|
|
 |
Patricia Wansi, pouvez-vous nous dire où vous avez fait vos études ? nous raconter vos débuts en somme ?
J’ai eu mon baccalauréat au Cameroun (Bac "A" littéraire), j’ai commencé mes études supérieures à la faculté de Ngoa Ekelle, en lettres modernes françaises, par la suite je suis venue en France et j’ai intégré une école de communication Marketing stratégie et publicité et je me suis spécialisée en produits vente et service.
J’ai commencé à travailler dans une petite start-up en tant que responsable de la communication, et je m’occupais également des aspects commerciaux. J’ai été démarchée par un chasseur de têtes et suite à une sélection, j’ai intégré une agence de communication en tant que directrice de clientèle et directrice du développement.
Cette agence appelée MEDICIS était l’une des premières en France spécialisée dans la communication touristique des pays et des opérateurs nationaux et internationaux. On était en 1998. J’ai travaillé pour des budgets à l’international, Croatie, Malte, le Liban, Egypte,…aussi pour les gros opérateurs de ce secteur, comme le groupe Accor Edition, Marsans, Marmara, Interhome...etc.
 |
Il est arrivé que des clients demandent "qui est le patron" et j'ai répondu "c'est moi" |
 |
|
| Patricia Wansi |
Cette agence a été rachetée par un grand groupe, mais je n’ai pas voulu suivre et j’ai intégré une petite structure, Fip Communication, comme Directrice de Clientèle pour développer et apporter mon expertise dans le secteur du Tourisme et la communication média. Fip, était plutôt spécialisée dans du "print" avant mon arrivée. J’ai rapporté des budgets comme le Sri Lanka, L’école des Glénans, Médiades l’un des opérateurs phare de la Turquie, le conseil de l’Entente...etc.
En 2003, je me suis décidé à créer ma propre structure...
|
|
|
 |
|
 |
|
|
|
 |
|
|
|
|
|
Affiche dans le cadre d'une campagne pour la Côte d'Ivoire
|
|
|
|
 |
|
 |
|
|
|
|
|
Est-ce que vous n’avez pas eu peur de franchir le pas puisque quitter un statut de salarié qui représente une sécurité pour devenir créateur implique une prise de risque...comment avez-vous franchi ce cap ?
Je me suis dit que c’était le moment où jamais, j’avais un carnet d’adresses intéressant, quelques clients avec lesquels j’entretenais une bonne relation, et certains m’ont dit, si vous montez votre société on vous suivra. Dans mes précédents jobs je m’investissais beaucoup, un peu comme si la société m’appartenait, et à chaque fois on me demandait si j’avais des parts ou des actions dans ces sociétés (rires).
C’est vrai que quand on crée sa société, on n’est pas toujours suivi par les banques, on investit ses économies pour créer sa structure...Je me suis dit qu’il fallait foncer et j’ai créé la société en compagnie d’un associé qui fut le précurseur de la communication globale en France. Il fut mon professeur et a été directeur associé de Publicis .
Dans ma structure, je m’occupe plus de la partie sur laquelle j’ai une expertise, à savoir la partie tourisme, loisir et luxe. Je travaille aussi bien pour les pays d’Afrique noire (Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire) que pour les pays d’Afrique du Nord (Tunisie) comme les opérateurs dans l’hôtellerie de luxe. Dans les Caraïbes, je m'occupe de la Guyane pour qui nous avons monté des opérations en communication Online : Marketing Viral.
J'ai aussi effectué des opérations avec la JV, une marque de Nouvelles Frontières du Groupe TUI pour qui nous avons monté des opérations marketing opérationnel avec l’office du Tourisme de la Martinique et de la Guadeloupe.
J’ai également travaillé avec l’Europe de l’Est, et notamment la Hongrie pour faire la promotion de la destination "Hongrie" en France. J’ai aussi travaillé avec la compagnie "Sky Europe" qui est la compagnie aérienne d’Europe de l’Est.
