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Desmond MpiloTutu (né en 1931), Prix Nobel de la paix 1984 (2/2)
19/11/2007
 

Lorsque l'apartheid prit fin en Afrique du Sud, Desmond Tutut apparut comme la personnalité pouvant présider la Commission ''Vérité et réconciliation''. Il continue aujourd'hui de se préocupper des problèmes de l'Afrique du Sud ainsi que du reste du monde aux travers d'engagements divers et variés
 
Par Paul Yange
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Tutu initie des projets comme « l’education opportunity council » pour améliorer l’éducation chez les Noirs, prend position contre la politique d’expropriation des Noirs qui les prive des terres qui leur appartiennent, confisquées et réparties à des Blancs, tandis qu’eux sont cantonnés dans des zones spéciales appelées « bantoustans » créées par l’Etat. Tutu visite lui-même les « camps de réimplantation » où sont parquées les populations noires en attente d’être transplantées dans d’autres zones géographiques, et peut y voir les conditions de vie désastreuses dans lesquelles elles sont maintenues.

J’avertis les membres du gouvernement sud-africain, une fois de plus. Ils ne sont pas des Dieux, mais de simples mortels qui laisseront à peine un gribouillis sur les pages de l’histoire dont le flot les emporte comme du bois de l’épave. Je ne les crains pas
Desmond Tutu



Tutu mobilise des fonds en Afrique du Sud pour pouvoir permettre au SACC d’appliquer son programme, mais c’est surtout à l’étranger qu’il a le plus grand succès en matière de mobilisation de moyens financiers nécessaires au SACC. Par ses prises de positions, son engagement contre l’apartheid qu’il dénonce en toute circonstance, Tutu devient progressivement la voix la plus libre d’Afrique du Sud. Il s’exprime parfois en son nom propre, parfois au nom du SACC, n’a peur de s’exprimer, et maîtrise à merveille la communication.

Tutu qualifiait l’apartheid dans ses déclarations de « mal pernicieux », « d’invention diabolique », « un des systèmes les plus vicieux depuis le nazisme ». A chacune de ses conférences, de ses rencontres avec les médias, de ses déplacements à l’étranger ou de ses interventions, Tutu ne manquait pas de critiquer l’apartheid, de dire tout le mal qu’il en pensait. En 82, lors de l’enterrement d’un avocat noir dont la mort était attribuée aux agents du gouvernement, Tutu déclara :

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Nelson Mandela rend visite à Desmond Tutu le 21 février 1990, quelques jours après sa libération  
Nelson Mandela rend visite à Desmond Tutu le 21 février 1990, quelques jours après sa libération
© achievment.org
 

« beaucoup d’autres seront emprisonnés. Bien d’autres seront bannis. D’autres encore seront déportés, tués. Oui ce sera coûteux. Mais un jour nous serons libres. Rien ne nous empêchera de devenir libre – ni les balles de la police, ni les chiens, ni les gaz lacrymogènes, ni la prison, ni la mort, non rien ne nous arrêtera parceque Dieu est avec nous »

En juin 82 à l’occasion d’une messe en mémoire des massacres de Soweto, alors que l’église où se déroulait la messe était entourée par plusieurs centaines de policiers (le gouvernement voulait empêcher les journalistes de rendre compte de la cérémonie) Tutu déclara aux 5000 Noirs présents dans l’église : "Y a-t-il quelqu’un ici qui doute que l’apartheid soit voué à l’échec ?" "Non" lui répondit l’assistance. "Y a-t-il quelqu’un qui doute que nous finirons par être libres ?" Non lui répondit à nouveau l’assistance, ce sur quoi Tutu fit chanter à la foule une chanson intitulée "nous serons libres". A la fin du service, il fit une promesse demeurée célèbre : « le jour où on lui apporterait la preuve qu’il avait tort au sujet de l’apartheid, il déposerait sa bible »

En 81, il refusa de célébrer le quarantième anniversaire de la proclamation de la république d’Afrique du Sud, demandant en quoi cela pouvait bien concerner les Noirs. Parallèlement, au début des années 80, Tutu était devenu une personnalité internationale, et était très sollicité lors de ses déplacements à l’étranger. Mais en Afrique du Sud, il faisait l’objet de menaces de morts, recevait des lettres d’insultes, des coups de téléphone obscènes, était victime de diffamation...

Desmond Tutu en compagnie de Rosa Parks, héroïne de la lutte pour les droits civiques  
Desmond Tutu en compagnie de Rosa Parks, héroïne de la lutte pour les droits civiques
© achievment.org
 

Lorsque le gouvernement mis en place la commission Eloff chargée d’enquêter sur la gestion du SACC, Tutu déclara entre autres : "si les membres du gouvernement s’en prennent au SACC, ils doivent savoir qu’ils s’en prennent à l’église de Dieu et que d’autres tyrans avant eux ont cherché à détruire l’église – Néron, Amin, Hitler, Bokassa, etc…Où sont-ils aujourd’hui ? Ils ont mordu ignominieusement la poussière. J’avertis les membres du gouvernement sud-africain, une fois de plus. Ils ne sont pas des Dieux, mais de simples mortels qui laisseront à peine un gribouillis sur les pages de l’histoire dont le flot les emporte comme du bois de l’épave. Je ne les crains pas."

