
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, réunis lundi à Luxembourg, se sont penchés sur la situation au Darfour, a-t-on appris de source officielle.
Au cours des débats, le ministre belge des Affaires étrangères s'est opposé à l'adoption des sanctions contre le Soudan, rejoignant ainsi la position de la Chine qui demeure contre des mesures visant le régime de Khartoum.
Pour faire pression sur la Chine sur ce dossier, certains députés européens ont appelé l'Union européenne à ne pas hésiter à utiliser l'atout des Jeux olympiques, prévus en 2008 à Pékin. De plus, les eurodéputés réclament des mesures visant à isoler économiquement et politiquement le Soudan.
L'eurodéputé écolo allemand, Daniel Cohn-Bendit, n'hésite pas, lui, à brandir le boycott des Jeux Olympiques pour faire pression sur le gouvernement chinois.
Le ministre belge des Affaires étrangères s'était rendu en visite officielle le mois dernier au Soudan dans le cadre du Conseil de sécurité de l'ONU dont la Belgique assure pour un mois la présidence en exercice.
A Luxemburg, les ministres européens des Affaires étrangères sont restés très divisés sur la question des sanctions contre le Soudan. S'alignant sur la position des Etats-Unis sur cette crise, la Grande-Bretagne, l'Irlande, le Danemark et les Pays-Bas prônent des sanctions contre le régime de Khartoum.
Dans les conclusions de leurs travaux, les chefs de la diplomatie européenne, préoccupés par la situation humanitaire au Soudan, ont demandé au gouvernement de Khartoum d'accélérer les préparatifs pour le déploiement de la force hybride de maintien de la paix Union africaine-Nations unies (UA-ONU).
A cet égard, les ministres européens ont invité le gouvernement soudanais à agir rapidement pour concrétiser cet accord et à l'ONU et l'UA d'assurer une transition rapide vers l'opération de la force hybride.
Par ailleurs, les ministres se sont félicités de l'accord conclu entre Khartoum et l'ONU pour la facilitation des activités humanitaires. L'Union européenne envisage d'agir dans le cadre des Nations unies pour fournir l'aide humanitaire au Soudan et assurer la protection des civils.
Les ministres européens n'ont pas manqué de féliciter la France pour l'initiative qu'elle a prise d'organiser à Paris le 25 juin, une conférence internationale sur le Soudan.
Depuis dimanche, Paris a lancé un pont aérien sur le Tchad pour acheminer l'aide humanitaire pour les 250.000 réfugiés soudanais en provenance du Darfour et aussi pour les 150.000 Tchadiens qui se trouvent déplacés à l'intérieur de leur pays suite aux incursions des milices Djandjawids en territoire tchadien.
Paris a lancé le pont aérien vers le Tchad parce ce qu'il s'est avéré très difficile de créer un corridor humanitaire partant du Tchad vers le Soudan pour apporter l'aide aux populations déplacées dans le Darfour.
La France propose de mettre 1.000 hommes à la disposition d'une force européenne qui serait chargée de sécuriser les camps des réfugiés soudanais et des déplacés tchadiens au Tchad.
Le Soudan et le Tchad ne sont pas opposés au projet du déploiement de la force européenne sur le territoire tchadien. Mais N'Djamena exige que la force européenne se limite à la sécurisation des camps des réfugiés soudanais, ne s'occupant pas des camps des réfugiés tchadiens.
Khartoum, lui, soutient le point de vue contraire que la force européenne ne devrait entourer que les camps des déplacés tchadiens, en laissant de côté les camps occupés par les réfugiés du Darfour. |