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A la fin de cet article vous avez accès à la version sonore intégrale de cette interview. |
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Pouvez-vous vous présenter à nos internautes?
Sandra Vénite, j'ai 29 ans, je suis née en France à Paris, mes parents sont originaires de la Caraïbe française, mon père de la Martinique, ma mère de la Guadeloupe.
Professionnellement j'ai fait des fait des étudespar de langues étrangères, LEA (Langues Etrangères Appliquées au Commerce International en Allemand et en Anglais), je suis partie très vite effectuer ma deuxième année de DEUG en Allemagne, et dès la troisième année je suis partie aux Etats-Unis, pour faire une expérience avec Air France qui s'est très bien passée. Dès que j'ai eu la possibilité de voyager, je l'ai fait.
Je suis revenue en France, j'ai été assistante de direction Trilingue dans l'audit et dans l'édition, et j'ai ensuite tout arrêté pour me consacrer à la création, ce dont j'avais envie depuis longtemps, et j'ai créé Madrissim'Art. |
Qu'est-ce que Madrissim'art, comment vous est venu l'idée de créer la société et comment avez-vous choisi le nom?
En fait l'idée m'est venue à la période où je vivais à New-York, où j'étais plongée dans un milieu artistique multi-culturel.J'ai commencé à faire toutes les galeries, à me balader, chose que je ne faisais pas en France, surtout qu'à New York dans le village down-town sur quelques rues vous avez plein de galeries, en une après-midi vous pouvez en faire pas mal et vous en avez plein la vue. J'ai commencé à m'imprégner énormément de ça, j'ai commencé à assiter à quelques vernissages et j'ai été immédiatement fascinée par les artistes-peintres.
Je me suis alors demandé comment ça se passait en France, est-ce que je pourrais faire la même chose, c'est-à-dire trouver des artistes, organiser des expositions, faire en sorte qu'ils soient vus.
Madrissim'Art est une agence d'événementiel qui organise des expositions d'Art Contemporain et qui gère aussi la carrière d'artistes. Le nom est tout simplement issu du tissu traditionnel très coloré de la Caraïbe "Le Madras" et du suffixe superlatif latin "issima" le tout combiné à l'Art bien évidemment.
A travers ce nom je voulais exprimer le plus beau de toutes les couleurs, couleurs voulant dire aussi bien, couleurs de peaux que styles, qu'inspirations etc...tout ceci percevable à travers L'Art. |
De combien d'artistes vous occupez-vous? Quel rôle jouez-vous pour eux/elles, et quels types de rapports entretenez-vous?
Il faut savoir que mon travail se situe à deux niveaux. Il y a une partie Evénementiel et une partie management. Je ne m'occupe pas forcément, d'un point de vue management, de tous les artistes qui exposent.
Depuis que Madrissim'Art a été créée, il y a un an environ, il y a une quinzaine d'artistes qui ont été exposé grâce à Madrissim'Art, mais je ne m'occupe que de six d'entre eux à l'heure actuelle au point de vue Management car c'est énormément de travail, et que je privilégie énormément mes relations avec eux, j'écoute surtout, je guide un peu, je les motive énormément et je suis toujours là si ils ont besoin de moi.
Vous avez parlé des expositions qui représentent 50% de votre travail. Y-a-t-il une raison au fait qu'elles soient généralement mutli-artistes, et est-ce facile d'exposer de l'art afro-carribéen en France?
En fait j'ai voulu organiser des expositions pour faire venir les particuliers aussi bien que les professionels de l'Art. Le métier d'agent artistique est très difficile, surtout quand on s'occupe en majorité d'artistes afro-caribéens, il fallait que j'organise des expositions collectives, pour mener à des expositions personnelles en galeries. C'est une stratégie que j'ai adoptée et qui a fait ses preuves..
