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Seun Kuti (au milieu)
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Nous tenions particulièrement à la venue de Seun Kuti. Car les concerts dont nous a gratifiés le plus jeune fils du légendaire Fela ont été de stimulants moments de joie, d’émotion et de conscience sociale. Mais aussi parce qu’en ce 18 octobre 2007 la prestation musicale de Seun résonne, en nos cœurs, comme la commémoration de la dixième année de la disparition de Fela Anikulapo Kuti. C’est dire les frissons qui nous attendent, à la Cigale. Seun Kuti se produit avec l’orchestre de son père, l’Egypt 80, maintenu en activité contre vents et marées, avec le précieux concours du réalisateur et producteur Martin Messonnier, qui fut le manager de Fela en 1981 et 1982.
Dès que les seize artistes investissent le plateau avec Seun à leur tête, nous revivons, en direct devant nous, des pages de l’épopée musicale et politique menée par le ‘Black President’ de son vivant. Saxophones barytons aux graves grisants, inimitable section de cuivres à la sonorité ‘dirty’ façon blues, incantations sensuelles… Sans oublier l’énorme tambour, dont le percussionniste, assis dessus à califourchon, délivre un tempo qui nous frappe en plein dans les entrailles.
Tous ceux qui ont vu Seun Kuti en ‘live ont été impressionnés, au-delà de la sidérante ressemblance physique avec le papa, par son charisme. À tout juste 24 ans, le jeune saxophoniste et chanteur endosse, avec une sérénité mêlée de jovialité, sa lourde responsabilité d’héritier. Et cela, sur scène, mais aussi dans ses interviews. Nous lui avons posé une question, ainsi qu’à Fara C, journaliste à « l’Humanité », qui l’a connu alors qu’il était enfant et qui a régulièrement couvert les activités musicales et militantes de Fela Anikulapo Kuti. |
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Question à Seun |

Avez-vous eu des difficultés à assumer la responsabilité de l’héritage paternel ?
Seun Kuti : Quand vous y pensez avant que cela n’arrive concrètement, vous vous dites intérieurement : OK, je veux assumer mon rôle, je vais le faire. Mais si vous laissez la crainte s’insinuer en vous, vous pouvez perdre vos moyens. Quand le moment est arrivé pour moi, après le décès de mon père, je ne vais pas vous mentir, je ne me suis pas senti prêt sur le plan professionnel, à savoir maintenir le big band en activité, organiser des concerts, etc. Le soutien de Martin Messonnier, qui a travaillé avec mon père et qui est un être humain de confiance, a été déterminant pour moi. La motivation des artistes de l’Egypt 80 aussi, bien sûr. Je me suis décidé à relever le challenge. Pour moi, ce n’est pas une question d’âge, mais de courage. J’ai eu le temps d’observer et d’écouter mon père.
Il était comme un soldat qui part à la guerre en sachant qu’il va peut-être mourir. Il a été harcelé, emprisonné. Il n’a cessé d’être l’objet de répression violente par la police et l’armée - ma grand-mère paternelle en est d’ailleurs morte. Il savait qu’il pouvait y passer à tout moment, mais, en même temps, refusait de déserter. Il était un guerrier qui n’utilisait pas les fusils, mais la musique, pour combattre l’injustice. Les autorités n’avaient aucun moyen, hormis la violence, pour tenter de le faire taire et de censurer la vérité. À travers mon père, j’ai eu un exemple exceptionnel de bravoure. Tout en travaillant à ma propre musique, je suis fier de tenir le flambeau de son héritage. |
Question à Fara C. |

Quand avez-vous connu Seun ? Quelle est sa véritable place, selon vous, sur la scène musicale ?
- Fara C : J’ai connu Seun en juillet 1986, quand j’ai débarqué à Lagos, pour faire un reportage sur Fela, qui venait de sortir des geôles nigérianes où il avait été incarcéré durant vingt mois. J’avais déjà vu et rencontré, en France, Fela, dont l’engagement politique et la créativité artistique m’ont marquée dès le tout début des années soixante-dix. Au Nigeria, durant l’été 1986, j’ai observé le courage de Fela, mais aussi de sa famille et de tous ceux qui avaient décidé de rester à ses côtés, malgré la répression. J’ai été témoin de l’amour que lui portait le petit peuple. Seun avait deux ans et demi ou trois ans.
Je me souviens de lui, dansant dans les bras de sa maman, Fehintola. Épouse et choriste de Fela, Fehintola nous a quittés l’an dernier. Je voudrais lui rendre hommage et témoigner de l’enseignement qu’elle a apporté à Seun. De fait, Seun n’est pas le mime de son père, mais un artiste à part entière, fort d’une expérience. Dès l’âge de huit ans, il a chanté dans l’orchestre paternel, puis s’est produit en première partie de ce dernier. Ce n’est pas pour rien que les musiciens de l’Egypt 80 reconnaissent sa légitimité. Seun estime que c’est son devoir de perpétuer le legs de son père, et nous ne pouvons que lui en être reconnaissants. Mais il a aussi son propre art à développer. Le fait qu’il décide de collaborer avec Martin Messonnier, dont la compétence et la dimension humaine sont reconnues de tous, constitue un excellent gage pour le développement de son indiscutable talent. |
Informations pratiques : |

Seun Kuti & Egypt 80 en tournée :
- 18 octobre, 20h, à Paris, la Cigale, 120 boulevard Rochechouart, métro Pigale ; tél. : 01 49 25 89 99. Attention, Soulive ne pouvant venir effectuer la première partie, Seun Kuti joue dès 20h. Information : 01 46 210 837. Tarif : 31,50 €. Locations : Fnac (27 € pour les adhérents), Carrefour, 0892 707 507 (0,34 €/min) et sur http://looproductions.com/jvc/2007
- 19 octobre, 20h30, au Nancy Jazz Pulsations, Chapiteau de la Pépinière ; http://www.nancyjazzpulsations.com. Locations : Fnac, 0892 390 36 22 (0,34 €/min) ; 22,80 €.
- 28 octobre, 20h30, à Ramonville (31), Havana Café ; 22 €.
- 31 octobre, 20h, à Marseille (13), Dock des Suds ; 21,70 €.
- 2 novembre, 20h, à Bruxelles (99), Forest national, Arcade Fire ; 32,50 €.
- 8 novembre, 20h, à Le Mans (72), à l’Oasis ; 11,70 €. |

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