
Le ministre français, en visite officielle au Mali, devait être reçu en fin de journée par le président Amadou Toumani Touré.
Auparavant, tout au long d'une journée d'entretiens officiels, Français et Maliens ont tenu à déminer le terrain, dans un contexte rendu difficile par une opinion publique malienne inquiète de "rumeurs" d'accord franco-malien sur le retour des migrants de France.
Le co-développement, recette ancienne qui n'a pour l'instant guère eu de succès, ni en terme de développement local, ni en encouragement au retour des migrants, a fait l'unanimité.
Nicolas Sarkozy a rappelé que des crédits de 2,6 millions d'euros avaient été débloqués en décembre pour accompagner un accord signé en 2000.
Il s'agit de rendre plus productifs les transferts financiers des Maliens de France, et de mieux articuler les projets des associations de villageois dans le cadre d'un développement global.
Les transferts de l'ensemble des expatriés maliens sont estimés à 60 millions d'euros, autant que l'aide de la France.
Pour encourager les Maliens de France à revenir, les aides au retour, sollicitées par seulement 46 de ces ressortissants en 2002, seront doublées, a annoncé M. Sarkozy. Elles passeront ainsi de 3.600 à 7.000 euros, à condition que le candidat ait un projet viable, a-t-il précisé.
Cette aide, attribuée aux Maliens invités à quitter le territoire français, pourrait également être proposée aux personnes ayant déjà reçu un arrêté de reconduite à la frontière et à la veille de l'expulsion, a encore indiqué le ministre français.
D'abord annoncée pour fin octobre 2002, puis repoussée en fin décembre avant d'être ensuite fixée pour février, la visite de Nicolas Sarkozy à Bamako et Kayes (nord-ouest) avait suscité l'inquiétude des Maliens de France (40.000 et deux ou trois fois plus d'irréguliers) et de leurs familles au Mali.
La visite officielle du président malien en France, en septembre, n'avait pas permis de dissiper cette inquiétude, liée à la signature, quelques jours auparavant, d'un accord entre Paris et Bucarest sur le retour des Roumains en situation irrégulière en France.
A son arrivée à Bamako vendredi soir, le ministre français a précisé qu'il n'était "pas question de signer un accord de réadmission avec le Mali", comme cela a été fait avec la Roumanie.
"Le problème de l'immigration est complexe, il s'agit d'un long processus", a de son côté estimé son homologue malien, le colonel Souleymane Sidibé, précisant qu'"aucun pays de droit au monde n'était pour l'immigration irrégulière".
Les deux ministres ont préféré insister sur les aides matérielles et financières apportées par la France: formation d'une centaine de nouveaux cadres de la police malienne, lutte contre le trafic de faux documents par une aide de trois millions d'euros sur trois ans pour un programme de restructuration de l'état civil.
Le ministre malien des Affaires étrangères, Lassana Traoré, a également parlé des Maliens de France, les estimant "honnêtes", et partis "pour des raisons économiques, sociales ou culturelles".
Il faut "permettre à nos compatriotes un retour le plus digne possible", a indiqué M. Traoré. |