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Pouvez-vous présenter à nos internautes?
Je m’appelle Henri Serge Job. J’ai 33 ans. Je suis originaire du Cameroun et je fais actuellement un MBA à la Wharton School de l’Universite de Pennsylvanie.
Camerounais d'origine, vous effectuez vos études universitaires en Allemagne dont vous sortez diplômé en génie civil et en informatique. Qu'est-ce qui a motivé votre choix pour l'Allemagne et ces deux disciplines fort différentes?
Agé de 16 ans quand j’ai passé mon bac, je n’avais vraiment pas developpé une quelconque passion pour un métier. Sous l’impulsion de ma mère et un peu par admiration pour un de mes oncles, j’ai opté, après le bac, pour des études d’ingénieur de ponts et chaussees. Quant à l’informatique, j’ai été admis dans un projet pilote dont le but était d’introduire certains étudiants aux nouvelles technologies, paralèllement à leur cursus principal. J’étais à l’epoque fasciné par la puissance des outils informatiques. Ils étaient à mes yeux une opportunité pour nos pays de refaire le retard qu’ils accusaient sur le reste du monde. Pour ce qui est du pays, j’aurais prefere la France a l’Allemagne de l’Est, mais pour des raisions financières, j’ai dû accepter une bourse d’étude du gouvernement Camerounais. En rétrospective, l’apprentissage d’une nouvelle langue, l’expérience du systeme communiste et des vagues de racisme du debut des annees 90 en Allemagne ont énormement contribué à mon endurance.
Vous commencez votre carrière comme informaticien, aux Etats-Unis, d'abord comme développeur/analyste puis comme consultant. Pouvez-vous décrire cette étape de votre "parcours" en termes de missions et de ce qu'elle vous a apporté?
Aux Etats-Unis, j’ai commencé par le dévelopement de logiciels pour Intelligent Systems Inc., une structure d’une vingtaine de personnes. Etant donné les ressources limitées dont la société disposait, très vite je suis devenu responsable de la programmation de plusieurs logiciels. |
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National Institute of Health, MCI, Fannie Mae quelques sociétés pour lesquelles Henri Job a travaillé
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Cette structure m’a permis d’acquérir rapidement une maîtrise des outils de programmation classiques tels que C++, Visual Basic,etc…Je crois qu’en debut de carriere, particulierement dans le cas de l’informatique, commencer par une petite structure peut s’avérer très avantageux. La rémuneration n’est pas fameuse, le nombre d’heures de travail est monstre, dans mon cas, 95 heures en moyenne par semaine, mais en fin de compte, on apprend beaucoup de choses et on assume des responsabilites considérables en temps record. Au bout de 2 ans, j’ai decidé de devenir consultant afin de déveloper des compétences dans le domaine de la gestion des bases de données et l’architecture des systèmes. J’ai travaillé sur des projets pour le National Institut of Health, MCI, Fannie Mae, etc…
Progressivement, j’ai assumé le rôle de leader au sein des groupes avec lesquels je travaillais. Cette expérience m’a permis d’acquérir une bonne vision d’ensemble des projets complexes.
Vous changez ensuite de société pour devenir chef de projet technique. Pouvez-vous décrire à quelles responsabilités cela correspondait, combien de personnes vous managiez et quels résultats vous avez obtenus?
Ayant développé un logiciel d’évaluation des risques financiers posés par les partenaires de Fannie Mae, la division de la gestion des risques m’a proposé le poste de chef de projet technique. Fannie Mae, pour ceux qui ne le savent pas, est une société qui finance les hypothèques aux Etats-Unis. Elle rachète les hypothèques aux banques et émet des titres obligataires sur plusieurs marchés financiers. Elle détient un porte-feuille d’hypothèques d’une valeur de 900 Milliards de dollars. En tant que chef de projet technique, j’étais responsable d’une équipe d’une douzaine d’analystes programmeurs, d’architectes de systèmes et spécialistes de base de données dont le rôle était de déveloper et d’entretenir les logiciels permettant l’évaluation des hypothèques. J’étais également responsable de l’articulation d’une stratégie informatique à long-terme pour la division. En 4 ans, mon équipe a entre autres contribué à une réduction de la faillite des hypothèques de 3% en concevant des logiciels capables d’identifier des fraudes et rejeter les crédits non-conformes à certaines conditions requises par Fannie Mae. La réalisation dont nous sommes le plus fiers, c’est l’initiation d’un projet qui a permis de démontrer, chiffres à l’appui, en utilisant un outil de « data mining » (NDLR: outils d'analyse de volumes de données gigantesques), que certains groupes tels que les hispaniques, les nouveaux immigrants, malgre des indicateurs de solvabilité faibles, ne faisaient pas plus faillite que d’autres Americains ayant des indicateurs plus elevés. Fannie Mae a fait des ajustements sur le mode d’évaluation de la solvabilité des ces groupes et aujourd'hui plusieurs de leurs resortissants en beneficient. |

A ce point de votre carrière estimiez-vous votre évolution conforme à ce qu'elle aurait été, tant en salaire qu'en responsabilité à ce qu'elle aurait pu être si vous aviez été d'une autre origine?
