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Au début de son livre, "En quête d’Afrique", Manthia Diawara, professeur de littérature et de cinéma à New-York (Columbia) raconte la réaction d’un groupe d’étudiants à l’introduction du livre de Jean-Paul Sartre au cours "Introduction au panafricanisme".
Ouvrant son cours sur le livre de WEB Dubois "le monde et l’Afrique" (The World & Africa), (Du Bois fut un intellectuel afro-américain influent et un panafricaniste, voir la rubrique "Hommes illustres") Diawara se rendit compte que les réactions des étudiants au livre de Du Bois étaient agressives.
Un étudiant remis en cause l’idée même de panafricanisme en disant que "les africains étaient très différents d’un bout à l’autre du vaste continent et que les afro-américains comme les américains blancs étaient totalement ignorants des réalités africaines". Un autre accusa Du Bois et les autres panafricains de nourrir les mêmes intentions coloniales que les blancs, ajoutant que "la race ne devait pas être utilisée pour justifier le paternalisme et l’élitisme des Africains-américains et des Antillais en Afrique".
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Pour Diawara, les idées de Du Bois sur l’unité raciale sont particulièrement intéressantes si elles sont étudiées avec d’autres théories raciales et remises en perspective temporelle et spatiale avec elles : ces autres théories sont le nationalisme, la négritude, le mouvement afrocentriste, la thèse sartrienne du racisme antiraciste comme point de départ pour combattre le colonialisme et le paternalisme.
Diawara voulait savoir ce qu’il adviendrait de l’idée centrale de panafricanisme si elle était enseignée comme participant de l’histoire d’idées souvent contradictoires et pas seulement comme une succession d’événements et de figures historiques.
Le texte de Sartre "Orphée Noir" avait été écrit comme préface à "l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de la langue française", parue en 1948 sous la direction de Leopold Sedar Senghor. C’est l’essai le plus célèbre sur le mouvement de la négritude définissant notamment le concept pour le public occidental.
D’après Diawara, "Orphée Noir" a servi de révélations idéologiques traversant son groupe d’étudiants. Certains se sentaient galvanisés par l’appel de Sartre à une lutte commune au nom de l’humanisme universel alors que d’autre pensaient que ce mouvement vers l’universel vidait de sa substance la lutte noire, c’est à dire que Sartre diluait la signification de la négritude.
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Le dernier jour de son cours, Diawara repris le sujet de "l’Orphée noir" de Sartre et demanda aux étudiants s’ils pensaient que cette œuvre avait sa place dans un cours sur le panafricanisme. Le débat fut aussi animé qu’au premier jour car la plupart des étudiants n’avaient pas changé de position, mais ils étaient devenus moins hostiles.
Cependant, au milieu du débat, une étudiante avoua qu’elle avait choisi le cours en raison du nom de Diawara qui "faisait" africain. "Tous les autres cours sur les Noirs et l’Afrique étaient enseignés par des professeurs blancs" dit-elle. Elle ne leur faisait pas confiance et avait voulu étudier avec un véritable africain pour voir. "et alors" demanda Diawara avec une pointe d’agacement. L’étudiante répondit : "Oh maintenant je comprends que les Blancs ne sont pas tous identiques. Avec plus de professeurs noirs comme vous, je ne ressens plus de méfiance vis-à-vis des professeurs blancs et de leur connaissance de l’Afrique. Je suis contente que vous nous ayez fait lire Sartre".
D'après Manthia Diawara, En quête d'Afrique, Editions Présence Africaine
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