Tutu prend une envergure internationale lors de ses voyages à l’étranger, rencontre des personnalités américaines lors de séjours aux Etats-Unis, se voit décerner divers doctorats honorifiques, dont celui de Harvard, qui lui confère une certaine notoriété aux USA ; Prend position en faveur de la mise en œuvre de sanctions économiques contre l’apartheid...Rencontre des personnalités comme Jesse Jackson ou Vernon Jordan, ainsi que le sénateur Kennedy, ne se prive pas de critiquer Ronald Reagan, même s’il apprécie les Etats-Unis.

Après avoir figuré sur une « short list » de nobelisables en 82 et 83, Tutu se voit récompensé du prix Nobel de la paix en 1984, et devient le second sud-africain, après le président de l’ANC Albert Luthuli en 1960, à obtenir un prix Nobel de la paix. Cette récompense entraîne un accroissement de l’intérêt des médias pour l’Afrique du Sud, qui reste par exemple à l’affiche des médias américains pendant plusieurs semaines. Lors de sa tournée américaine de janvier 86 (qui déclenche quelques controverses), Tutu demande par exemple aux médias de soutenir l’ANC, le parti avec lequel il se sent le plus en phase.

 
© zar.co.za  

En avril 86, Tutu qui était évêque de Johannesburg fut nommé archevêque de la ville du Cap, un poste qui correspondait à la position la plus élevée au sein de l’église anglicane en Afrique du Sud.

Après un discours de Ronald Reagan qui réitère le 22 juillet 86 qu’il n’est pas partisan de sanctions économiques à l’égard de l’Afrique du Sud, Tutu déclara que le président américain, ainsi que Margaret Thatcher, et Helmut Kohl étaient bons à jeter, que le discours de Reagan était en dessous de tout et lui donnait la nausée, terminant par "l’Amérique et l’occident peuvent aller au diable". On avait déjà reproché à Tutu des propos tenus sur le fait que les Noirs sud-africains « accueilleraient volontiers les russes s’ils les libéraient de l’apartheid » : « si comme les Noirs en Afrique du Sud vous avez le cul dans la basse-fosse et que quelqu’un vous tend la main, vous ne demanderez pas le pedigree de votre libérateur ».

En 87, Tutu fut nommé président du conseil des églises africaines. La lutte entre le régime pro-apartheid et l’ANC ainsi que le PAC (Panafrican Congress) se durcissant, l’état d’urgence était décrété à de nombreuses reprises dans le pays. Les pressions internationales s’exerçant sur l’Afrique du Sud plongeaient le pays dans une situation difficile (retrait de certaines banques, effondrement de la monnaie, retrait des investisseurs internationaux…). En 89, Tutu est nommé chancelier de l’université du Cap. Les pressions internationales sur l’Afrique du Sud, la campagne menée par l’ANC, la situation d’insurrection dans le pays conduisirent le gouvernement sud-africain à faire des concessions politiques. F.W De Klerk introduisit en 1989 des réformes qui conduisirent à la libération de Nelson Mandela le 11 février 1990.

Avec Oprah Winfrey  
Avec Oprah Winfrey
 

En 94, les premières élections multiraciales eurent lieu en Afrique du Sud avec l’élection de Nelson Mandela comme président de la république sud-africaine. Puis la commission « Vérité et Réconciliation », chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l’homme et les crimes politiques commis de 1960 à 1994, par les partisans et les opposants à l’apartheid fut créée. Desmond Tutu en fut nommé président.

La commission prévoit l’amnistie pour ceux qui confessent leurs crimes, et une indemnisation financière pour les victimes et leurs descendants. Tutu déclare : « j’espère que le travail de la commission, en ouvrant les blessures pour les nettoyer, les empêchera de s’infecter (...) La vraie réconciliation n’est jamais bon marché car elle repose sur le pardon, qui est coûteux ».

En mars 1996, la commission commença ses auditions. En juin, Tutu se retira de son poste d’Archevêque de la ville du Cap pour se consacrer à son travail au sein de la commission. Il fut néanmoins nommé archevêque émérite en juillet de la même année. La commission effectua près de 20 000 auditions et reçu environ 4000 demandes d’amnistie. En octobre 1998, la commission "Vérité et réconciliation" rendit son rapport intérimaire (le rapport final sera rendu en mars 2003), et Tutu en quitta la direction. Il créa en compagnie de son épouse un centre pour la paix.

