
De tous les opposants aux régimes tyranniques de la planète, ceux qui
se sont présentés à des élections ou qui envisagent de le faire sont les plus
exposés à la répression. Ces élections-là ont beau constituer des formes de
simulacre dans les mains du pouvoir, elles n’en représentent pas moins un risque,
si faible soit-il, pour l’ordre établi de la violence. Nous devons soutenir ces
opposants, qu’ils habitent la Guinée ou la Biélorussie, la Birmanie ou le Zimbabwe,
l’Egypte ou le Kirghizistan.
Il ne s’agit pas seulement pour nous d’une obligation morale. Il s’agit d’une
solidarité politique indispensable entre démocrates. Ne pas le faire, ce n’est pas
seulement les abandonner - et abandonner les peuples qu’ils représentent de fait –
c’est nous affaiblir nous-mêmes en traitant notre liberté comme un vulgaire privilège.
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CRITIQUE DE LA MULTIPOLARITE ET DE LA CRUAUTE
Le samedi 17 novembre 2007
La multipolarité, c’est le nouveau slogan en vogue dans les Relations
Internationales. C’est l’idée selon laquelle le monde se diviserait en
pôles de puissance qui, de par leur force, et de par l’intensité de leur système
interne, finiraient par s’équilibrer entre eux. Les grands ensembles géopolitiques
sont alors pensés comme des continents nouveaux. Chaque pôle tiendra sa région du
monde. Ce ne sera pas pour autant la fin de l’hégémonie. Ce sera sa répartition,
et ce sera sa fixation selon deux principes inavoués : la prime à la puissance et
l’adoration du statu-quo.
Pendant ce temps, on aura fait l’impasse sur la question de la nature des régimes
politiques. Ce n’est pas en abandonnant des peuples entiers au despotisme de leurs
dirigeants qu’on assurera au monde la paix. Non seulement le despotisme engendre
aisément l’exacerbation nationaliste, mais une culture de la domination à l’intérieur
des frontières a toujours tendance à donner de fâcheuses idées en matière de relations
avec les voisins – proches ou lointains.
La paix ne sera pas la résultante d’une organisation technique, si habile soit-elle.
La paix passe par le partage des libertés et de la prospérité. Et comme la fin ne
justifie pas les moyens, l’enjeu consiste à imaginer les moyens pacifiques à mettre en
œuvre résolument pour ce partage.
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POUR UNE COMMUNAUTE DES ETATS DEMOCRATIQUES
Le samedi 15 décembre 2007
La communauté internationale – pour l’instant, ça n’existe pas. Qui dit
communauté dit valeurs communes. Il n’y a pas de valeurs communes entre
d’une part les Etats démocratiques, et de l’autre les régimes tyranniques. Il n’y a
pas de valeurs communes entre un Etat de droit – si imparfait soit-il – et le régime
de la loi du plus fort.
Il y a bien l’ONU, l’Organisation des Nations Unies. Mais comme son nom
l’indique, l’ONU est une organisation, ce n’est pas une communauté. C’est une
organisation entre des Etats qui, malgré quelques apparences, ne partagent pas
leurs fondamentaux. L’ONU reste nécessaire. Elle sait se montrer utile à l’occasion.
Mais, de par sa nature même, elle est insuffisante.
Le monde a besoin d’une véritable communauté internationale. Il faut
donc que les peuples libres de la planète se rassemblent pour former une
communauté des Etats démocratiques.
Sa vocation est double, et double sera sa mission : il s’agira de favoriser
pacifiquement les transitions politiques là où la liberté n’existe pas encore, ou pas
assez ; et il s’agira de développer un droit de critique réciproque entre les nations
libres, afin que chacune fasse des progrès… en démocratie.
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