
Le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé ce jeudi Thérèse Modji (Kopia), une grand-mère centrafricaine de 68 ans dont l'histoire a défrayé la chronique il y a quelques mois. Alors qu'elle prenait son bain chez sa fille à Mainvilliers (Eure-et-Loire), elle avait eu la surprise de se voir arrêter par la police, venu la chercher afin de l'expulser (elle n'avait pas de papiers et était en France depuis 2003).
Pour la présidente du Tribunal de Grande Instance de Bobigny, c'est d'abord l'arrêté d'expulsion pris à l'encontre de Mme Kopia, le 6 mars 2007 par la préfecture qui est entaché d'illégalité (violation d'un article de l'ordonnance concernant l'entrée et le séjour des étrangers, ainsi que le droit d'Asile).
Selon maître Emmanuel Itoua, avocat de Mme Kopia, elle aurait du se voir accorder une carte de séjour "vie privée et familiale" au vu de son état de santé (elle souffre d'asthme et de diabète). Elle a par ailleurs quatre filles vivant en France (deux de nationalité française) et 19 petits-enfants français.
Selon RESF (Réseau Education Sans Frontières) et le MRAP, Mme Kopia avait été interpellée dans sa baignoire. La préfecture donne une version différente, en affirmant que Mme Kopia avait été "découverte dans sa salle de bain, habillée, se cachant derrière le rideau de douche" par des policiers.
Ce qui est sur, c'est qu'elle avait été arrêtée le 19 juin. Puis conduite à l'aéroport de Roissy le 20 juin pour y être expulsé vers la Centrafrique par un vol Air France à destination de Bangui partant à 23H15! Mais la médiatisation de l'affaire, suite au mode d'arrestation peu orthodoxe, la mobilisation de sa famille et le fait qu'une de ses filles menace de se suicider, ainsi que la désapprobation des passagers a finalement conduit les autorités à reculer et à la faire sortir de l'avion où elle avait été placée.
RESF et le MRAP se sont félicités de la décision du tribubal. Quant à l'affaire, elle est une parfaite illustration du comportement d'une administration qui cherche à faire du "chiffre" à tout prix pour répondre aux objectifs d'expulsion annuels fixés par le ministre de l'immigration, Brice Hortefeux. Peu importe que la justice donne tort par la suite à l'administration : celle-ci a défini comme politique d'expulser d'abord, puis de "réfléchir" ensuite.
Mme Stern du réseau RESF a déclaré qu'elle allait faire parvenir à la préfecture de Chartres un dossier de régularisation concernant Mme Kopia. |