|
 |
  |
Les années prépa |
 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
Régis Cornélie pendant sa prépa à "Ginette" en 1992
|
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

grioo.com: Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos internautes?
Je m’appelle Régis Cornélie, et je suis Français, Français des Antilles ! Je suis né en Guadeloupe en 1975, et j’y ai grandi jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. J’ai ensuite rejoint la région parisienne pour poursuivre mes études secondaires.
Vous faites vos études secondaires aux Antilles, et rejoignez « la métropole » comme disent certains pour y effectuer une prépa HEC. Avez-vous ressenti une différence de rythme significative suite à ce changement, ou l’adaptation s’est-elle passée sans problème ?
Le rythme d’une prépa n’a rien à voir avec celui du lycée. En prépa j’ai eu l’impression que par comparaison, je n’avais jamais vraiment travaillé auparavant. Il y a donc eu une vraie rupture pour moi entre le lycée et la prépa. Mais je ne l’ai pas perçue comme une rupture entre la scolarité aux Antilles et la scolarité en métropole. Et de fait, mis à part l’histoire et la géographie, je n’ai pas ressenti de décalage de niveau entre mes camarades métropolitains et moi même. J’avais un copain qui venait du même lycée que moi en Guadeloupe et qui se retrouvait dans le même lycée que moi en prépa, qui pour sa part s’en sortait très bien.
Par contre, j’ai ressenti à Paris une forte différence de rythme avec la Guadeloupe dans l’activité économique. Les gens pressés dans le métro, les commerces ouverts plus longtemps et brassant plus de monde. Tout cela était assez frappant pour moi.
1994, vous intégrez la prestigieuse école HEC. Votre ressenti 9 ans plus tard sur les classes préparatoires, ce moment probablement particulier de votre vie ?
Comme beaucoup de gens qui sont passés par le lycée Sainte Geneviève, « Ginette », pour leur prépa, j’en garde un excellent souvenir. Les années de prépa sont celles où l’on découvre un nouveau monde, avec d’autant plus de brutalité que l’on vient de loin. Ce sont des années où l’on se forge le caractère que l’on aura à l’âge adulte. Les années de prépa à Ginette m’ont beaucoup plus marqué que les années à HEC. L’expérience Ginette constitue un apport plus fondamental pour la façon de voir la vie et l’établissement de nouveaux liens loin de ma terre natale.
|
|
 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
Régis intégrera HEC au terme de sa prépa
|
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

Etiez-vous parfaitement « intégré » durant ces années prépa, ou vous est-il arrivé d’être victime du racisme ?
La vie à Ginette était semblable à la vie dans un village où l’on avait rassemblé 700 jeunes venant d’un peu partout, de la province et de l’étranger. Il y avait aussi des parisiens et des versaillais, mais nous étions tous sur un pied d’égalité. Même les versaillais étaient à l’internat. Etre confronté à des gens venant d’horizons aussi divers permet d’avoir une certaine ouverture d’esprit. La loi du concours et le principe de méritocratie évitent de se racrocher à des considérations d’exclusion de l’autre non fondées. Je n’ai pas du tout souffert de racisme dans le milieu de la prépa. J’avais mon rôle au sein du lycée au même titre que les autres élèves, et j’ai même été désigné la deuxième année comme représentant des élèves de prépa HEC au Conseil de Perfectionnement de l’école.
Dans ces conditions, le racisme dont j’ai pu faire l’expérience hors du milieu de la prépa était d’autant plus surprenant et blessant. Il était le fait de petites gens ordinaires, dans la vie de tous les jours. Il m’est arrivé de le subir de la part de chauffeurs de taxis, ou de commerçants quelconques. Mais Ginette était mon cadre de vie principal et limitait mon exposition au racisme.
Vous avez brillamment tordu le cou du mythe de l’antillais sans ambition, et qui terminera sa carrière à La Poste ou à la RATP. Qu’avez-vous à dire à ceux qui tiennent ces propos stupides ?
Les Antillais qui ont migré en métropole vers les années 1960 ont pour beaucoup fait carrière dans le secteur hospitalier, à la Poste, la RATP et d’autres administrations publiques. Je pense que c’est tout simplement parce que ces filières recrutent sur concours administratif. Des antillais arrivant en métropole à cette époque avaient certainement plus de facilité à être recrutés par des processus anonymes et égalitaires que par des entretiens en face à face dans le secteur privé. Aujourd’hui, je pense que la population française, ou du moins parisienne, est déjà plus habituée à la présence des noirs en son sein, et que les noirs ont par conséquent un accès plus facile à l’emploi. Ils peuvent dans une plus large mesure trouver du travail hors de l’administration.
D’autre part, Paris jouit d’une meilleure information sur les rouages du système scolaire et de l’ascenseur social que la province, les DOM TOM l’étranger. Par conséquent, les élèves antillais n’ont pas toujours été aussi bien orientés que les élèves parisiens. Au moment où j’ai décidé de faire une prépa HEC, beaucoup de personnes en Guadeloupe pensaient encore que tous les bons élèves doivent faire Math Sup, alors qu’on sait à Paris que les filières d’excellence sont multiples.
|
CLInvest/ Crédit Lyonnais, fusion et acquisitions |

