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Livre : les pétales de sang de Ngugi Wa Thiong'o
03/07/2007
 

Chef d'oeuvre de la littérature africaine paru en 1977, les pétales de sang, constituent l'un des livres majeur du kenyan Ngugi Wa Thiong'o
 
Par Iphri.net
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La lutte à mains nues

Nous éclatâmes de rire. Tout à coup, il fit semblant de me viser avec la main, deux doigts tendus en forme de révolvers. “Halte-là! arrêtez-vous, buveurs de sang ! Couchez-vous à plat ventre, les bras en croix. Et toi là-bas, sors les mains de tes poches! … Pourquoi opprimez-vous le peuple noir? Pourquoi avez-vous volé nos terres? Pourquoi prenez-vous notre sueur et dégradez-vous nos femmes? Allez, mes John Bull à face rouge, faites vos dernières prières à vos dieux… Pas de réponses… Déclarés coupables… Tac, tac, tac.” Le pistolet était devenu mitraillette entre ses mains impatientes; il était vraiment en nage. “Ca va, ça va”, fis-je en le secouant par les épaules. Il se mit à rire et je ris aussi, mal à l’aise.

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© book.uci.edu  

Si l’on devrait élire une seule oeuvre dans toute la littérature africaine pour illustrer dans toute sa complexité les traumatismes créés et alimentés par le (néo-)colonialisme, Pétales de sang de Ngugi Wa Thiong’o aurait toutes les chances d’être plébiscité. Ce chef-d’oeuvre est une contribution incontournable au courant de reflexion critique mené par les intellectuels africains devant l’échec post-colonial.

“Uhuru”, la Liberté.

Le Kenya l’a payée au prix fort, au prix du sang de centaines de milliers de ses fils. A Illmorog, ce patelin perdu au fond du pays, les années de lutte font déjà partie du passé. La vie ici s’écoule tout doucement, régulièrement, sans à-coups. Jetés entre ciel et terre, oubliés du monde, des paysans et des bergers vivent paisiblement de leur labeur et ils sont heureux.

Puis revient Wanja, la bien-aimée, l’enfant prodigue d’Illmorog; L’avaient précédé Abdulla, l’épicier, qui ne semble n’aimer que son âne, et Munira, l’instituteur, qui sue sang et eau pour implanter une école dans le village; Viendra aussi Karega, en quête d’on-ne-sait trop quoi. Nul ne s’en doute mais ces étrangers ne sont que des âmes en peine, des bêtes blessées qui en un sens se cachent pour mourir; ce sont les remugles, les scories, les rebuts du “Nouveau Kenya”. Ils déterreront les souvenirs enfouis, ils feront ressurgir les cauchemars d’antan: avec leur arrivée, rien ne sera plus comme avant. Et c’est ici que se trouve le trait de génie de cette oeuvre: synthétiser à travers quatre destins qui se croisent, toute la détresse de l’Africain d’aujourd’hui.


Wanja, Munira, Abdulla, Karega: une femme, trois hommes, quatre enfants de l’Afrique; quatre destins déclinés mais une seule souffrance, une seule désillusion, une seule lutte à main nues.
La lutte de Wanja la rebelle, Wanja la fille de joie, Wanja la femme qui voulait donner son sein à tous les enfants de la Terre. On peut avec elle explorer les limites d’une société qui tend à instrumentaliser le sexe dit faible, les limites de l’attraction fatale à laquelle peu d’hommes pourtant savent résister, les limites du dévouement pour autrui.
Le combat épique d’Abdulla, qui a farouchement combattu les colons dans le maquis pour libérer le Kenya, qui a perdu sa jambe au front, qui a connu le froid, la pluie, la famine, qui a rampé dans la boue, et qui a chanté avec les autres combattants :

“Et vous, traîtres à votre peuple
Où irez-vous vous cacher
Quand les braves de ce pays se rassembleront?
Car le Kenya est la terre du peuple Noir
Où iront se cacher les traîtres
Quand les nuages auront fui
Et que reviendront les braves ?
Car le Kenya est la terre d’un peuple africain.”


Ngugi Wa Thiong'o  
Ngugi Wa Thiong'o
© newint.org
 

Abdulla qui a aussi vu ces traîtres, ces lâches, ces “zombis noirs” des colons s’approprier toutes les richesses du Kenya à l’heure de l’indépendance, et recolter tous les fruits de l’Uhuru.

Ou encore la lutte à main nues, le dilemne presque évangelique de Munira, qui se jette corps et âme dans l’éducation pour oublier qu’il n’a pas payé la dette de sang pour la liberté. On peut sentir le Christ et l’Antéchrist lutter en lui. On peut entendre sa foi qui lui rapelle la malédiction de Cham, sa foi qui apaise ses élans de révolte, sa foi qui lui chuchote “Tous les signes -les conflits, les guerres, les meurtres, le sang répandus- sont prophétisés.”. On peut aussi entendre sa raison qui crie devant l’injustice, qui refuse de nier l’évidence factuelle, cette raison qui lui susurre “Il portait la Bible. Le soldat avait le fusil. L’administrateur et le colon, l’argent. Christianisme, Commerce, Civilisation: la Bible, l’Argent, le Fusil; La Sainte Trinité.”

Ou enfin, le combat contre soi, l’auto-destruction de Karega , Karega qui a cherché la Vérité dans les livres, dans la rue, dans les hommes, dans les femmes, et même en lui; sans la trouver. “Cite-moi un Noir qui ne va pas à la dérive…”


Pétales de sang n’est pourtant pas une compilation de drames personnels: c’est une personnalisation des drames que vivent quotidiennement des millions d’africains. Ce n’est pas non plus un livre de dénonciation, car Ngugi wa Thiong’o se place très au-dessus du timbre habituel des récriminations auquel certains ecrivains africains nous ont habitué. Complexe et multiforme, son oeuvre a vocation à condenser, à figer une sorte d’ “état des lieux” du mal-être de l’africain. Un tour de force d’autant plus magistral qu’il se construit sur la base d’évènements ponctuels, survenant dans un coin perdu du continent.

Avec Pétales de sang, le kenyan Ngugi wa Thiong’o a sans doute réussi le défi secret de tout écrivain: écrire une oeuvre qui ramasse et projette en un seul élan toutes les préoccupations, tous les doutes, et tous les questionnements d’une époque.
A travers cette oeuvre qui sublime magnifiquement les sentiments humains et les dilemnes existentialistes, un Ngugi au sommet de son art offre à toute une génération d’africains “le” livre qui porte comme un écrin son inconscient collectif. Sans conteste un livre culte.

Citation

Certaines personnes qui ont lu mes romans Et le blé jaillira et Pétales de sang ont dit: “Oh! je ne les comprends pas, etc…” parce qu’ils sont habitués à des récits structurés linéairement. Je leur dit qu’en fait raconter une histoire linéairement ne correspond pas à la réalité. Parce qu’en réalité les gens ne se racontent pas des histoires selon un mode linéaire. Ils s’interrompent constamment. Vous dites quelque chose et une autre personne dit “ça me rapelle quelque chose d’autre”, et peut même raconter sa propre histoire avant que vous ne reveniez au sujet initial, et ainsi de suite.

Ngugi wa Thiong’o


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Mots-clés
livre   
 
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