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Le mérite de l’article d’Adamou Fall consiste à poser de façon précise les questions relatives au franc CFA, mais surtout à propos de son arrimage à l’euro.
En montrant qu’il y a deux camps, l’un pour un CFA fort tel qu’il est sans changer la parité vis-à-vis de l’euro , l’autre qualifié de pro-dévaluation c'est-à-dire pour une modification de la parité du franc CFA avec l’euro, Adamou Fall met l’accent sur une vieille histoire qui est celle du franc CFA dont les effets collatéraux de son utilisation emportent plus de conséquences négatives que positives pour les populations africaines, c'est-à-dire pour les 14 membres de la zone CFA (8 appartenant à l’union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest, Bénin, Burkina, Cote d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo et 6 appartenant à la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée Equatoriale, Tchad).
Les 14 pays sont gérés par 2 banques centrales distinctes : la banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour les pays de l’Afrique occidentale et la banque centrale des pays de l’Afrique centrale des pays de l’Afrique centrale. La contribution d’Adamou Fall pour intéressante qu’elle soit, laisse de côté plusieurs questions que je souhaite mettre en avant. |
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1.Peut-on créer une zone monétaire optimale en Afrique centrale et en Afrique de l’ouest, dès lors que les principales entreprises pour lesquelles la zone CFA a été créée sont étrangères ? Elles sont françaises et la fixation d’un taux de change fixe et non d’équilibre vise d’abord avant tout à satisfaire la promotion, la production et la profitabilité des entreprises françaises.
2. La théorie économique enseigne que la dévaluation peut être un remède lorsqu’il est pratiqué par un pays dans un environnement internationale stable et si toutes les conditions favorables sont remplies. Lorsqu’une dévaluation se produit dans un pays, la valeur de sa monnaie diminue en terme de monnaie étrangère. Les prix des produits nationaux paraissent alors moins élevés à l’étranger et le pays est normalement avantagé dans le commerce international.
Où sont les entreprises championnes et nationales, voire régionales, dans la zone de l’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest) et dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) ? Où sont les entreprises à majorité de capitaux sénégalais, béninois, congolais, tchadiens, qui exploitent les gisements miniers et le coton et qui exportent sur les marchés mondiaux ? Où sont les spécialistes africains, banquiers, traders, actionnaires, des entreprises de nationalités béninoises, congolaises capables d’influencer la stratégie des entreprises nationales ? |

3.On nous parle d’un euro fort qui aurait des conséquences négatives pour la zone CFA. Que font les gouvernances nationales et régionales dans les deux zones vis-à-vis de ces effets négatifs d’un euro trop fort ? Pas grand-chose, car les différents gouvernants restent démunis intellectuellement et politiquement et de plus la monnaie en Afrique de l’ouest et en Afrique centrale apparaît comme non intégrée à la définition des projets de développement. Pour les Africains et leurs gouvernants, le franc CFA est un véhicule utilitaire commercialo-financier, sans prise véritable sur les structures réelles économiques et culturelles.
4.Le rapatriement des devises gérées par le Trésor français vers une banque de compensation régionale ne résout en rien les problèmes microéconomiques de l’intégration de la monnaie dans une structure dynamique. Dans des régions non productives, avec une absence notoire d’un capitalisme régional, comment donner des signaux au reste du monde sur les effets de richesse, sur les investissements, sur la valorisation de l’épargne et sur la capacité des deux régions ouest à gérer la contrainte externe et au-delà la confiance vis-à-vis de la nouvelle monnaie créée.
L’évolution de la gestion monétaire implique un processus d’apprentissage qui, de génération en génération, permet de mieux cerner le phénomèn,e monétaire. Or il semble que les africains se satisfont de la dématérialisation de la monnaie CFA, ce qui confine à son inutilité au plan mondial, puisque les Africains eux-mêmes acceptent que le franc de la communauté financière africaine commun aux pays de l’UEMOA ne soit pas convertible avec le franc de la coopération financière en Afrique centrale. |

5. Les interrogations d’Adamou Fall sont intéressantes. Elles ouvrent un champ intellectuel qu’il faut approfondir et il faut que les gouvernants, les universitaires, les banquiers et toutes les personnes érudites qui s’intéressent au phénomène monétaire en Afrique réfléchissent sur la nécessité de doter l’Afrique centrale et de l’ouest d’une monnaie certaine dans un environnement d’incertitude et d’information imparfaite.
Lucien Pambou
Professeur de Sciences économiques et sociales
Président de l’Association DEDIP Développement, Diversité, Partage www.dedip.org |
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