Certes, mon évolution aurait été différente si j’avais été d’une autre origine, mais je refuse de m’attarder là dessus. De par nos origines, nous sommes souvent à nos debuts contraints à travailler beaucoup plus dur que d’autres pour réussir. Les futures générations auront peut-être la tâche plus facile, mais aujourd'hui, c’est le prix à payer et il faut l’accepter. Par contre, il faut constamment chercher des moyens de se défaire de ces restrictions. Dans mon cas, la mobilite, et le choix des domaines de compétences, m’ont progessivement permis de negocier en position de force. Pour d’autres, travailler à son propre compte est la solution. L’essentiel est de ne pas accepter cet état de choses comme une fatalité.
Est-il exact que vous avez connu la cuisine du McDonald... comme employé à votre arrivée aux Etats-Unis? Pourquoi avoir quitté l'Europe pour une situation précaire au début, et qu'en avez-vous retiré comme enseignements?
Eh oui. J’ai bel et bien connu la cuisine du McDonald et mon arrivée aux Etats-Unis. Il fallait pouvoir se mettre quelque chose sous la dent en attendant une offre dans mon domaine de compétence. Si j’ai decidé de me lancer à l’aventure Americaine malgré une offre d’emploi que j’avais en Allemagne, c’est pour la simple raison qu’à cette epoque, je ne me rappelais pas avoir très souvent vu en Europe, que ce soit a la télé ou dans les journaux, des noirs s’étant imposés à un tres haut niveau en dehors du sport. Il était pour moi hors de question d’accepter ces restrictions. Les débuts ont été certes difficiles, mais je ne regrette pas cette decision. Il ne faut jamais laisser la peur de l’echec conditionner les choix qu’on fait, surtout sur le plan professionnel. Il faut avoir le courage de suivre ses ambitions.
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Henri a connu les cuisines du McDo à son arrivée aux Etats-Unis
©
mcdonalds.fr |
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Qu'est-ce qui vous motive ensuite à faire un MBA, et comment/pourquoi avez-vous choisi l'Université de Wharton?
J’ai decidé de faire un MBA afin d’élargir mes horizons. Il était important, à ce stade de mon évolution, d’acquérir des connaissances en finance, gestion d’entreprise, stratégie, etc...
Mon choix s’est porté sur Wharton pour plusieurs raisons.
Premièrement, elle dispose d’un reseau d’anciens étudiants très actifs et influents sur les 5 continents, à l’instar du Chairman du Corporate Council on Africa, Frank Fountain, du Chairman de Fuji Xerox, Yotara Kobayashi, du milliardaire Donald Trump, etc...
Deuxiemement, n’ayant pas fait de la finance au prealable, je recherchais une institution offrant une formation tres rigoureuse dans ce domaine.
Troisiemement, par ce qu’elle figurait en tete de plusieurs classements de Business School parmi lesquels celui du Financial Times et du Wall Street Journal.
Dans le cadre de votre MBA, vous avez effectué un stage au Douala Stock Exchange. Quelles étaient vos attributions, et qu'avez-vous retiré de cette expérience?
Dans le cadre de mon MBA, j’ai choisi d’aller au Cameroun dans m’imprégner des réalités du mon des affaires. Mon rôle durant ce stage était d’évaluer le fonctionnement de trois des institutions - Commission des Marchés Financiers, Douala Stock Exchange, Dépositaire Central - qui constituent le marché financier et de présenter un rapport au Président de la Commission des Marchés Financiers.
J’ai travaillé avec des gens brillants et j’espere qu’ils bénéficieront d’une volonté politique afin de mener à bien leur tâche. Les multiples entretiens que j’ai eus avec des chefs d’entreprises ont devoilé d’innombrables opportunités mais aussi des challenges.
Aujourdhui, ce qui vient très souvent à l’esprit des jeunes qui veulent investir dans nos pays, c’est l’introduction des nouvelles technologies (Internet, Voix sur IP, etc...), mais il ne faut pas oublier que certains secteurs tels que l’alimentation, l’énergie ont permis la creation d’énormes fortunes et sont toujours très rentables. |

Que fait Henri Job dans 5 ans? A son compte? Dans une multinaionale? En Afrique? En Occident?
Dans 5 ans, je devrais être de retour en Afrique et probablement travailler à mon compte. Je vais essayer d’exploiter certaines opportunités que j’ai identifiées. J’aimerais attirer l’attention de ceux qui sont sceptiques sur l’interet croissant des multinationales pour l’Afrique et le succès des groupes Sud-Africains sur notre continent. Le risque politique a souvent été evoque comme principale crainte. Je crois que ceux qui reussissent l’integrent dans leur stratégies.
Quel conseil donneriez-vous à ceux qui souhaiteraient vous imiter?
Mon parcours n’a vraiment rien d’exceptionel. Mais s’il y a des leçons à en tirer, ce sont la perséverance et courage. Il faut également avoir un plan à long-terme, constamment évaluer le chemin parcouru et faire les ajustements nécessaires.
Comment vous contacter?
Mon adresse e-mail est la suivante : Henri.Job.wg04@wharton.upenn.edu
Par la même occasion, j’encourage ceux qui seraient intéressés par un MBA à Wharton ou aux Etats-Unis en général à me contacter. Je suis impliqué dans un effort qui vise à accroître le nombre d’étudiants d’Afrique et des Caraîbes admis chaque année à Wharton.
Je suis disposé à discuter de toutes les questions y compris celles relatives au GMAT et au financement.
Nous vous remerçions pour vos réponses et pour la disponibilité que vous offrez aux grioonautes |
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