
La censure administrative a causé aux médias camerounais et gabonais un préjudice estimé à au moins 5 milliards de FCFA, estime le politologue camerounais Thomas Atenga dans un livre qui vient de paraître à Paris. Intitulé "Cameroun, Gabon : la presse en sursis", l'ouvrage publié aux Editions Muntu analyse en 10 chapitres repartis sur 255 pages, "la technologie de la censure" au Cameroun et au Gabon.
"Je tente dans cet ouvrage de dégager la signification de la répression de la presse au Cameroun et au Gabon", a déclaré à la PANA M. Atenga, auteur d'une thèse de doctorat en Sciences politiques sur le même sujet à l'université de Paris 1 Sorbonne.
"Il s'agit d'évaluer l'ampleur de cette censure et voir quel a été son impact social et économique dans les deux pays. J'estime, que du fait de la répression, la presse a perdu au moins 5 milliards de FCFA au Cameroun et au Gabon", a ajouté le politologue camerounais.
Selon son évaluation, depuis 1990, 450 procès ont été organisés contre la presse au Cameroun et 250 au Gabon. "On constate que le régime de Paul Biya au pouvoir depuis 25 ans et celui de Omar Bongo Ondimba au pouvoir depuis 40 ont résisté avec une certaine efficacité au vent de démocratisation en Afrique. La répression de la presse a été un élément essentiel de cette résistance", a par ailleurs confié M. Atenga.
Evoquant le niveau professionnel de la presse dans les deux pays d'Afrique centrale, il a déploré "la mal formation" des journalistes et une profession "inconstruite". "Les mises à sac répétées des locaux, les saisies, les harcèlements ont conduit à l'existence de ce que j'appelle une profession inconstruite dans ces deux pays. Les journaux ont perdu leur liberté de ton et sont tombés dans l'uniformisation", a regretté le politologue camerounais.
A signaler que le Cameroun et le Gabon occupent les dernières places du classement en matière de respect de la liberté de la presse établi par l'association internationale Reporters sans frontières (RSF), basée à Paris. |