Nous développons non seulement le secteur tourisme et loisir, mais également d’autres secteurs d’activité comme la santé, des produits de grande consommation, des assurances, nous développons pas mal de secteurs d’activités...Nous avons mis en place pas mal de nouveaux process, et des nouveaux produits par chers mais efficaces, car les annonceurs qui viennent vers nous veulent mesurer l’efficacité et veulent la rentabilité.
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
|
|
|
|
Une campagne pour les Caraïbes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
On utilise aussi bien des moyens classiques (campagnes télé, affichage, print), relations presses, communication online, offline du street marketing, de la guérilla marketing pour créer du buzz...etc. Ce sont de nouvelles techniques de communication qui séduisent nos clients.
En Relation publique presse par exemple les RP s’inscrivent dans une action globale et interactive, où les journalistes sont abordés sous un angle nouveau. Les RP prennent toute leur efficacité quand ce n’est plus la marque qui interpelle les media , mais les consommateurs qui interpellent les journalistes. Les outils du Buzz et en particulier du Marketing Viral et du Seeding sont les boosters des RP interactives.
|
Un de mes profs m'a dit que dans le secteur de la stratégie communication publicité, les Noirs étaient généralement cantonnés en back office |
|
|
| Patricia Wansi |
La Communication de Crise est dirigée par Martine Deshusses, spécialiste de cette discipline depuis 15 ans, tant au plan industriel que politique et social.Elle forme à la Communication de Crise les dirigeants d’entreprises et d’administrations, car quand la crise survient, il est généralement trop tard pour réagir avec une efficacité optimum. Elle assure également le media training, pour préparer les managers aux conférences de presse et autres manifestations publiques.
Qu’est ce qui vous a motivé à travailler dans le secteur de la communication et de la publicité où il faut dire que les Noirs ne sont pas nombreux ?
Depuis ma petite enfance, j’ai toujours aimé la communication, j’ai même pensé à être journaliste, j’aimais également tout ce qui avait trait à la création, stratégie...Depuis le Cameroun, j’organisais souvent des événements qui faisaient appel à de la créativité.
Quand j’ai voulu travailler dans le secteur, j’ai cherché une école de communication où j’ai postulé et j’ai passé les tests. J’ai été admise, c’était une école très sélective. J’étais la seule Noire dans mon cursus, communication publicité, et ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai été persévérante et je ne faisais pas attention à ce qui se passait autour de moi.
Quand vous dites que ça n’a pas toujours été facile, concrètement comment cela s’est t-il manifesté ?
Ça n’a pas été facile avec certains professeurs...
|
Vous aviez le sentiment que certains professeurs faisaient une différence parceque vous étiez noire ?
Bien après, un de mes profs m’a dit qu’il avait été surprise de me voir là car, m’a-t-il dit, lorsque les Noirs font de la stratégie communication publicité, il est difficile pour eux d’intégrer une agence en France. Ils sont en général au back office et très rarement en front office. C’est plus aux Etats-Unis ou en Angleterre que des Noirs ont la chance d’émerger dans ce secteur...Il m’a encouragé et félicité, et s’est excusé pour son ignorance.
Mais à l’école je savais ce que voulais, travailler dans la communication, intégrer une agence, "m’éclater" dans mon métier, en mettant en place des stratégies, en ayant des idées créatives à appliquer sur des marques en fonction des problématiques.
Concernant votre stage de fin d’études vous avez aussi une anecdote à ce sujet...
Oui un jour à l’école, mon professeur de stratégie est arrivé et a demandé où les élèves en étaient par rapport à leur recherche de stage. Quand on m’a interrogé, j’ai dit que j’avais obtenu un stage à la Snecma, au service communication. Toute la classe s’est retournée...On m’a demandé "ah ! comment tu as fait ?" etc j’ai répondu que j’avais envoyé mon CV, je venais du Cameroun, je n’avais aucune expérience, je n’avais jamais fait un stage, je suis allée passer l’entretien, je me suis "vendue", j’ai dit ce que j’avais envie de faire, mes motivations, et j’ai été prise. Pendant deux semaines j’ai été en quarantaine...