Pourquoi beaucoup d'artistes? Parce qu'il faut que les galléristes aient un choix assez large, et aussi, en tant que caribéenne, c'est-à-dire autant être africaine, arawak , française, italienne, espagnole, anglaise ou portugaise, pour moi avoir des artistes d'origine et de styles différents c'est mener à l'identité caribéenne.
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Appréciés par les amateurs de "musique exotique", comment sont perçus les artistes afro-caribéens par les amateurs d'art, les chroniqueurs ou les galéristes? En particulier, est-il facile de les "vendre"?
Je m'occupe plutôt de jeunes artistes, il faut savoir qu'il y a beaucoup de peintres talentueux dans la Caraïbe qui sont reconnus internationalement, et eux n'ont aucun problème de communication ou de critiques. On parle là de la génération antérieure où les artistes évoluaient de façon plus personnelle et pas très communicative dirais-je.
Ce que j'essaie de faire maintenant c'est de créer une synergie pour que les jeunes artistes soient connus, reconnus, faire voyager leurs oeuvres, parce que Madrissim'Art c'est aussi exporter l'art, ce qui est vraiment très important pour moi.
Quand les artistes exposent, c'est vrai que par rapport aux critiques ou à la façon dont ils sont perçus c'est très positif. Cependant la Caraïbe a une image de "doudouïsme" qui n'est pas vraiment facile à porter, et j'espère de tout coeur briser un peu les clichés en faisant de l'art contemporain pur et dur.
Est-il facile de vendre vos artistes d'autant que pour une grande partie d'entre eux leur art est souvent fortement afro-caribéen?
Je ne pense pas que la vente d'oeuvres d'art soit une question d'origine. C'est vrai que le style des artistes sera toujours quelque part imprégné de son origine ou de son environnement culturel, mais je ne pense pas que l'origine ait une répercussion sur le fait que le client achète ou pas. A l'heure actuelle, il n'y a pas plus de difficultés à promouvoir des artistes italiens, ce que je fais aussi d'ailleurs, que des artistes originaires de l'Afrique ou de la Caraïbe. C'est juste au niveau de la communication où il y a un effort à faire. Je dirai tout simplement qu'à partir du moment que l'individu aime ce qu'il voit, il ne va pas plus acheter parce que l'artiste est de telle ou telle origine. |
Vous revenez de Londres, et avez dit avoir approché le monde l'art de près à New-York. Est-il plus facile de diffuser l'art afro-caribéen dans le monde anglo-saxon?
Tout à fait, et j'en ai fait l'expérience très très vite. Quand je vivais à New-York j'avais des contacts avec des galléristes ou bien avec des personnes qui exposaient des artistes même si cela n'était pas l'activité première de leur business. Quand je suis revenue en France, j'occupais un poste de responsable clientèle dans une société où il y avait un artiste-peintre métisse martiniquais et guinéen, qui faisait vraiment des choses magnifiques. C'est lui le premier qui a eu confiance en moi, qui m'a dit "Sandra, tu adores ce que je fais, tu es bilingue, tu as vécu là-bas, s'il te plait, fais quelque chose pour moi, occupes-toi de moi, prends quelques toiles, prends la température quoi !". Il se trouve que quand je suis arrivée j'ai vendu deux toiles mais j'ai malheureusement rencontré des problèmes de logistique, par exemples les clients voulaient voir des toiles qui figuraient sur le book mais que je n'avais pas avec moi, je ne pouvais pas laisser les toiles en exposition sans être sur place etc...
Donc, oui c'est beaucoup plus facile à partir du moment où on reste sur place! (rires).
En ce moment avec Madrissim'Art, j'ai l'impression de faire mon chemin à l'envers, je sais comment ça marche, mais en même temps je veux faire les choses par étapes. Je ne veux pas vendre pour vendre, j'essaie de créer quelque chose derrière, de construire.
Si on veut en vivre sur le long terme, que ce soit pour moi ou pour les artistes, il y a tout un travail à faire, et ça je ne veux et ne peux pas y couper.
