
Les autorités musulmanes du Kenya se sont réunis mercredi 20 juin dans la ville d'Isiolo (nord) pour une réflexion sur les mutilations génitales féminines (MGF) afin de trouver les moyens de mettre fin à ces pratiques parmi les communautés essentiellement pastorales de cette région désertique.
Selon ces responsables musulmans, dont la plupart sont des cheikhs et des imams de la région, des efforts concertés sont nécessaires de la part de tous les responsables religieux pour mettre fin à la pratique des MGF au sein des communautés pastorales afin de protéger les droits humains et favoriser le développement.
Un député d'Isiolo a exprimé la même opinion et déclaré à la réunion que cette pratique culturelle traumatisante était perpétuée en raison de la fausse croyance selon laquelle elle bénéficie de la bénédiction du Coran, avec toutes les conséquences que peut entraîner une telle croyance.
M. Bahari a souligné que les associations religieuses et leurs dirigeants étaient des acteurs sociaux majeurs et avaient un rôle important à jouer dans la lutte contre cette pratique parce qu'ils sont en contact direct avec les communautés. Le député a convenu avec le forum, qui réunit une cinquantaine de cheikhs et d'imams, que cette mesure d'intervention a été prise au bon moment, car elle coïncide avec les vacances scolaires, une période où cette "pratique rétrograde" bat généralement son plein.
Les responsables religieux, par le biais du secrétaire de la section d'Isiolo du Conseil suprême des musulmans du Kenya, Cheikh Ali Dabaso, ont indiqué que cette pratique ne se justifiait pas dans le cadre de l'enseignement islamique, d'où la nécessité d'y mettre fin afin d'épargner aux femmes des souffrances inutiles.
"Les MGF ne sont ni une pratique islamique ni une pratique obligatoire pour les musulmans, et nous sommes résolus à prêcher contre elle et à l'éradiquer sous toutes ses formes", ont affirmé les leaders religieux. Ils ont aussi exprimé leur accord sur le fait que cette pratique était responsable du taux élevé d'abandons scolaires et de mariages précoces dans la région, tout en constituant une violation des droits des jeunes filles, qui sont souvent contraintes de subir ce rite.
Le forum a convenu de la nécessité d'éliminer les conséquences des MGF sur les filles et les femmes en soulignant que cela favoriserait une meilleure santé, une meilleure éducation et de meilleures conditions de vie pour tous.
La réunion, qui bénéficie du soutien financier de l'ambassade d'Autriche au Kenya, est organisée par l'Eglise catholique d'Isiolo dans le cadre de son programme d'Education à la vie familiale (EVF).
Les participants, -aussi bien chrétiens que musulmans- interrogés mercredi par la PANA, ont souligné que ce forum devait être un moyen de trouver une solution à cette pratique controversée.
Le responsable du programme EVF, Tom Otieno, a indiqué que l'église parvient actuellement à toucher des fiefs jusqu'ici traditionnels de la pratique des MGF, en soulignant que le projet s'étendra désormais aux districts du Nord du Kenya pour des campagnes de sensibilisation.
"Sur la base de la résolution des leaders religieux à soutenir cette initiative, le gouvernement autrichien a désormais consenti à subventionner le programme pour deux ans à un coût de quatre millions de shillings", a déclaré M. Otieno. (1 dollar US = 76 shillings).
Il a ajouté que des centaines de filles dans la tranche d'âge des 8-16 ans étaient exposées au risque de contracter le VIH/sida dans le cadre d'excisions forcées au cours desquelles les exciseuses utilisent un seul couteau non stérilisé pour toute l'opération.
"Nous nous attendons à rencontrer certains obstacles dans la lutte pour cette noble cause, mais la guerre doit être gagnée", a-t-il affirmé, annonçant qu'il sera désormais question d'allier la lutte contre le VIH et le combat contre les MGF. |