me Moureaux. "Les militaires comptent chacun demander 84 millions USD de dédommagement, cette somme devant être versée au fonds d'aide aux victimes du génocide", a-t-il précisé. |