Des situations comme celle là m’ont fortifiée, je me suis dit que j’étais là pour apprendre et qu’il fallait que je me batte.
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
|
|
|
|
Une campagne pour le Cameroun
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Vous travaillez à la fois avec des clients africains et européens. Comment réagissent vos clients européens quand ils viennent vous rencontrer et voient que vous êtes Noire ?
Il faut déjà dire que dans la profession, les gens ont appris à me connaître, à voir cette Noire qui est un peu partout car on est dans un petit milieu. Certains m’ont surnommé "la gazelle noire". En fait, ce qui les intéresse le plus est de savoir ce que je peux apporter à leur marque, si je suis compétente etc
Il n’y a jamais de clients qui ont été surpris, attendant Patricia Wansi et qui vous voient arriver ?
Il y a déjà eu des cas où on m’a demandé "qui est le patron", et j’ai répondu "c’est moi". Lors des réunions, ils se rendent compte que je connais mon métier, je sais de quoi je parle, alors, le problème de couleur n’a plus sa place. J’ai déjà eu des réflexions du type "on ne fait plus attention au fait que tu sois Noire". Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à ce genre de détails, sinon je n’aurais pas avancé.Il faut travailler, être bien entouré d’une équipe compétente capable d’effectuer d’une manière efficace les projets confiés.
|
Nous avons fait une recommandation stratégique qui a séduit la Hongrie et c'est ainsi que nous avons gagné la campagne |
|
|
| Patricia Wansi |
Avec des clients africains, est ce que certains vous font moins confiance que si vous étiez européenne, même de façon inconsciente ?
Lorsque je viens en tant qu’expert, ils sont curieux de savoir de quoi je parle quand je parle "d’expertise", en appui avec des réalisations, des références, mes interlocuteurs sont encore beaucoup plus attentifs. Ma double culture également joue un grand rôle.
Néanmoins le fait que je sois une femme peut poser problème...Disons que je le devine par la façon de parler, parfois il y a certaines choses qui sont dites qui ne seraient pas dites s’il s’agissait d’un homme. Mais on arrive toujours à montrer qu’une femme peut être compétente et être à sa place.
|
Récemment vous avez gagné une campagne de communication pour la Hongrie...
La Hongrie voulait renforcer sa notoriété comme destination touristique et booster les départs en Hongrie. Nous avons fait une recommandation stratégique qui les a séduit tant sur le plan de conception création, réalisation que sur la stratégie média :une campagne offline (affichage 4*3 dans le métro), du street marketing, ainsi que la communication online..
Pourquoi W&W Communication ?
W&W Communication est votre double, se met à votre place et pense comme vous. Nous savons que les bonnes campagnes naissent des bonnes affinités Annonceurs/Agences.
W&W a mis en place un concept appelé le "Buzzy Comm" : ce sont des solutions pragmatiques, elles marient la publicité, le marketing opérationnel, la communication interactive pour une efficacité optimum.
Notre méthode permet de produire de réels bilans de campagne qualitative et quantitative en menant des opérations directement rentables pour assurer le présent et le futur, pour construire une image forte et séduisante. En évitant au maximum les déperditions budgétaires, tant par un ciblage par segmentation que par la récupération de données.
Notre méthode permet également de produire de réels bilans de campagne qualitative et quantitative. La construction de la base de donnée communautaires permettent des campagnes totalement ciblées et on peut capitaliser d’une action à l’autre. Nous privilégions dans ce cas les contacts utiles par les plan média adaptés. Et des actions ciblées :BUZZ COM
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
|
|
|
|
Affiche dans le cadre d'une campagne pour la Côte d'Ivoire
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Comment définiriez-vous le métier de la communication ?
