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Si tout se passe bien, parce que lors de la dernière édition, en juin 2002, il y eut comme un cafouillage de dernière minute : le Camarade Paul Biya s’était rendu compte, la veille du jour fatidique, que les bulletins de vote n’étaient pas prêts. On me cache tout, on me dit rien !, s’était – paraît-il – exclamé le Président de la République (et de l’inamovible parti au pouvoir, le RDPC). « Alors que toutes les assurances avaient été données à Monsieur le Président de la République (…), il est apparu le 22 juin au soir, après pointage, que les préparatifs de cette opération n’étaient pas achevés », avait dû expliquer les amis de Paupaul. Le scrutin fut reporté d’une semaine, les coupables impitoyablement châtiés [1] et le RDPC sortit – ô miracle ! – triomphalement vainqueur de l’impitoyable épreuve démocratique.
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 Les trucs de PauPaul © MASIONI
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Cette fois-ci il n’y aura pas de cafouillage, a promis, juré et craché, le ministre de l’Administration Territoriale, Marafa Hamidou Yaya, qui sait mieux que personne qu’il y a toujours besoin de fusibles pour sauvegarder les apparences démocratiques. « Il n’y aura pas de chaos organisationnel », a-t-il fièrement lancé en conférence de presse le 20 juin dernier. À lire la presse privée, pourtant, les choses ne semblent pas si simples. Les vilains petits canards rappellent combien les techniques de fraudes électorales sont multiples et variées : découpage fantaisiste des circonscriptions, bidouillage des listes électorales, bureaux de vote fictifs, fausses cartes d’électeurs, votes multiples, etc., etc. Hilaire Kamga, président de l’ONG Nouveaux Droits de l’Homme, a recensé pas moins de trente façons de truquer les élections [2]. Autant de mauvaises manières qui, bien sûr, sont parfaitement étrangères au Cameroun…
Ce n’est donc que par pure méchanceté que Le Messager remarque que le ministère de l’Administration ait prévu deux fois plus de bureaux de vote que la loi ne l’exige. Comment se fait-il, par exemple, que la prison centrale de Garoua (capitale du Nord Cameroun) soit dotée de deux bureaux – ce qui signifierait, si on en croit les textes, que le pénitencier compte entre 500 et 1 000 électeurs – alors que les détenus sont déchus de leurs droits civiques ? On ne savait pas le personnel de l’administration pénitentiaire aussi nombreux, s’étonne le quotidien de Pius Njawe… [3]. « Il faut en convenir : la démocratie ne coule pas à flots ardents en notre pays », euphémise joliment La Nouvelle Expression avec force références à Jules Lemaître et à Chateaubriand [4].
Fatigué par tant de médisances perfides, le très gouvernemental Cameroon Tribune attend, pour sa part, ce qu’il appelle fiévreusement « l’implacable verdict des urnes » [5]. Un suspens insoutenable, on l’imagine, pour les candidats du RDPC qui boivent d’ores et déjà le champagne en se félicitant d’avoir bientôt gagné.
[1] Le ministre de l’Administration Territoriale, Ferdinand Koungou Edima, et le directeur de l’Imprimerie Nationale, Jérôme Mvondo.
[2] La Nouvelle Expression, 28 juin 2007
[3] Voir Le Messager du 25 juin et du 4 juillet
[4] La Nouvelle Expression, 27 juin 2007
[5] Cameroon Tribune, 28 juin 2007
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