
Un jeune ougandais, tout frais diplômé Cambridge, décide de rentrer dans son pays pour entamer une brillante carrière dans l’administration.
Tout semble lui sourire: dès son arrivée, Bat Katanga est mis à la disposition du général Samson "Bazooka" Ondogar. C’est la belle vie, rien n’y manque : belle(s) femme(s), belle voiture, belle maison, etc...Ce qu’il ignore, c’est qu’il est tombé dans un piège. Dans une fosse aux serpents.
Car nous sommes au temps d’Amin. L’Ouganda, à cette époque, c’est d’une part toute une population qui vit dans des conditions infra-humaines, dans la misère, la famine et l’intimidation. Et d’autre part, les propriétaires du pays, les généraux de l’armée, dont les seules préoccupations sont les beuveries, les orgies et l’extorsion de fonds.
"La fosse aux serpents" est donc justement l’histoire d’un vertueux tombé dans la fosse. D’un innocent qui deviendra un dégât collatéral et qui verra entre autres l’indicible horreur des geôles et des camps de torture, la débauche insensée d’une bande de bouffons sanguinaires, les guerres de clan pour le pouvoir, les manigances des mercenaires.
C’est un livre très moderne, sans être particulièrement morbide. Il n’égale pas "Chroniques abyssiniennes" du même auteur (il n'en avait sans doute pas la prétention), mais est tout aussi bien écrit. Sans entrer dans un prêchi-prêcha contre les dictatures ou quelque chose du genre, il montre tout juste à travers le parcours d’un homme ce qu’a représenté le désastre nommé Amin.
Belle intrusion aussi dans des choses de l’ordre de l’intime, belle introduction à la realpolitik et au cynisme machiavélique. Une écriture vive et percutante qui happe le lecteur, presque comme un roman policier.
Un très bon livre, qui à notre connaissance n’a pas d’équivalent de genre dans la littérature africaine.
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