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Charles Soludo, gouverneur de la Banque Centrale du Nigeria
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Juin 2007, le soleil se lève progressivement sur Abuja, Capitale fédérale de l’état du Nigeria. Dans la salle de conférence cossue de l’hotel Swanky Transcop se trouvent regroupées 1000 des plus influentes personnalités de la sphère économique nigériane ; PDG, économistes, banquiers, chercheurs,...Ils s’apprêtent à passer 3 journées de débats et de réflexion sur la stratégie à adopter pour faire du Nigeria une des principales puissances émergentes à l’horizon 2020, à l’équivalent des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
D’une allure déterminée, Charles Soludo fait son entrée dans la salle de conférence. Il est le patron de la puissante et très respectée Banque Centrale du Nigeria et animateur des débats du forum. Son premier geste est de demander aux conférenciers d’éteindre leur téléphone portable. Dans la foulée d’une étude de Goldman Sachs qui pronostique que le Nigeria fera partie du club des 20 principales économies du monde en 2025, au même titre que les BRIC, Charles Soludo a décidé de mener personnellement la charge et de faire de cet objectif un de ses principales leitmotiv, ramenant la date butoir à 2020, créant le fameux 20-2020. (Faire partie du G20 en 2020).
Formé au Nigeria ainsi que dans les meilleures universités occidentales, (Rhodes Scholar Oxford et Post-Doc Cambridge), il est l’un des esprits les plus brillants de la jeune génération des dirigeants Nigérians, celle biberonnée par l’ancien président Olusegun Obasanjo et qui les appelait ses disciples. Cette génération comprend entre autres Ngozi Okonjo-Iweala, actuellement membre de l’équipe de direction de la banque mondiale ; Nasir El-Rufai, le patron de la principale agence anti-corruption, Nuhu Ribai...
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Nommé patron de la BCN en 2004, Charles Soludo a opéré une véritable révolution dans un pays où les banquiers centraux sont en général de vieux apparatchiks incompétents en matière de politique économique et monétaire et bien souvent corrompus. Son premier objectif a été d’assainir le paysage bancaire nigérian, poussant les banques à fusionner entre elles pour former des groupes avec un capital suffisamment solide pour pouvoir retrouver la confiance des épargnants.
En un temps record, le nombre de banques nigérianes est passé de 89 à 25, avec une dizaine de banques ayant un capital de près de 4 milliards de dollars. Ce chiffre est à comparer avec le capital de Merrill Lynch, une des principales banques mondiales qui est de 28 milliards de dollars. Dans le paysage bancaire africain, seules les banques sud-africaines font mieux en termes d’ambitions et d’innovations.
En 2005, Soludo a encouragé et supervisé le transfert de $7 milliards des caisses de l’état vers 14 banques privées, exigeant à ses banques de s’associer à des banques occidentales pour gérer ce trésor national. Cette initiative a le double don de transférer un savoir-faire en matière de gestion de portefeuilles au niveau local ainsi que celui de la transparence de la gestion des réserves nationales. Sa dernière initiative qui est un peu plus controversée est de procéder à la ré-dénomination du Naira, la devise nigériane, divisant sa valeur par 100 ; un billet de 1000 Naira vaudra ainsi 10 Naira après cette opération.
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Umaru Yar'Adua ici avec Angela Merkel
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Signe de l’importance accordée au défi 20-2020, le président nigérian Umaru Yar’Adua s’était rendu disponible pour inaugurer en personne la conférence d’Abuja et a eu l’occasion de rappeler qu’il était un des principaux meneurs de cette nouvelle ambition nationale, et que sa première priorité restait plus que jamais l’économie, la seconde l’économie et la troisième l’économie, empruntant ainsi un peu de la formule magique de Clinton qui lui valut tant de succès aux présidentielles américaines de 1992 : « It's economic, Stupid ! », traduire « L’essentiel, c’est l’économie ».
En 2004, j’ai eu l’occasion pendant une année sabbatique passée dans une prestigieuse université suisse de voir défiler les cadres montants des banques nigérianes, arrivant en équipe pour suivre des formations d’une semaine facturées $10,000. J’étais frappé par la jeunesse de ces cadres et leur forte ouverture au monde. J’y appris que les Salaires de 100,000 dollars annuels n’étaient pas rares pour des cadres supérieurs dans le secteur financier nigérian et que les banques y étaient avec les grandes multinationales du Conseil, les sociétés qui payaient le mieux les jeunes diplômés. J’étais par conséquent peu surpris de constater que l’état major des principales banques Nigérianes était peuplé de cadres très bien formés (en continu) et souvent bardés de diplômes.
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Optimisme exagéré ? Le Nigeria est il à la hauteur de ce défi ? |
En 1967, Jean Jacques Servan Schreiber prédisait dans son Best Seller "le défi Américain" que l’éducation, l’importance accordée à la recherche et l’esprit d’entreprise formaient les principaux piliers de la suprématie Américaine. Le Nigeria est aujourd’hui un des rares pays africains à conjuguer ces attributs qui permettent d’être à la hauteur d’un défi de développement et de croissance.
Le Nigeria est entrain de prouver que la meilleure façon de prédire le futur est de l’inventer. De tels changements ne sont pas toujours faciles à déceler, même pour ceux qui font tourner l’économie nigériane. La seule constante qui garantit le succès d’une ambition, c’est la qualité des hommes qui la portent. Le Nigeria pour la première fois de son histoire semble prêt à confier les rênes aux talents comme Charles Soludo dans le secteur public ou Tony Elumelu dans le privé.
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 Auguste Nguetsop, 33 ans, est Managing Director de Riskwave, Société de conseil dans la gestion quantitative des risques financiers basée a Londres. Il est également auteur d’un ouvrage à paraître aux éditions PUF sur les Méthodes Montecarlo appliquées aux calculs de risques. Il est titulaire du MBA de L’IMD Lausanne, Suisse.
auguste.nguetsop@riskwave.co.uk
www.riskwave.co.uk
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