Nous vivons une révolution culturelle de la communication.Pendant plus d’un demi siècle, la communication n’a pas évolué en profondeur, elle a plus progressé que dans les 50 années précédentes. En 1980, la publicité media dominait avec 80% de parts de voix. Le marketing Opérationnel, ou "hors media", suivait , avec 20%. Le consommateur, dominé par une agression quantitative des messages publicitaires a établi des stratégies de défense et d’autoprotection, il vivait le "marketing de l’interruption".
De ce marketing de l’interruption, nous sommes passés au marketing de la permission, nous sommes entrés dans l’ère de l’interactivité grâce à Internet. Nous vivons aujourd’hui des relations amicales et consenties avec les consommateurs : la communication communautaire Interactive.
|
Nous prenons souvent des stagiaires issus des minorités car ce sont eux qui ont le plus de mal à trouver des stages |
|
|
| Patricia Wansi |
Comment s’organise votre société ?
Les dirigeant de W&W ont des cultures historiquement complémentaires :
-Expertise publicitaire dans les plus grands groupes de communication français et internationaux.
-Expertise en communication transversale,
-Expertise en Communication interactive issue de la culture Internet
-Expertise en Web Master ( logiciel dédié)
-Expertise en Communication de crise et Média training
Plus précisément, nous avons par exemple un chef de pub (équivalent de chef de projet) qui gère les dossiers, qui travaille en étroite collaboration avec la direction artistique, avec les créatifs, et est l’interface avec le client.
Nous avons également un directeur planneur stratégique, Jean-Daniel Bagros, associé de W&W Communication. Nous avons aussi un commercial.
Je m’occupe de la stratégie de développement, des relations presse de mes clients, de la stratégie média, je participe au brainstorming stratégique et créatif avec mon équipe et je prospecte également.
Nous travaillons aussi avec des consultants externes auxquels on fait appel pour des projets bien spécifiques.
|
Combien êtes vous dans votre structure actuellement ?
Nous sommes huit dans la structure actuellement
Quels conseils pourriez vous donner à des jeunes issus des minorités qui voudraient travailler dans ce métier ?
Il faut être persévérant, et savoir que l’élocution est très importante car il faut pour pouvoir s’exprimer d’une manière claire. La tenue vestimentaire, le comportement, l’analyse des sujets et savoir anticiper les problèmes qui pourraient se poser sont également importants. Il faut aussi savoir être patient car comme disait un proverbe "la patience est l’art de l’espérance" et savoir gérer son stress...Ce sont quelques qualités qu’il faut avoir dans ce métier. Quoiqu’il arrive, il faut travailler, ne pas faire attention aux préjugés, persévérer dans ce qu’on aime et être bien entouré...
Il vous arrive de prendre en stage des gens issus des minorités puisque parmi ceux qui trouvent des stages en dernier dans les promotions, il y a toujours une grande proportion qui sont issus de minorités...
Effectivement dans mon entreprise, je prends de temps en temps des stagiaires issus de l'immigration. Ce sont eux qui ont souvent le plus de mal à trouver des stages...Nous les prenons pour 3 mois, 6 mois et en général ils sortent satisfaits, beaucoup plus sûr d’eux. Je les responsabilise en leur donnant des projets à gérer et ils sont coachés par nos experts.
Il y en a quelques uns qui ont des postes importants aujourd’hui dans certaines structures...Et nous gardons le contact avec eux...
Patricia Wansi, Merci pour cet entretien...
C’est moi qui vous remercie...
 Contacts
W&W Communication,
5 Bis passage Geoffroy Didelot
75017 Paris
Tel : 01 42 93 28 97
site web: www.ww-corp.com
|
|
|
|
|
|
|
 |
|
|
| |
 Donnez
votre opinion ou lisez les 1 réaction(s) déjà écrites
 Version
imprimable de l'article
 Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
 Facebook
 Google
 Yahoo
 Digg
 Delicious
|
| |
| |
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
| |
|
| |
|
| |
| |
| |
| |
Top |
| |
| |
|
| |
| |
|
|
|
|
|