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Le jeune Kadhafi
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Lorsqu’au petit matin du 1erseptembre 1969, une douzaine d’officiers, conduits par un jeune capitaine de 27 ans, Mouammar Kadhafi, renversent le régime monarchique d’Idriss 1er, s’emparent du pouvoir et proclament la révolution, leur objectif est double: restaurer la fierté nationale de la Libye alors sous très forte influence américaine, et surtout réaliser l’unité du monde arabe.
Solidaire du nationalisme du président égyptien Gamal Abdel Nasser, toute la politique extérieure du nouveau gouvernement est alors résolument fondée sur le panarabisme. C’est ainsi que dès 1969, Mouammar Kadhafi, devenu entretemps colonel, entreprend l’union de son pays avec le Soudan et l’Égypte, puis, deux ans plus tard, avec la Syrie et l’Égypte, la Tunisie en 1974, à nouveau avec la Syrie en 1980, le Maroc en 1984 et à nouveau avec le Soudan en 1990.
Toutes ces tentatives se sont finalement soldées par des échecs, les présidents arabes s’étant montrés réticents à renoncer à une partie de leur souveraineté au profit d’une entité supranationale. De fait, les peuples arabes et leurs dirigeants n’ont jamais adhéré au "pouvoir des masses" et à son idéologie développée dans le Livre Vert, de Mouammar Kadhafi, cette "troisième voie" présentée comme alternative au capitalisme et au socialisme scientifique. |
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Pis, mis en cause dans les attentats contre le Boeing 747 de la PanAm en 1988 et du DC-10 d’UTA en 1989, et banni de la communauté internationale par un embargo décrété en 1992 par l’Organisation des Nations unies (ONU), Mouammar Kadhafi s’attendait à ce que ses frères arabes lui apportent leur soutien dans ces moments de solitude. En vain ! C’est plutôt du côté de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA) que la solidarité s’est manifestée, l’organisation panafricaine ayant ouvertement dénoncé l’embargo aérien au cours du sommet de Ouagadougou en 1998.
Et dans la foulée, plusieurs chefs d’État du continent se rendent en Libye, suscitant l’indignation des Occidentaux, en particulier des Américains. Déçu par ses frères arabes, le guide de la Grande Jamahiriya exposera dans un discours prononcé en 2005 à l’occasion du 35e anniversaire de la révolution son amertume vis-à-vis de "ces Arabes qui se font écraser en Palestine et en Irak".
Morceau choisi: "Tout ce que la Libye a enduré dans le passé est dû aux positions que nous avons prises en faveur des Arabes. Malgré nos sacrifices, ils se sont alliés avec les États-Unis et avec le sionisme. Il n’y a plus rien à espérer d’eux". Dépité, il somme ses pairs algérien, marocain, égyptien, et tunisien de ne plus parler ni de nationalisme arabe, ni d’unité arabe. "Vous faites partie du continent africain. Vous devez parler de l’Union africaine. Si l’Afrique n’est pas votre terre, alors revenez à votre terre, revenez à la péninsule arabique", a-t-il conclu. |

En 2004, le numéro un libyen claque la porte de la Ligue arabe pour se consacrer au projet qui, à ses yeux, constitue désormais sa raison d’être: l’unification du continent africain.
"Je me suis endormi avec 4 millions de Libyens et je me suis réveillé avec 700 millions d’Africains", a-t-il confié en septembre 1999, lors du sommet extraordinaire de l’OUA tenu à Syrte, à 500 km de Tripoli, qui portera l’Union africaine sur les fonts baptismaux. Exit donc le panarabisme, place au panafricanisme!
Mouammar Kadhafi est ainsi sur tous les fronts, impliqué dans la résolution des conflits et dans la mobilisation de capitaux libyens pour financer des projets de développement dans plusieurs pays d’Afrique au sud du Sahara (voir Continental n°57). En avril 1999 à Syrte, il réussit à arracher un accord de cessez-le-feu sur la République démocratique du Congo (RDC) à l’issue d’un sommet ayant réuni les présidents Laurent Désiré Kabila, Yoweri Museveni, Idriss Déby Itno et Issayas Afeworki.
Conjointement avec l’Union africaine, il parvient à convaincre les présidents tchadien et soudanais de signer, en février 2006, un accord censé mettre fin au différend qui les oppose depuis des années. En 2005, alors que son intronisation par l’armée suite au décès de son père, Gnassingbé Éyadéma, est vivement critiquée par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et la Commission de l’Union africaine, c’est auprès du Guide libyen que le nouveau président togolais Faure Gnassingbé est allé chercher du réconfort. |

Au plan économique et financier, la Libye investit pêle-mêle ses pétrodollars dans la création de banques et la construction d’ensembles hôteliers de grand standing au Burkina, au Tchad et au Mali. En remplacement de la défunte Air Afrique, la compagnie Afriqiyah Airways voit le jour et assure depuis 2001, via Tripoli, des liaisons entre Paris et plusieurs capitales africaines.
Mouammar Kadhafi est aussi le principal artisan de la création et du fonctionnement de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), une organisation qui compte à ce jour vingt-trois États et dont l’objectif est de soutenir les plans de développement dans les secteurs agricole, industriel, énergétique entre les pays membres. Pour le leader libyen, cet activisme politico-économique vise un seul but: l’union du continent africain par la création d’un gouvernement panafricain, avec une armée unique qui se substituerait aux armées nationales.
Il doit toutefois convaincre davantage de la pertinence de son projet de créer sans délai un exécutif continental. Au dernier sommet de l’Union africaine (UA) en juillet 2007 à Accra, au Ghana, ses pairs se sont plutôt ralliés à l’approche graduée défendue par le président sud-africain Thabo Mbeki… Pour l’avènement de cette union africaine dont il rêve, Mouammar Kadhafi devra encore s’armer de patience.
Joachim Vokouma
www.continentalmag.com |

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