
Le Rwanda va demander à la Justice française d'autoriser l'extradition d'un ancien Préfet de la province de Gikongoro (sud du Rwanda) et un autre prêtre catholique, tous deux arrêtés en France, pour leur responsabilité dans le génocide de 1994, a confié lundi à Kigali, un haut responsable du ministère rwandais de la Justice.
Les deux prévenus, à savoir Laurent Bucyibaruta (Préfet) et l'abbé Wenceslas Munyeshyaka (prêtre), devront être présentés mercredi de cette semaine devant un magistrat, a-t-on appris auprès de source judiciaire à Kigali. Selon la même source, la Chambre d'instruction de la cour d'Appel de Paris en France devrait examiner mercredi les demandes d'extradition des deux prévenus devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha au nord de la Tanzanie.
Les deux hommes sont détenus en vertu d'un mandat d'arrêt émis aux autorités françaises le 20 juin dernier par le procureur du TPIR. Les prévenus étaient visés notamment par des plaintes en France, le pays dans lequel "ils avaient bénéficié d'un asile et d'une protection depuis douze ans", a déclaré le ministre rwandais de la Justice et des Relations internationales, Tharcisse Karugarama..
Prêtre catholique, Wenceslas Munyeshyaka s'était vu confier en 1997 un ministère aux Andelys (Eure) en France, tandis que depuis 2001, il était prêtre pour les paroisses de Gisors et de la Vallée de l'Epte toujours en France. Laurent Bucyibaruta a été arrêté également près de Troyes (France), là où il était installé depuis 1994.
L'acte d'accusation, visant le religieux catholique hutu âgé de 49 ans, lui reproche notamment une responsabilité dans le génocide de 1994, de viols, d'assassinats et d'extermination perpétrés à l'église Sainte Famille et à la paroisse Saint Paul voisine, située en plein centre de Kigali là où il était vicaire.
Dans le même registre, les chefs d'accusation contre l'ancien Préfet Bucyibaruta sont les mêmes que ceux visant l'abbé Munyeshyaka, mais il est également poursuivi pour incitation directe et publique à commettre le génocide.
Malgré la dernière rupture de coopération bilatérale entre le Rwanda et la France , Kigali a salué ce geste de la Justice française demandant l'extradition d'autres présumés génocidaires qui continuent de bénéficier d'une protection en France, à en croire le ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama.
Par ailleurs, dans un communiqué de presse parvenu à la PANA à Kigali, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner a, de son côté, exprimé sa satisfaction sur cette arrestation des présumés génocidaires rwandais, ajoutant que cet acte illustre la volonté affirmée des autorités françaises de coopérer pleinement avec le TPIR. |