
Le principal accusé du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), le colonel Théoneste Bagosora, accusé d'être le cerveau du génocide, a appelé, vendredi après-midi, les juges à le "réhabiliter".
"Vous seuls pouvez me réhabiliter (…) J'ai été et je reste victime d'une propagande ignoble du Front patriotique rwandais (FPR, ex-rébellion actuellement au pouvoir) et de ses alliés", a dit, dans une intervention au terme de son procès, M. Bagosora, debout au fond du prétoire, derrière ses avocats.
Directeur de cabinet au ministère de la Défense pendant le génocide de 1994, Bagosora, 66 ans, est en prison depuis 10 ans.
Considéré comme le plus important de l'histoire du TPIR, ce procès dans lequel il est jugé avec trois autres officiers de l'ancienne armée rwandaise s'est ouvert sur le fond il y a 5 ans.
"Je n'ai tué personne, ni donné aucun ordre de tuer qui que ce soit (…) Je demande à tous les hommes de bonne volonté de se libérer de l'intoxication de cette propagande, de me croire et de m'aider à faire éclater la vérité", a poursuivi l'accusé phare du TPIR.
Bagosora, qui récuse toujours le terme de génocide pour qualifier les événements de 1994 dans son pays, s'est toutefois incliné "devant toutes les victimes de cette folie humaine sans précédent et qui n'en finit pas".
La chambre a ensuite donné la parole à l'ancien commandant du secteur militaire de Gisenyi (nord), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, accusé d'être le principal responsable des massacres de Tutsis à Gisenyi.
Protestant de son innocence, Nsengiyumva s'est dit "sidéré" par les allégations portées contre lui, "des histoires rocambolesques", a-t-il dit.
Les deux autres accusés de ce procès, l'ancien chef des opérations militaires à l'état-major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi et l'ancien commandant du bataillon aracommando, le major Aloys Ntabakuze, n'ont pas pris la parole.
De son côté, le représentant du procureur, Drew White, a appelé les juges à condamner les accusés qu'il a qualifiés d''ennemis de la race humaine.
Le jour du jugement sera annoncé ultérieurement.
Basé à Arusha (Tanzanie), le TPIR, créé par le Conseil de sécurité en novembre 1994, a prononcé, à ce jour, 28 condamnations et 5 acquittements. |