Vous quittez JobSesame pour un groupe plus connu, plus grand, a priori plus solide. Pouvez-vous nous décrire vos motivations à partir de JobSesame pour le Crédit Lyonnais ?
Dès le mois de juillet 1997 je m’étais engagé à travailler pour le Crédit Lyonnais en fusions & acquisitions à New York. Il était prévu dès l’origine que je participe au lancement de JOBSESAME puis que je poursuive ma propre voie.
Vous travaillez à New York, puis à Paris. Pouvez-vous nous décrire vos activités ?
A New York j’ai d’abord occupé le poste d’analyste en fusions & acquisitions. Je réalisais tout le travail de base du métier en effectuant des recherches et des analyses financières de sociétés à vendre/acheter. J’ai appris les différentes méthodes de valorisation d’entreprise, et les différents usages de communication dans le monde de la banque d’affaires anglo-saxonne. Au moment de quitter New York pour continuer le métier à Paris, j’étais parvenu au grade d’associate. J’étais alors plus autonome dans mon travail. Sous la responsabilité directe d’un Vice President je devais assumer la conduite de processus complets de cession d’entreprise ou de présentation d’offre pour une acquisition.
Quelles satisfactions avez-vous retirées de cette période de votre carrière ?
New York est une ville unique, exceptionnelle. Apprendre le métier de la banque d’affaires dans un tel contexte est une expérience très excitante. A Paris j’ai participé à des opérations de taille significative. C’était à la fois un peu grisant et en même temps trsè instructif de voir le monde des affaires à travers le prisme des fusions & acquisitions.
|

Quels éléments vous ont laissé des souvenirs moins positifs ?
Le retour à Paris fut par certains aspects un peu difficile. Il a fallu s’habituer à des modes de travail un peu moins directs. Mais j’ai pu jouir de l’autonomie que j’avais acquise à New York, car j’ai eu la chance de travailler avec le même supérieur hiérarchique à New York et à Paris.
Vous avez connu le monde du travail anglo-saxon, ainsi que le monde français. Quelles différences majeures avez-vous observées ?
La communication semble plus directe et plus simple dans le contexte anglo-saxon. Le contexte français semble beaucoup plus marqué par l’importance des jeux politiques. Cela donne parfois une impression de gaspillage d’énergie. D’autre part, d’après mon expérience les anglo-saxons établissent une distinction plus nette entre leur travail et leur vie privée. Dans la journée ils vont travailler sans relâche, quitte à déjeuner à leur bureau s’il le faut, et partiront relativement tôt le soir afin de rejoindre leur famille. En caricaturant, je décrirai le cadre français comme trainant la journée à la machine à café et au téléphone, et se plaignant le soir de devoir rentrer tard chez lui. Il y a une sorte de snobisme à travailler tard en France qui est parfois un peu irritant.
D’ordinaire, ceux qui travaillent aux Etats-Unis éprouvent les pires difficultés à revenir sur le « Vieux Continent ». Comment expliquez-vous votre retour ?
Je suis revenu pour des raisons personnelles. Je n’exclue pas de repartir.
|
The BCG: Boston Consulting Group |
 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
The Boston Consulting Group
|
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