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A l'inverse, comment les afro-caribéens eux-mêmes accueillent-ils vos artistes: les apprécient-ils et au final achètent-ils leurs oeuvres?
Le problème justement de la communauté afro-caribéenne, c'est l'information. Un métropolitain s'il a envie de voir quelque chose il va y aller. L'afro-caribéen il faut un peu le prendre par la main, il faut être un peu maternel. Il faut vraiment leur donner l'info et les inciter à venir. Une fois qu'ils sont là il n'y a plus aucun problème, ils vont adorer, ils vont acheter, ils vont être d'un soutien vraiment efficace... mais une fois qu'ils sont là.
Tout le problème est de les faire venir! (rires)
L'exposition précédente "Un triangle, une route, une expression plurielle" fait partie d'un "tryptique" d'expositions dont la seconde sera au Sénégal, pouvez-vous parler de ce "tryptique" à nos internautes?
"Un triangle, une route, une expression plurielle", J'ai monté cette exposition pour que les gens arrivent à travers l'art à percevoir l'identité caribéenne, sachant qu'elle est basée sur les trois pôles du commerce triangulaire, à savoir, l'Afrique, la Caraïbe et l'Europe.
En invitant des artistes issus des trois pôles j'ai voulu rendre une image visuelle de ce qu'est un caribéen aujourd'hui.
Je trouvais que prolonger le concept de façon spatiale ne pouvait que contribuer à une meilleure compréhension de cette identité plurielle. C’est pourquoi l'exposition s'est déroulée en Europe cette année, et continuera son parcours en passant par l'Afrique en arrivant à la Caraïbe pour la naissance d'un être nouveau, qui est le Caribéen.
Gagne-t-on bien sa vie en faisant ce que vous faites?
On peut toujours tout vendre. Le tout est de faire attention à quel prix on vend .
On peut également toujours en vivre, mais le tout est de savoir si vous voulez en vivre toute votre vie, ce qui est mon cas. Alors oui, en prenant tous ces éléments en compte c'est plus difficile, mais plus rentable à long terme. |
C'est comme si je construisais une maison avec de bons matériaux qui m'assureront du bon état de ma maison à travers les années. Je n'ai pas choisi ce métier pour me faire de l'argent illico presto, ce n'est pas possible. Il faut savoir que les bons agents artistiques commencent à être efficaces à l'âge de 40-50 ans. Moi j'ai trouvé une solution un peu plus rapide en organisant des expositions pour accélérer le mouvement, mais nous n'avons effectuer de ventes qu'au bout de la troisième exposition , donc il faut de toutes manières être patient.
Donc pour répondre à votre question, on peut en vivre, je commence à en vivre et j'en vivrai de toutes façons ! (rires)
Quelle est la prochaine étape pour Madrissim'art, et en particulier, que vous voyez-vous faire dans 5 ans?
Pour 2004 il y a énormément de choses pour Madrissim'Art.
Des expositions personnelles. Je pense particulièrement à Christophe Mert , originaire de la Martinique, et à Kaphéine qui est vraiment le coup de cœur de l'exposition permanente et que vos internautes connaissent déjà d'ailleurs, ainsi que deux autres artistes.
Et surtout un bel événement pour Octobre 2004, avec un clin d’œil aux sportifs. Je compte organiser une exposition sur le thème du sport, en honneur à tous les sportifs d'origine africaine ou caribéenne.
Et vous dans 5 ans?
Moi dans 5 ans, ça c'est sûr je ne suis plus en France, étant donné que en 2005, maximum 2006 je m'installe aux Etats-Unis où je compte ouvrir une galerie d'arts. Je serai donc toujours dans l'art, toujours entourée d'artistes, et j'en vivrai! (rires)
Comment vous contacter?
Les internautes peuvent consulter le site internet de Madrissim'Art, http://www.madrissimart.com, ou m'envoyer un mail à sandra.venite@9online.fr
Nous vous remercions |
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