
La Déclaration de Bamako, appelant les Etats africains à consacrer "au minimum 3% du budget de l'Education à l'alphabétisation", ainsi que les bonnes intentions affichées par les ministres de l'Education et les Premières Dames est un pas "important" pour relever les défis du continent, a estimé le président de l'Association pour le développement de l'éducation en Afrique (ADEA), Mamadou Ndoye.
"Relever ici le défi suppose d'abord la prise de conscience politique de ces enjeux stratégiques et la mobilisation conséquente de la volonté politique, des ressources de l'Etat et des forces de la société", a-t-il estimé.
Selon M. Ndoye, les programmes d'alphabétisation ont démontré leur impact positif sur le renforcement des compétences de production et de gestion, des capacités organisationnelles et de l'ouverture technologique, qui toutes concourent à l'augmentation des opportunités de revenus, de la productivité, du travail et de la croissance économique.
"Si cette conférence n'arrive pas à influencer les orientations vers des politiques de financements plus équitables, elle essuiera certainement un échec", a affirmé le président de l'ADEA, une association créée en 1988 qui se veut un forum de dialogue politique entre les ministres africains de l'Education et les agences de coopération. M. Ndoye a aussi dénoncé le "financement dérisoire" (1% du budget de l'Education) accordé à l'alphabétisation dans les budgets des Etats, accusant les élites de s'accrocher à leurs "privilèges" linguistiques hérités de la colonisation.
"La fascination scolaire dominante et le legs historique s'allient à l'hégémonie d'une élite accrochée à ses privilèges et préoccupée avant tout par sa reproduction intergénérationnelle pour influencer les arbitrages dans un sens qui étouffe la promotion de l'alphabétisation en tant que priorité", a ajouté Mamadou Ndoye, qui fut ministre délégué auprès du ministre de l'Education, chargé de l'Alphabétisation et des Langues nationales au Sénégal.
La conférence régionale africaine s'est achevée mercredi à Bamako sur un engagement des Premières Dames à impliquer leurs Fondations dans l'appui aux ONG actives dans l'alphabétisation ainsi que la décision des ministres de l'Education de consacrer plus d'actions pour les programmes d'Education non formelle. |