Tutu ne cessa pour autant de s’exprimer et de prendre position sur les grands sujets de société nationaux ou internationaux : en janvier 2002, il critiqua ainsi Robert Mugabe, le président zimbabwéen en déclarant : « C’est très dangereux de subvertir les lois dans son propre pays, de ne même pas respecter les jugements rendus par la justice (...) ce qui arrive à Robert Mugabe est très triste. Il fut un des les plus grands leaders africains. Une étincelle brillante, un débonnaire, une personne à l’expression et la pensée bien articulées...»

Desmond Tutu en compagnie de Quincy Jones  
Desmond Tutu en compagnie de Quincy Jones
© achievment.org
 

En 2003, Tutu rejoint les rangs des nombreuses personnalités mondiales qui critiquent l’attaque « préventive » contre l’Irak menée par George Bush et Tony Blair. En 2004, Tutu appela le système judiciaire américain à permettre aux victimes de l’apartheid de réclamer des dommages et intérêts contre les entreprises qui avaient continué à opérer en Afrique du Sud après que les Etats-Unis et l’ONU aient imposé des sanctions contre le pays. Mais le gouvernement de même que Nelson Mandela n’était pas partisan de telles poursuites.

En novembre 2004, Tutu critiqua la politique de « Black Economic Empowerment » mise en place par le gouvernement pour former une classe dirigeante noire tenant les rênes du monde des affaires : « qu’est ce que le Black Economic Empowerment quand il tend à profiter non pas à la majorité, mais à une élite qui tend à se recycler ? » ajoutant que trop de sud-africains vivent encore dans la pauvreté, ce qui faisait de l'Afrique du Sud un pays assis sur « un baril de poudre ».

Le 16 décembre 2005, Tutu marque le 10ème anniversaire de la commission « Vérité et réconciliation » en déclarant que trop de personnes qui ont commis des crimes contre les droits de l’homme sous l’apartheid s’en tirent en toute impunité. Pour lui, l’incapacité à poursuivre ceux qui ont commis des crimes, mais boycotté la commission laisse un héritage d’impunité car cela signifie qu’il y en a qui peuvent dire impunément : "ah, que pouvez-vous faire contre nous," ce qui risque d’entraîner selon lui un moins grand respect des gens envers la loi. En janvier 2007, Desmond Tutu a reçu le prix international Gandhi pour la paix qui lui avait été décerné en 2005. Une récompense qui constitue la plus grande récompense internationale que l’Inde puisse décerner.

 
© hindu.com  

En avril et en mai, Desmond Tutu appela les pays africains à condamner les violations de droits de l’homme au Zimbabwe, et fin juin, à l’occasion du lancement de la branche anglaise de sa fondation, Tutu appela les médias à prendre plus de précaution dans leur analyse de la religion comme cause de conflit :

on parle de terrorisme musulman, mais a-t-on jamais lu quelque part des gens écrire "terrorisme chrétien ?" On n’a jamais décrit la situation en Irlande du Nord comme du terrorisme chrétien (...) Nous les chrétiens devrions descendre de nos grands chevaux et apprendre à être beaucoup plus humble, surtout quand on voit les crimes sanglants que nous avons commis dans le passé au nom de la religion... "

En plus de son activisme, Desmond Tutu a repris son premier métier puisqu’il est également professeur de théologie à l’université d’Emory, à Atlanta en Georgie. En octobre 2007, Tutu est entré au conseil d'administration de l'AUN, (American University of Nigeria), une université nigériane. Il fait également partie de la fondation The Elders ("les anciens"), un groupe de personnalités regroupant entre autres Nelson Mandela, Kofi Annan, Jimmy Carter etc et qui entend donner son avis librement sur les problèmes du monde, ses membres n'étant plus aux affaires.




CITATIONS

Cette récompense est pour vous – vous les mères qui, assises près des gares de chemin de fer, vendez des pommes de terre, du maïs, des pieds de porc panés, afin d’améliorer le sort des vôtres.

Cette récompense est pour vous –vous les pères de famille qui, logés dans un foyer pour célibataires, êtes séparés de vos enfants pendant onze mois de l’année.

Cette récompense est pour vous –vous les mères de famille qui vivez dans des camps de squatters, vous dont les abris de fortune sont détruits sans pitié chaque jour, vous qui devez vous tenir l’hiver sur des matelas trempés de pluie, en serrant dans vos bras vos bébés en pleurs, vous dont le crime, dans ce pays, est de vouloir vivre auprès de vos maris.

Cette récompense est pour vous- vous les trois millions et demi d’individus, membres de notre peuple, qui ont été déracinés et jetés comme des déchets. Le monde proclame ainsi qu’il vous reconnaît, il reconnaît un peuple qui aime la paix.



Desmond Tutu, recevant le prix Nobel de la paix en 1984.










       
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