
Au moins 100.507 personnes accusées de participation au génocide de 1994 au Rwanda ont été jugées par les juridictions semi-traditionnelles "gacacas", au 31 mai dernier, apprend-on lundi de source judiciaire à Kigali, la capitale rwandaise.
Les tribunaux populaires rwandais, inspirés des anciennes assemblées au cours desquelles les sages du village réglaient des différends, assis sur le gazon (gacaca, en kinyarwanda), sont chargés de juger la plupart des responsables présumés du génocide de 1994 qui a fait, selon l'ONU, plus de 800.000 victimes essentiellement de la communauté tutsie et d'autres hutus modérés de l'opposition, massacrés par des extrémistes hutus qui contrôlaient le pouvoir à l'époque au Rwanda.
Selon un rapport du Service national des juridictions gacacas (SNJG), sur les 108.732 personnes qui ont jusqu'ici comparu devant les tribunaux populaires, 100.507 ont été jugées, dont 18.930 avaient été acquittées. Parmi ce groupe, 818.564 personnes, dont 98.055 détenues dans les prisons rwandaises, 44.204 vivant à l'étranger, 87.063 décédées, sont accusées de participation au génocide, indique la même source.
On rappelle que jusqu'en début de l'année 2007, la compétence des juridictions gacacas ne s'étendait pas à la catégorie des planificateurs du génocide, des auteurs de viol et de personnes ayant commis des actes dégradants sur les cadavres ou des actes de torture.
Néanmoins, après l'entrée en vigueur, en mars 2007, d'une nouvelle loi organique, ces juridictions animées par ailleurs par des magistrats non professionnels sont désormais compétentes pour juger également les auteurs de crimes odieux, d'actes dégradants et de tortures.
Au terme de cette nouvelle loi, la peine maximale imposable par les gacacas passe de 30 ans de prison à l'emprisonnement à perpétuité, tandis qu'une autre innovation de cette loi est la création de nouveaux sièges gacacas, compte tenu du grand nombre de personnes à juger. Il est prévu que les tribunaux gacaca achèvent leur mandat en décembre 2007, signale-t-on. |