
Cent dix-huit villages de deux régions méridionales du Sénégal ont publiquement déclaré cette semaine avoir abandonné la pratique de l'excision et des mariages précoces au cours d'une cérémonie organisée à Oulampane par l'ONG TOSTAN en collaboration avec l'UNICEF.
"Nous, représentants des 118 villages des communautés rurales d'Oulampane, Bonna, Bounkiling, Sassamba et Djibaboua des régions de Ziguinchor et de Kolda, prenons l'engagement solennel, en toute connaissance de cause, de mettre un terme à la pratique de l'excision et des mariages précoces au sein de nos communautés", indique la "Déclaration d'Oulampane" présentée à cette occasion.
Cet évènement résulte d'un processus de prise de décision communautaire initié par des femmes ayant suivi des cours d'éducation aux droits humains grâce à l'ONG TOSTAN et appuyés par des chefs religieux et traditionnels. Les femmes de cette localité située à quelque 450 km au sud de Dakar ont conscience des méfaits de cette pratique sur la santé de la femme, a expliqué Awa Dasylva, la présidente du comité de pilotage pour la Déclaration d'Oulampane.
Mme Dasylva a expliqué que sur le plan médical, la fille excisée a des difficultés à uriner, ses écoulements menstruels sont difficiles, tandis que des déchirures lors de l'accouchement sont constantes et que le SIDA et la stérilité peuvent en résulter.
En s'engageant ainsi, ces femmes ont décidé de poursuivre le combat pour que ces pratiques disparaissent du Sénégal, de l'Afrique et du monde entier. Avec la situation de crise qui prévaut en Casamance, soumise à une rébellion indépendantiste depuis une vingtaine d'années, les femmes de la région, sous la houlette d'Awa Dasylva, ont indiqué que cette décision, la première du genre en terre casamançaise, "constitue un jalon important dans la recherche de la paix et de la cohésion nationale dans cette partie meurtrie du Sénégal où les communautés aspirent tant à un meilleur devenir".
On rappelle qu'il y a quelques années, le Parlement sénégalais a approuvé une loi interdisant la mutilation sexuelle féminine, une opération douloureuse, traumatique et dangereuse qui excise partiellement ou totalement les organes génitaux extérieurs féminins.
L'Egypte, l'Ethiopie, le Kenya, le Nigeria, la Somalie et le Soudan représentent 75% de l'ensemble des cas. A Djibouti et en Somalie, 98% des filles sont mutilées, mais la pratique est également répandue en Afrique de l'Ouest.
Depuis, de nombreux villages sénégalais où cette pratique avait cours ont déclaré l'avoir abandonnée grâce à l'implication de nombreuses ONG locales ayant bénéficié du soutien d'organismes internationaux tels l'Unicef, l'OMS et le FNUAP.
L'UNICEF estime que 130 millions de femmes et de fillettes -dont la plupart vivent dans 28 pays africains- ont été soumises à cette opération et que plus de deux millions, allant de nourrissons âgés de quelques jours à des femmes mûres, subissent chaque année des mutilations sexuelles. |