
La troisième édition du "Festival ciné droit libre" a rendu, dimanche nuit à Ouagadougou, un hommage mérité au cinéaste sénégalais Sembène Ousmane, décédé en mai dernier à Dakar, pour "son engagement en faveur de la culture et de la liberté d'expression en Afrique", par la projection de son film "Molade" qui fustige les pratiques ancestrales néfastes à savoir l'excision.
Cet hommage, qui a débuté par des témoignages sur l'homme, a été l'occasion pour l'épouse de l'historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo, Jacqueline Ki-Zerbo de saluer "l'engagement de Sembène pour la cause du cinéma africain".
"Sembène Ousmane a été un des fondateurs des Journées cinématographiques de Ouagadougou, un artisan de l'actuel Festival du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO)", a déclaré Mme Ki-Zerbo devant un public nombreux qui a pris d'assaut la salle du Centre culturel français.
"Sembène Ousmane s'est déployé avec l'appui d'une équipe d'intellectuels africains dont moi-même à asseoir ce qui est appelé aujourd'hui le FESPACO", a-t-elle soutenu, précisant que l'homme s'est véritablement investi pour la naissance et le développement du cinéma africain.
Rappelant que "Ousmane et Joseph (Ki-Zerbo) sont décédés tous à l'âge de 84 ans avec six mois d'intervalle, Mme Ki-Zerbo a lu une lettre émouvante du cinéaste sénégalais adressée à la famille suite au décès de son époux, Joseph.
La relecture de cette lettre de condoléances, écrite dans son lit de malade, de Sembène Ousmane à la famille Ki-Zerbo, a arraché quelques sanglots à Mme Ki-Zerbo et plongé l'assistance dans un silence de recueillement.
Intervenant à la suite de Mme Ki-Zerbo, le délégué général du FESPACO, Baba Hama a, quant à lui, rappelé que même rongé par la maladie, "le doyen Sembène Ousmane avait insisté, à la veille de l'ouverture de la dernière édition du FESPACO, qu'il y serait présent".
M. Hama a fait remarquer que c'était la première et dernière fois que le cinéaste sénégalais ratait une édition du festival et c'est pourquoi, le staff du FESPACO avait tenu à lui rendre visite pour s'enquérir de son état de santé.
"Malheureusement quelques jours avant leur déplacement de Dakar, le doyen rendit l'âme", a confié le délégué général, regrettant que Sembène Ousmane n'ait pas réussi à réaliser "Samory, une super production".
"Je retiens que l'homme (Sembène) a été un combattant, un chantre de la liberté et dont l'héritage doit être préservé jalousement pour les générations futures", a indiqué M. Hama qui reconnaît avec Sembène Ousmane que "l'homme a une vie de bananier, car après avoir donné des fruits, il faut laisser la place aux jeunes pousses".
Cette troisième édition du "Festival ciné droit libre" tenue du 6 au 8 juillet à Ouagadougou a proposé aux cinéphiles des films tels "Sankara, l'homme intègre", des débats-forum sur l'immigration et des hommages à l'historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo. |