Mai 2001, vous intégrez le prestigieux BCG. Pouvez-vous décrire votre rôle ?
Il y a au BCG trois grands groupes de ‘professionnels’ :
-les associés du cabinet, qui vendent les missions,
-les chefs de projet, qui gèrent le déroulement des missions,
-les consultants, qui travaillent en étant coordonnés par les chefs de projet.
Je fais partie des consultants.
Combien de personnes managez-vous et comment décririez-vous vos rapports ?
Je ne manage personne. Sur chaque nouvelle mission, je suis placé avec d’autres consultants sous la responsabilité d’un chef de projet différent. Chaque consultant est relativement autonome dans l’organisation de son module de travail.
Quelle est l’ambiance générale de votre entreprise ?
En prenant ses habitudes, on perd le recul nécessaire pour décrire le fonctionnement de l’entreprise. Quand je suis arrivé au BCG j’étais frappé par la facilité des rapports entre tous, quels que soient les niveaux hiérarchiques. Les gens sont très cordiaux, et tout le monde se connaît plus ou moins. L’ambiance est très studieuse, bien évidemment, mais les contacts sont vraiment faciles.
Quelle place y jouent les noirs ?
Les critères de recrutement sont transparents, et des gens de tous les horizons sont recrutés dans l’entreprise. Tous les groupes ethniques sont représentés. Ceci dit, la diversité semble plus affirmée dans les bureaux américains qu’à Paris. Il s’agit là d’un simple reflet du milieu économique.
Etes-vous satisfait de votre évolution depuis votre entrée dans la société ?
Le système d’évolution au BCG est très cadré. Chacun reçoit des ‘feedbacks’ à la fois de ses supérieurs et de ses subordonnés. Ce sont ces feedbacks qui déterminent l’évolution dans la société, selon les mêmes critères pour tout le monde. Je suis donc soumis aux mêmes règles d’évolution que les autres.
|

Votre évolution salariale vous semble-t-elle identique à celle des membres d’autres communauté ?
Le système de rémunération au BCG est très transparent et ne permet pas de faire de la discrimination. Il n’y a pas de différence entre moi et mes pairs en termes de rémunération et de responsabilités.
Quelle est votre fourchette de rémunération actuelle ?
Suffisamment pour être content
Que vous voyez-vous faire dans 5 ans ?
Un artiste dont j’ai oublié le nom disait « If you know what you’re going to do, what’s the point of doing it ? »
Comment vous contacter ?
cornelie.regis@bcg.com
Un conseil à donner aux plus jeunes qui aimeraient suivre votre exemple ?
Pour obtenir ce que l’on veut il n’y a pas de miracle, il n’y a que le travail et la conviction. Il faut à la fois accomplir sa tâche et ne pas douter de son succès. Mais par dessus tout, il faut avoir choisi soi-même son orientation. Pour avoir l’énergie d’accomplir sa tâche et ne pas douter de son succès, il faut être sûr de suivre sa propre voie et non pas un chemin indiqué par d’autres.
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
|
|
Donnez
votre opinion ou lisez les 4 réaction(s) déjà écrites
Version
imprimable de l'article
Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
Facebook
Google
Yahoo
Digg
Delicious
|
|
|
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Top |
|
|
|
|
|
|
  |
 |
|
|