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Le travail de Martine Chomentowski est révolutionnaire. Il dénonce des travers, refuse la stigmatisation et essaie de proposer une autre façon d’envisager l’enseignement destiné à des enfants de parents étrangers et de tradition orale. Bien souvent les enfants issus de familles migrantes sont mis au banc, avec un ensemble de recommandations fallacieuses et hâtives ; il faut oser en parler et dire que l’éducation est plurielle et non univoque, il n’y a pas UN système Unique pour toutes les intelligences.
Au fond, le travail de Martine montre à quel point instruire et enseigner ne sont pas faciles, pour autant le pédagogue peut utiliser, s’il le veut, plusieurs clés pour permettre à l’élève de comprendre la logique inhérente qui lui permettra d’utiliser cette manière ou méthode de penser dans tous les domaines de la vie.
Le Professeur Etienne Bebbe-Njoh du Cameroun se bat pour que la logique, la méthode, l’éducation scientifique soient des aspects de notre quotidien et nous ne pourrons arriver à cela qu’en adoptant une certaine mentalité, parce qu’au fond nul n’est né idiot, chaque être a en puissance la capacité d’apprendre et d’assimiler des méthodes, mais il faut un pédagogue pour les lui apprendre très tôt.
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Bref, Martine Chomentowski, pouvez-vous nous présenter votre travail (thèse de doctorat de l'Université de Nantes) "Une pédagogie sociocognitive interculturelle de la médiation contre l'échec scolaire des enfants de migrants issus de cultures de tradition orale." à propos de l’échec scolaire ?
La question de la surreprésentation des enfants de migrants issus de culture de tradition orale, si elle fait l’objet de recherches dans le champ de l’ethnopsychiatrie, n’est pas encore considérée comme une problématique spécifique par les pédagogues. La situation transculturelle à laquelle se confrontent les familles, conjuguée à l'apprentissage, non médiatisée, d'une langue seconde, influent fortement sur la structuration de la langue orale d’une part et, par voie de conséquence, sur la mise en oeuvre des opérations cognitives. Les enfants fonctionnent sur le mode du clivage car les éléments potentiellement structurants pour la pensée ne leurs sont apportés ni par le milieu familial ni par l'école.
On peut même dire qu'ils ont à compenser avec des réalités dont certaines vont se présenter de façon contradictoire. Pour mieux cerner leurs difficultés, j’ai tenté d'ouvrir un "champ à plusieurs voies": convoquant simultanément les éclairages de l’ethnopsychiatrie, de la psychanalyse et de la sociologie, ma thèse, nourrie d'une longue expérience de praticienne, s'est voulue résolument pédagogique. Elle se décline sous la forme d'un parcours apte à rendre visible la corrélation qui s'établit entre la transculturalité et "la grande difficulté scolaire", elle en dénoue les fonctionnements pour proposer une approche pédagogique pertinente destinée à en minimiser les conséquences.
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L’école pérennise la discrimination sociale et culturelle. Le bilan d’évaluation du dispositif ZEP montre une stabilisation des déficiences, imputable au système. La cause et l’effet sont confondus : là où l’on identifie un manque d’investissement, beaucoup d’agitation, peu de concentration comme étant les causes de l’échec, je me suis attachée à montrer que ce ne sont que des conséquences. Dans notre système d’enseignement fondé sur le raisonnement catégoriel et analogique, les enfants peuvent effectivement sembler inaptes, voire déficients.
De plus, les bilans psychologiques, en usage à l'école, se référant eux aussi à la pensée opératoire, viennent corroborer le constat d’échec. Qu’en est-il si l’on pose l’évaluation de façon holistique, si l’on considère que ces élèves abordent les apprentissages selon un mode d’appropriation qui leur est propre, constitué d’un réseau de références vécues et symboliques que nous avons du mal à interpréter de par l’éloignement avec notre propre système de références. Pour reprendre la notion de "scénario" dans la perspective explicitée par Goffman, on peut considérer l’échec scolaire de l’enfant de migrant comme un décalage entre le scénario attendu et le scénario reçu. De la part de l’élève comme de l’enseignant, il y a maldonne.
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Ma thèse propose de restaurer l'un et l'autre dans ses fonctions en ouvrant aux enseignants de nouvelles perspectives de compréhension et d'action afin qu'ils puissent retrouver le sens et le plaisir de l'acte d'enseigner tout en donnant aux enfants de migrants une réelle chance de devenir des élèves en réussite à l'école républicaine.
Pape Cissoko : A la suite de ce bref résumé, j’encourage tout le monde à découvrir l’interview plus long et qui permet à Martine de développer ses idées et théories sur la question. Voici une occasion pour qu’ensemble, à partir de ce document, que tous réfléchissons sur l’indispensable problématique de l’éducation et de la pédagogie. Nous avons des penseurs qui ont écrits sur cette questions, mais chacun de nous peut proposer sa réflexion et je crois que c’est ainsi que nous pourrons confronter les apports pour en extraire au final une substance bénéfique pour tous et surtout nos enfants.
 Contacts : Martine.Chomentowski@ac-paris.fr
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